Différences entre les versions de « Les questions »

De Arbres
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Ces stratégies ''in-situ'' sont [[agrammaticales]] en breton.
Ces stratégies ''in-situ'' sont [[agrammaticales]] en breton.
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|(1)||Piv ||a lenn || al levr-se?
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| || [[piv|qui]]  ||[[R]]<sup>[[1]]</sup> lit || [[art|le]] livre-[[DEM|ci]]
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|(1)||[[*]] || Lenn ||a ra piv ||al levr-se?
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||| colspan="4" | 'Qui lit ce livre?'|||| ''Standard'', [[Hendrick (1990)|Hendrick (1990]]:154)
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=== [[variation dialectale]] dans les interrogatifs ===
=== [[variation dialectale]] dans les interrogatifs ===

Version du 5 septembre 2016 à 14:28

Les questions sont formées en réalisant une intonation montante sur toute la phrase, et/ou en plaçant un mot interrogatif en initiale de phrase. Dans ce dernier cas, le verbe fléchi suit immédiatement l'interrogatif.


Questions créées par mouvement

Pour interroger un élément dans une phrase, on le déplace en initiale de phrase. Il y est réalisé par le mot interrogatif correspondant.


site d'extraction

On peut localiser le site d'extraction du syntagme interrogatif dans le reste de la phrase. Pour cela, il suffit de remplacer l'élément à l'initiale par un explétif ou un adverbe, et de regarder où apparaît l'élément interrogé.

En (1), le site d'extraction est celui du sujet de lavaro, 'dira'.


(1) Piv a lavaro biken _ niver an dud dilabour en ur vro (...)
qui R1 dira jamais sujet nombre le gens sans.travail dans.un pays
'Qui dira jamais le nombre de gens au chômage dans un pays (...)?'
Standard, Kervella (1933:78)


En (2), le site d'extraction est celui de l'attribut de bezañ, 'être'.


(2) Petra e teu da veza _ ar wezenn goude?
quoi R4 vient à1 être (objet) le1 arbre après
'Que devient l'arbre par la suite?' Léon, Cléder, Seite (1998:44)

pas de stratégies in-situ

Le français parlé standard a la possibilité de créer des questions sans mouvement de l'élément interrogé (Tu as vu quoi ce week-end?). Certaines variétés de français permettent même de créer des interrogatives indirectes in-situ; Je sais pas c'est qui (français de l'île de la Réunion, Ledegen 2005), ou Il y en a qui savent pas c’est quoi (français de Montréal, Lefebvre & Maisonneuve 1982:190).

Ces stratégies in-situ sont agrammaticales en breton.


(1) Piv a lenn al levr-se?
qui R1 lit le livre-ci
'Qui lit ce livre?' Standard, Hendrick (1990:154)


(1) * Lenn a ra piv al levr-se?
lire R1 fait qui le livre-ci
'Qui lit ce livre?' Standard, Hendrick (1990:154)

variation dialectale dans les interrogatifs

Certains interrogatifs ont des formes dialectales très diverses et servent donc commodément de marqueurs de dialecte (cf. l'inventaire des mots interrogatifs).

Questions oui / non

Aux "questions oui / non", on peut répondre par 'oui' ou par 'non' (par exemple, la question 'C'est vrai?', ou 'Iras-tu loin?'). Comme ces questions portent l'interrogation sur toute la phrase, on les appelle aussi les 'questions totales'.

En breton, les questions oui / non sont formées en imposant uniquement sur la phrase une intonation montante (1) ou bien en plaçant devant le verbe fléchi une particule hag, hag-eñ, daoust hag-eñ (2).


(1) Ar vro a zo kaer ive?
le1 pays R est beau aussi
'L'intérieur est beau aussi?' Léon (Cléder), Seite (1998:58)


(2) Ha klevet hoc'h eus a-wechoù displegañ an taolennoù e misionoù hor bro?
Q entendu 2PL a parfois expliquer le tableaux dans missions notre pays
'Avez-vous parfois entendu expliquer les tableaux dans les missions de notre pays?'
Standard, Kervella (1933:39)

Interrogatifs multiples

Les langues varient selon leur possibilité de monter en zone haute de phrase plusieurs interrogatifs dans la même phrase interrogative. En breton, un seul élément interrogatif peut monter occuper la zone prétensée dans les interrogatives. Lorsque la phrase contient deux mots interrogatifs, l'un des deux reste in-situ.


Hendrick (1990:154) note que lorsque le sujet et l'objet sont tous deux des interrogatifs, seul le sujet est licite à l'initiale, comme c'est le cas en anglais.


(1) Piv a lavar petra? / * Petra a lavar piv?
qui R1 dit quoi quoi R1 dit qui
'Qui dit quoi?' Standard, Hendrick (1990:154)


En français de Basse-Bretagne en (2), pourquoi est à l'initiale de la question rapportée. quoi est resté in-situ (* ...pourquoi qu'est-ce qu'on leur demande.).

(2) Il faut que les gens comprennent pourquoi on leur demande quoi.

Français de Basse-bretagne (Lorient), [10/2014]


daoust ha pegeit

Dans l'exemple en (3) signalé par Anne-Marie C. (Clohars), on compte un élément interrogatif, un complémenteur du type 'que' en français, puis un autre syntagme interrogatif. Les conditions de ce redoublement et l'extension dialectale de ce phénomène ne sont pas, à ma connaissance, documentées.


(3) Daoust ha pegeit amzer oa chomet ?
? que combien temps était resté ?
'Elle/il était resté.e combien de temps?'


Cette structure, si avérée, rappelle la même structure en roumain (3). Cependant, il est à noter que le roumain, indépendamment, autorise les questions multiples (4), ce qui n'est pas possible en breton.


(3) Oare când pleaca la munte  ?
? quand part à montagne
'Quand est-ce qu'il/elle part à la montagne?'
Roumain, Anamaria Falaus (c.p. 01/2009)


(4) Oare cine ce aduce la cina ?
? qui quoi apporte le dîner
'Qui apporte quoi au dîner?'
Roumain, Anamaria Falaus (c.p. 01/2009)

Bibliographie

horizons comparatifs

  • Lefebvre, C. & Maisonneuve, H., 1982. 'La compétence des adolescents du Centre-Sud:les structures complexes', Lefebvre, C. (éd.), La syntaxe comparée du français standard et populaire: approches formelle et fonctionnelle, Tome 1, Québec, Office de la langue française, 171-206.
  • Ledegen, G., 2007. 'L’interrogative indirecte in situ à la Réunion: elle connaît elle veut quoi', Le français parlé du 21 ième siècle: normes et variations géographiques et sociales, Actes du Colloque à l’Université d’Oxford (23 et 24 juin 2005), Paris, L’Harmattan, 177-200. texte.