Différences entre les versions de « Leun »

De Arbres
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Dans son sens premier, ''leun'' est un adjectif de quantification qui met en relation deux termes:  
Dans son sens premier, ''leun'' est un adjectif de quantification qui met en relation deux termes:  
: - le groupe nominal sur lequel il quantifie, et qui est dit dans l'état d'être plein
: - le groupe nominal sur lequel il [[quantifie]], et qui est dit dans l'état d'être plein: ''e yalc'h'' en (2)
: - un terme [[massique]] de contenu qui est la restriction de l'adjectif ''leun''  
: - un terme de contenu, comme un [[massique]], qui est la restriction de l'adjectif ''leun'', et qui est introduit par ''[[a]]''.  
 
 
Dans un sens plus étendu de [[quantifieur]], la relation de contenant/contenu disparaît.  




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| (1) || A-benn ||ugent vloaz ||dija || e peze  '''leun''' a vicher.
| (2) ||''E yalh'' a oa || '''leun''' ''a aour''.
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| ||colspan="4" |> 'A vingt ans, tu avais déjà beaucoup de métier.' |||||| ''Léon'', [[Mellouet & Pennec (2004)|Mellouet & Pennec (2004]]:20)
| ||colspan="4" | 'Sa bourse était pleine d'or.'|||||| [[Gros (1970b)|Gros (1970b:]]§'leun')  
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Dans un sens plus étendu de [[quantifieur]], la relation de contenant/contenu disparaît, et prend un tour plus figuré, applicable aux concepts abstraits.


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| (5)|| Un  daoulagad || '''leun''' || a zouster hag a garantez || a skede || en ||he ||fenn.  |||||||||| ([[Kervella (1995)|Kervella 1995]]:§346), citant Roc'halan.
| (3)|| Un  daoulagad || '''leun''' || a zouster hag a garantez || a skede || en ||he ||fenn.  |||||||||| ([[Kervella (1995)|Kervella 1995]]:§346), citant Roc'halan.
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| || [[art|un]] 2.oeil || plein || [[a|de]] douceur [[&|et]] [[a|de]] amour || [[R]] brillait ||  [[P.e|dans]] ||[[POSS|son]]||  tête
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| || colspan="4" | 'Son visage rayonnait d'un regard plein d'amour et douceur.'
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Lorsque le nom tête disparaît, et que seul ''leun'' et son restricteur sont prononcés, on obtient la lecture 'beaucoup de'.
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| (4) || A-benn ||ugent vloaz ||dija || e peze  '''leun''' a vicher.
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| ||colspan="4" |> 'A vingt ans, tu avais déjà beaucoup de métier.' |||||| ''Léon'', [[Mellouet & Pennec (2004)|Mellouet & Pennec (2004]]:20)
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Version du 11 septembre 2013 à 11:26

Leun, ou lan, est un adjectif qui signifie 'plein'. Il a, comme le nom leizh, un usage de quantification.


(1) An ti a vije peurleun gant he bugale.
le maison R était complètement-plein avec son enfants
'La maison était (complètement) pleine de ses enfants.'
Trégorrois, Berthou (1985:77)


Sémantique

Dans son sens premier, leun est un adjectif de quantification qui met en relation deux termes:

- le groupe nominal sur lequel il quantifie, et qui est dit dans l'état d'être plein: e yalc'h en (2)
- un terme de contenu, comme un massique, qui est la restriction de l'adjectif leun, et qui est introduit par a.


(2) E yalh a oa leun a aour.
son bourse R était plein de or
'Sa bourse était pleine d'or.' Gros (1970b:§'leun')


Dans un sens plus étendu de quantifieur, la relation de contenant/contenu disparaît, et prend un tour plus figuré, applicable aux concepts abstraits.


(3) Un daoulagad leun a zouster hag a garantez a skede en he fenn. (Kervella 1995:§346), citant Roc'halan.
un 2.oeil plein de douceur et de amour R brillait dans son tête
'Son visage rayonnait d'un regard plein d'amour et douceur.'


Lorsque le nom tête disparaît, et que seul leun et son restricteur sont prononcés, on obtient la lecture 'beaucoup de'.


(4) A-benn ugent vloaz dija e peze leun a vicher.
au.bout 20 ans déjà R avais plein de métier
> 'A vingt ans, tu avais déjà beaucoup de métier.' Léon, Mellouet & Pennec (2004:20)

Syntaxe

La restriction de l'adjectif leun est un nom massique (leun a zour). Sa tête est toujours la préposition a.

Kervella (1947:§603) propose que la préposition qui apparaît est gant lorsque le restricteur est défini. Cependant, dans l'exemple qu'il propose en (2), gant est clairement une préposition de cause. La phrase en (2) dit que l'eau qui tombe du toit est la cause du remplissement de l'auge. Par déduction pragmatique, on conclut que l'auge est remplie de cette même eau mais un contexte étonnant de transfert de liquides pourrait annuler cette déduction pragmatique. En contraste, aucun contexte aussi étrange soit-il ne peut opérer la même relecture avec leun a zour, 'plein d'eau'.


(2) Leun e voe buan al laouer gant an dour o tiverañ diwar an dôenn.
plein R fut vite le auge avec le eau à couler de le toit
'L'auge fut vite pleine de (avec/grâce à) l'eau qui coulait du toit.' Standard, Kervella (1947:§603)


variation dialectale

Le trégorrois Jules Gros n'accepte pas l'usage quantificationnel de leun.

 Gros (1970b:§'leiz') :
 "Le français 'plein la maison', 'plein le sac' se rend toujours par leiz an ti, 
 leiz ar zah, et non par leun an ti, leun ar zah. 
 [...] leun reste toujours adjectif."


Cependant, il en donne lui-même un exemple (qu'il dit calqué du français), et cette forme est attestée clairement dans d'autres dialectes.


(1) Eno a zo leun a herreg.
R y.a beaucoup de rochers
'Là, il y a plein de rochers.' Gros (1970b:§'leun')


(2) Ha liesoc'h evit ar sul, ni 'garga lan ar vuzul.
et souvent.plus que le dimanche nous (R) charge plein le mesure
'Et plus souvent encore que le dimanche, nous chargeons mesure pleine.' Ploue, Le Scorff, Ar Borgn (2011:17)