Linguistiques prescriptives

De Arbres

Les linguistiques prescriptives produisent des grammaires prescriptives et des dictionnaires prescriptifs qui se donnent pour tâche de dresser des règles et des inventaires lexicaux qui façonnent une langue telles qu'un ensemble d'individus pense que ces règles devraient être. Les ouvrages prescriptifs assument une distance entre les faits observés et la langue qu'ils modélisent.

En breton, quelques ouvrages prescriptifs prototypiques sont, entre autres, les ouvrages de Le Gonidec, Grammaire celto-bretonne et dictionnaire, ou pour le breton moderne les oeuvres de Roparz Hemon ou de Guy Etienne.


Les ouvrages d'apprentissage sont, par nature, prescriptivistes car ils doivent assumer l'existence d'une distance entre la langue des apprenants et une image qu'ils ont de la langue cible de l'apprentissage. Il y a aussi une dimension prescriptiviste dans tous les travaux éditoriaux en langue bretonne, car ils sont en position de "corriger" la langue.


Linguistiques prescriptives vs. standardisation

Lorsqu'une linguistique prescriptive se donne pour but de faire émerger un standard langagier, on parle de linguistique normative. Une linguistique prescriptive peut aussi se donner le but contraire de freiner une standardisation réelle dans les usages en valorisant des usages plus marqués dialectalement.

La sociolinguistique du breton connait les deux courants.


Linguistiques prescriptives vs. linguistiques scientifiques

Les linguistiques prescriptives peuvent s'alimenter de linguistiques scientifiques. Ces dernières sont les linguistiques descriptives qui décrivent les usages réels constatés des locuteurs, les linguistiques formelles, génératives, qui proposent des règles abstraites qui puissent rendre compte des usages réels des locuteurs, ou encore des linguistiques comparatives qui comparent des systèmes langagiers différents.

Les linguistiques prescriptives s'opposent cependant aux linguistiques scientifiques en ce que les règles qu'elles proposent obéissent à des valeurs non-scientifiques telles que le beau, le juste, le fort, l'ancien, le divin, le drôle, le pratique, le pur, ou encore le toujours indéfini "génie de la langue", etc. Dans les linguistiques prescriptives, ces valeurs sont tantôt implicites, tantôt explicitement soutenues par des discours socioliguistiques.