Différences entre les versions de « Négation explétive »

De Arbres
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| (6)|| Pegen glac'haret, evel ouzout, '''na''' oa '''ket''' mamm hennezh!
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| || [[pegen|combien]] affligée, [[evel|comme]] [[gouzout|sais]], [[ne]] [[COP|était]] [[ket|pas]] mère [[DEM|celui.ci]]   
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| || colspan="4" | 'Quelle n'était (pas) l'affliction de sa mère!'||||''Trégorrois'', [[Gros (1984)|Gros (1984]]:95)
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Version du 19 février 2019 à 09:59

Il existe à travers les langues des contextes où un élément négatif explétif est possible, voire syntaxiquement obligatoire, sans que cela n'affecte l'interprétation.


(1) Kaoziou nemet kaoziou na n'int.
paroles seulement paroles ne ne1'sont
'Les paroles ne sont jamais que des paroles.' Trégorrois, Gros (1989:'kaoz')


La négation est alors dite explétive puisqu'elle n'a pas d'impact sur l'interface sémantique. Il existe plusieurs contextes en breton où la négation est explétive.


Syntaxe

En breton, qui obéit au système de la concordance négative, les marques de négation peuvent être sémantiquement vides dès qu'une autre marque de négation est réalisée dans la phrase. Les cas de négation explétive doivent être observés dans les contextes où aucune autre marque de négation n'est réalisée.


contextes d'observation

'n'être que', 'être seulement'

(2) An dour na vo nemet tommoc'h a ze.
le eau ne.R sera seulement chaude.plus de ça
'L'eau n'en sera que plus chaude' Tréguier, Leclerc (1986:130)


comparatives

Ne est explétif dans certaines structures comparatives.


(3) Met al labour n'eo eno heñvel ouzh netra.
mais le travail ne est y pareil à NEG.chose
'Mais là, le travail (ne) ressemble à rien.', Standard, Ar Barzhig (1976:32)


(4) Goest omp d'ober muioc'h a vad eget ne zonjomp.
capable sommes de'faire plus de1 bien que ne1 pensons
'Nous sommes capables de faire plus de bien que nous (ne) le pensons.' Buhez ar Zent, p.236


exclamatives

La négation bipartite bretonne ne... ket est aussi entièrement explétive dans les exclamatives comme en (6).


(6) Pegen glac'haret, evel ouzout, na oa ket mamm hennezh!
combien affligée, comme sais, ne était pas mère celui.ci
'Quelle n'était (pas) l'affliction de sa mère!' Trégorrois, Gros (1984:95)


La négation bipartite ne... pas n'est pas non plus calculée en français dans les exclamatives telles que "quelle ne fut pas sa joie!" (Stendahl, La chartreuse de Parme p.302).


Il est rare à travers les langues d'avoir deux éléments de la négation qui aient une version explétive. Hors les cas des exclamatives, où ket apparaît avec ne, il n'y a pas de cas de phrases avec ket qui n'aient pas de sens négatif.


ken na...

Press (1986:209) signale que dans ken na, 'jusqu'à', la négation n'est pas calculée sémantiquement.


(1) N'oa ket droed da douch ken na vehe-heñv marv.
Ne1'avait pas droit de1 toucher jusqu.à que serait-lui mort
'Il n'avait pas le droit de toucher avant qu'il ne meure.' Le Scorff, Ar Borgn (2011:71)

gant aon na...

Press (1986:209) signale que dans gant aon na, /avec peur ne/, 'de peur que', la négation n'est pas calculée.


Sémantique

évidence de calcul sémantique de la négation explétive

La règle des réponses aux questions négatives, qui vaut pour les réactions aux assertions, impose qu'une réponse d'assentiment à une phrase négative soit nann.

Etonnamment, cette règle s'applique aussi lorsque cette négation est explétive. La négation ne ... ket n'est donc pas calculée sémantiquement dans la première phrase, mais déclenche tout de même la réponse/réaction propre aux phrases négatives.


(3) A: - [nøs kə mɛd y:n ken] B: - [a nãn]
- N’eus ket nemet unan ken. - Ah nann.
ne'est pas seulement un plus non mais
'A: Il n’y en a plus qu’un' / B: 'Ah oui.' Trégorrois (Bégard), Yekel (2016:'Respont d'ur goulenn nac'h')

Horizons comparatifs

Les contextes de négation explétive en français sont comparables:

- les subordonnées introduites par avant (Elle m’a appelée avant qu’elle ne parte.)
- les compléments de verbes comme craindre, ou de noms comme peur (Je crains/J'ai peur qu’il ne soit en retard.)
- certains types de comparatives (Il a mangé plus que je ne le pensais.)