Différences entre les versions de « Noms collectifs »

De Arbres
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== Morphologie ==
== Morphologie ==


Les noms collectifs ont parfois une morphologie dédiée, comme les suffixes ''[[-ien, ion (N. coll.)|-ien, -ion]]'', ''[[-en (N. coll.)|-en]]'' et ''[[-ez (N. coll.)|-ez]]''.
Les noms collectifs ont parfois une morphologie dédiée, comme les suffixes ''[[-ien, -ion (N. coll.)|-ien, -ion]]'', ''[[-en (N. coll.)|-en]]'' et ''[[-ez (N. coll.)|-ez]]''.





Version du 18 avril 2014 à 11:08

Les noms collectifs sont une sorte particulière de nom comptable.

Sémantiquement, ils réfèrent à des entités collectives composées d'entités comptables.


(1) Er poull-ze e tlee bezañ chevr.
dans.le mare- R doit être crevettes
'Dans cette mare-là il doit y avoir des crevettes.' Trégorrois, Gros (1984:321)


 Quelques exemples de noms collectifs en breton:
 : buzug, 'vers de terre', carte 47 de l'ALBB
 : gwenan, 'abeilles', carte 291
 : gwez, stered, logod, mouar, sivi, moc'h, dilhad, foen... (Kervella 1947:§336)
 : bili, gwer, kelien, merien, nez, stered...... (Acquaviva 2008:257)


Morphologie

Les noms collectifs ont parfois une morphologie dédiée, comme les suffixes -ien, -ion, -en et -ez.


genre

Selon Irslinger (2014:95), les noms collectifs bretons sont masculins. La suffixation en -enn le cas échéant leur transmet le genre féminin.

Propriétés syntaxiques

syntaxiquement pluriels

Les noms collectifs ne portent pas en breton de morphologie plurielle (Kervella 1947:§336, Anderson 1986).

Ils sont cependant sémantiquement et syntaxiquement pluriels et déclenchent en conséquence l’accord verbal pluriel (Stump 1989:264).

Un nom collectif est communément repris par une anaphore plurielle (1).


(1) Dastumit an dreog ha grit hordennoù anezho da zeviñ.
collectez le ivraie et faites fagots P.eux à brûler
'Ramassez l'ivraie et faites-en des fagots à brûler.'
KAV. (1909:77), cité dans Le Gléau (1973:48)


(2) Honnez, hag e ve leiz an daol a aour, na fiñvo ket anezho.
celle.ci et R est plein le table de or ne bougera pas P.eux
'Celle-là, y-eût-il plein la table d'or, n'y touchera pas.' Trégorrois, Gros (1970b:§'leiz')


(3) Aze a zo geot a-walh, med ar re-ze a zo geot pud.
ici R y.a herbe assez mais le ceux-ci R est herbe âcre
'Là, il y a assez d'herbe, mais celle-là est une herbe âcre.'
Trégorrois, Gros (1970b:§pud')


Dans une construction du faux sujet, un nom collectif co-réfère avec un pronom pluriel (2).


(3) Ar chatal, dalc'het e pad an deiz er c'hreier, a vez laosket en o frankiz.
le bétail gardé pendant le jour dans.le crèches R est laissé en leur liberté
'Les bestiaux, tout le jour retenus dans la crèche, vont errer librement.' Le Bozec (1933:82)


(4) Setu aman ar moc'h bihan , a glaskan gwerza o mamm.
voici ici le cochon petit R cherche vendre leur mère
'Voici les petits cochons dont je cherche à vendre la mère.' Le Bozec (1933:134)


Un collectif, comme tout nom pluriel, déclenche l'accord pluriel lorsqu'il est devant la négation.


(5) He dilhad ne oant tamm ebet henvel ouz ar re a weler gant itronezed vras an douar-man.
son habits ne étaient morceau aucun pareil à le ceux R voit.IMP avec dames grande le terre-ci
'Ses habits n'étaient pas du tout semblables à ceux qu'on voit aux grandes dames sur cette terre.' Perrot (1912:54)


(6) an arhant-se n'int ket deoh; bez ez int? Daoust m'emaint ganeoh.
le argent- ne sont pas à.vous être R sont malgré que sont avec.vous
'Cet argent ne vous appartient pas, n'est-ce pas? Bien que vous l'ayez (sur vous).'
Cornouaillais (bigouden), Bijer (2003:17).


En français ou en anglais, les noms collectifs sont syntaxiquement singuliers.

une foule, un comité, une horde, un groupe, un tas, un million, une infinité, la clientèle, le personnel…

Il est rare, mais récurrent à travers les langues, que les noms collectifs singuliers puissent déclencher un accord pluriel.

une horde de chevaux ont envahi la place.


Selon Acquaviva (2008:257, ang), dans les langues comme le breton où il existe une opposition collectif–singulatif, le terme 'collectif' réfère à des formes de noms qui sont syntaxiquement et morphologiquement pluriels.

illicite avec le quantifieur négatif ebet

Kervella (1947:§487,II) note que l'usage d'un nom massique ou collectif avec le quantifieur négatif 'ebet' est agrammatical sans l'usage de tamm, 'morceau' ou banne, 'verre'.

n'eus *(tamm) frouezh ebet

sélectionnés par e-leizh (a)

Un quantifieur prénominal comme e-leizh (a), 'beaucoup (de)', impose la sélection d'un nom ou pluriel ou collectif.

Sémantique

  • un nom collectif, comme un nom massique, réfère de façon cumulative:
prenons le terme frouezh, 'fruit', il peut référer à la somme de ses référents:
frouezh+frouezh=frouezh
  • un collectif, comme un nom massique, réfère de façon distributive:
prenons le terme frouezh, 'fruit', il peut référer à une sous-partie de ses référents:
frouezh divisé par 3 = frouezh


Selon Irslinger 2014:95), les collectifs dénotent des entités d'items similaires qui apparaissent normalement en groupes, comme des plantes, des grains, des insectes et petits animaux. Selon elle, les noms collectifs incluent aussi des noms dénotant des substances conçues comme massiques.

Diachronie

Certains noms collectifs viennent d'anciens pluriels (Irslinger 2014:95), comme le suffixe -ien, -ion.

A ne pas confondre

Les noms collectifs ne doivent pas être confondus avec les noms massiques.

Ces derniers ne déclenchent pas l'accord pluriel en breton, et changent de lecture avec un singulatif.

Terminologie

En breton, le nom collectif est nommé, de façon transparente, anv-stroll.

Dans les grammaires descriptives, un nom dit "collectif" peut être associé à différentes entités très différentes.

Bibliographie

  • Anderson, S. R. 1986. ‘Disjunctive Ordering in Disjunctive Morphology’, Natural Language and Linguistic Theory 4 :1-31.
  • Kersulec, P-Y. 2011. 'Les noms en –erezh à référence collective : esquisse de classement', Nelly Blanchard, Ronan Calvez, Yves Le Berre, Daniel Le Bris, Jean Le Dû, Mannaig Thomas (dir.), La Bretagne Linguistique 15, CRBC.
  • Levin, Magnus. 2001. 'Agreement with Collective Nouns in English', Lund Studies in English 103. Stockholm: Almqvist & Wiksell.
  • Stump, G. T. 1989. 'A note on Breton pluralization and the Elsewhere Condition', Natural Language and Linguistic Theory, 7:261-273.