Différences entre les versions de « Les inanimés »
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Le pronom ''hen'' peut toujours référer à un inanimé. Cela n'implique cependant pas que ''hen'' soit à proprement parler un pronom porteur du trait inanimé. | Le pronom ''hen'' peut toujours référer à un inanimé. Cela n'implique cependant pas que ''hen'' soit à proprement parler un pronom porteur du trait inanimé. | ||
A travers les dialectes, le pronom ''hen'' peut-il aussi référer à des entités animées? | A travers les dialectes, le pronom ''hen'' peut-il aussi référer à des entités animées? | ||
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Selon [[Le Gléau (1973)|Le Gléau (1973]]:21) le proclitique ''hen'', lorsque "strictement employé", renvoie à un inanimé par contraste avec ''e'', humain. Cette formulation implique donc qu'il existe effectivement des emplois moins stricts. [[Le Gléau (1973)|Le Gléau (1973]]:21) note des usages indifférenciés de ''e'' et ''hen'' dans ''Buhez ar Zent'' (1869). | |||
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== le proclitiques ''e'' et le trait inanimé == | == le proclitiques ''e'' et le trait inanimé == |
Version du 15 janvier 2015 à 17:47
Le trait inanimé est le troisième trait du système de genre, aux côtés du masculin et du féminin.
Le trait inanimé est marqué en breton dans différents paradigmes:
- le pronom relatif ar pezh, 'ce que, ce qui'
- le pronom interrogatif petra, 'quoi, qu'est-ce que'
- le pronom fort indépendant se, ze, abréviation de an dra-se, 'cette chose là'
- le morphème clitique anaphorique -henn: evel-henn, 'comme cela', betek-henn, 'jusque là'
Il existe une variation quant à l'obligation du trait inanimé sur :
- le pronom objet proclitique; hen, hel, her
- le pronom objet proclitique; e
Le trait inanimé est entièrement absent des paradigmes suivants:
- les pronoms incorporés (ces pronoms sont présents dans l'accord verbal, et come objet des prépositions, dont la préposition support comme a: ac'hanon, anezhi...)
- les déterminants possessifs
Les pronoms neutres, dont le pronom météorologique, qui prennent des traits grammaticaux féminins (-i), ne sont pas des inanimés. Ils ne réfèrent pas à des entités inanimées (ce sont des explétifs et ils ne réfèrent pas).
Distribution de hen vs. e
Les pronoms proclitiques objets hen et e ne sont pas morphologiquement équivalents: le pronom hen est désambiguïsant par rapport à e.
- - Le proclitique objet e, devant un verbe fléchi, peut éventuellement être confondu avec le rannig, d'autant plus que l'ellipse de l'objet est répandue en breton. Ce n'est aucunement le cas pour le proclitique hen. Le Gléau (1973:21) émet l'hypothèse que la forme hen supplante le proclitique objet e dans les contextes où l'objet est proclitique sur un verbe tensé, précisément pour éviter une confusion possible avec un rannig e.
- - Le pronom proclitique objet hen n'a pas d'équivalent dans le paradigme des déterminants possessifs, qui ne contient que des pronoms référant indistinctement aux animés et non-animés. Le pronom proclitique objet hen est un trait distinctif des pronoms proclitiques objets par rapport à un paradigme qui lui ressemble, celui des déterminants possessifs. Le pronom proclitique objet e, lui, est morphologiquement indistinguable du déterminant possessif 3SG e. Il provoque uniformément une lénition sur le nom ou le verbe qui le suit.
Il est important de documenter les usages en prenant en compte les possibles différences entre proclitiques sur verbes tensés et non-tensés (infinitifs et participes). Hen est historiquement une forme réservée aux verbes tensés, qui s'est ensuite généralisée, de dialectes en dialectes, aux autres verbes. Les dialectes diffèrent aussi dans leur productivité des formes proclitiques quelles qu'elles soient, en concurrence avec les formes à préposition support.
Le proclitiques hen, hel, her et le trait inanimé
Tous les dialectes ont, au moins dans des expressions archaïques ou gelées, la possibilité d'utiliser un proclitique objet (h)en, (h)el, (h)er pour référer à une entité inanimée.
(1) | M' henn | anzava. | |||
moi'le.IN | avoue | ||||
'J'en conviens, je l'avoue.' | Le Scorff, Ar Borgn (2011:27) |
(2) | ' | Gaoja ket | hon parland, | ' | ra ket met | en chakat. | |
(ne) | parle pas | notre parlé | (ne) | fait pas mais | le.IN mâcher | ||
'Il ne parle pas notre langue, il ne fait que la mâcher, la torturer.' | |||||||
Le Scorff, Ar Borgn (2011:75) |
Le pronom hen peut toujours référer à un inanimé. Cela n'implique cependant pas que hen soit à proprement parler un pronom porteur du trait inanimé.
A travers les dialectes, le pronom hen peut-il aussi référer à des entités animées?
variation dialectale du proclitique objet hen, hel, her
standard
En langue KLT standard, le pronom proclitique inanimé est utilisé productivement.
(1) | Bez' | ez eas | Frañsez Kervella | d'hen gwelout | e 1938 (...) | ||
BEZ | R alla | pour le.IN voir | en 1938 | ||||
'Frañsez Kervella alla le voir en 1938 (en contexte, un bâtiment).' | |||||||
Standard, Denez (1993:20) |
Selon Le Gléau (1973:21) le proclitique hen, lorsque "strictement employé", renvoie à un inanimé par contraste avec e, humain. Cette formulation implique donc qu'il existe effectivement des emplois moins stricts. Le Gléau (1973:21) note des usages indifférenciés de e et hen dans Buhez ar Zent (1869).
Léon
On trouve en Léon des usages de hen pour un inanimé, mais aussi pour un animé, sur un infinitif comme sur un verbe fléchi.
(2) | Red eo | beza greet anezhi | evit her gouzoud. | ||||
obligé est | être fait P.elle | pour le.IN savoir | |||||
'Il faut l'avoir fait pour le savoir.' | Léonard (Cléder), Seite (1998:41) |
(3) | Prest oa | da lezel | al laeron | d’hen lakat en noaz. | |||
prêt était | à laisser | le voleur | de'le mettre en nu | ||||
'Il était prêt à laisser le voleur le dépouiller.' | Léonard (Plouharzel), Perrot (1912:726) |
(4) | ... hen lezjont | da vont | gant e hent. | ||||
le laisser | à1 aller | avec son route | |||||
'... Ils le laissèrent s'en aller.' | Léonard (Plouharzel), Perrot (1912:726) |
Dès Constantius (1900), on trouve la forme hel pour référer à un inanimé, mais aussi la forme hel pour référer à un animé, ou la forme he pour référer à un inanimé. Cela fait de hel un pronom utilisable pour les inanimés, et non le pronom de l'inanimé.
(5) | D'ezhan em euz hel lavaret. | / | D'ezhi hel livirinn. | ||||
à.lui R.1SG a le dit | à.elle le dirai | ||||||
'Je le lui ai dit.' / 'Je le lui dirai.' | Léon, Constantius (1900:69) |
(6) | N' hel | lez ket | da goueza | en dienez. | |||
ne' le | laisse pas | à1 tomber | dans indigence | ||||
'Ne le laisse pas tomber dans l'indigence.' | Léon, Constantius (1900:375) |
(7) | Na vir ket | na rai vad | neb a hell | he ober. | |||
ne1 empêche pas | ne fera 1bien | qui R1 peut | le faire | ||||
'N'empêche point de faire le bien celui qui le peut.' | Léon, Constantius (1900:388) |
dialectes en perte de proclitiques
Le pronom proclitique inanimé n'est productif que dans la mesure où les dialectes ont gardé trace d'un paradigme d'objets proclitiques. Dans les dialectes où les formes objet en anezhi sont utilisées, le proclitique inanimé reste présent dans les expressions figées.
Cornouaillais
(1) | /min 'da:re / | /min ˌtu:e 'ry / | / min'ɛrɡɛz / | |||
M’(h)en dare | M’(h)en tou ruz | M’(h)en argas. | ||||
moi le V | moi le jure rouge | moi le rejeter | ||||
'Je ne sais pas.', 'Je le jure tout rouge.', 'Je le rejette.', | Plozévet, Goyat (2012:249) |
Trégorrois
Pour le trégorrois Leclerc (1986:§139, II), les formes hen et e s'utilisent toutes deux sur un verbe fléchi pour les animés, mais l'emploi de hen "est de rigueur" pour l'inanimé.
Leclerc (1986:§139, II) dit utiliser strictement hen avec les inanimés. Il donne un exemple avec un verbe fléchi.
(1) | Me | hen/*e | goar. | ||
moi | le | sais | |||
'Je le sais.' | Tréguier, Leclerc (1986:§139, II) |
Selon Gros (1984:207) la forme hen, comme les formes proclitiques en général, tend à disparaître ("Hen ne s'entend plus guère en trégorrois parlé que dans les proverbes, ayant été supplanté par anezañ"). Gros a cependant des usages productifs de hen, au moins sur des verbes infinitifs.
(2) | Pep hini | e-neus | e | benn... | pa | rank | hen dougen. |
chaque un | a.3SG | son | tête | quand | doit | le porter | |
'Chacun a sa tête (son avis, sa volonté)... puisqu'il doit la porter.' | |||||||
('Chacun a son avis puisque chacun a une tête'.) | Trégorrois, Gros (1984:207) |
Il est possible qu'au lieu d'inanimé, ce pronom soit parfois uniquement non-humain, car il peut éventuellement référer à un animal:
(3) | Pep hini | a anavez | doare e loen | pa rank | hen bevañ. | ||
chaque un | R connait | façon son bête | quand doit | le vivre.transitif | |||
'Chacun connait le comportement de sa bête puisqu'il doit la nourrir.' | |||||||
('Chacun connait midi à sa porte') | Trégorrois, Gros (1984:207) |
vannetais
Le dialecte vannetais a un usage productif des formes proclitiques, incluant le pronom (h)er, (h)en, (h)el.
(2) | Mar laret d'ein | più e glasket, | M'hellou | rein d'oh | tu er havet. |
si dites à.moi | qui R1 cherchez | moi pourrai | donner à.vous | moyen le trouver | |
'Si vous me dites qui vous cherchez, Je pourrai vous aider à le découvrir.' | |||||
Vannetais, chanson Le marquis de Pontcallec (Le Mercier d'Erm 1926:68) |
Le pronom (h)en ou (h)er peut aussi référer à des animés, même devant les verbes infinitifs.
(1) | m' | ha | punissou, | té, | pé n'ellein quet | er gobér. | ||
moi | te | punirai | toi | ou ne pourrai pas | le faire | |||
'Je te punirai, toi, ou je ne le pourrai pas.' | Vannetais, Guillome (1836:32) |
(3) | hag int o-daou | d'en herzel | ag ar Baradoez | |||||
et eux leur-deux | de le chasser | de le paradis | ||||||
'... et ils le chassent (Mathurin) hors du paradis.' | ||||||||
Vannetais, Ar Meliner (2009:175) |
(4) | Stert eo | er c'hompren | kar ne ra ket 'met | zeal. | |
difficile est | le comprendre | car ne fait pas seulement | zézayer | ||
'Il est dur à comprendre parce qu'il ne fait que zézayer.' | Le Scorff, Ar Borgn (2011:151) |
le proclitiques e et le trait inanimé
Le proclitique e est le pronom 3SG masculin, mais c'est aussi un pronom utilisé de façon plus large.
Bibliographie
- Pennaod, G. 1969. 'Diwar-benn ar raganvioù-gour 3e un. gourel ha nepreizh ha raganvioù-diskouezhañ zo.', Preder Kaier 123-124.