Différences entre les versions de « Les définis »

De Arbres
m (Mjouitteau a déplacé la page Les définis vers Définis faibles)
(Aucune différence)

Version du 11 février 2015 à 15:37

Les expressions définies sont des expressions référentes qui s'opposent aux expressions indéfinies.

Sémantiquement, on distingue les définis forts qui présupposent l'unicité du référent, et les définis faibles qui n'ont pas cet effet.

Inventaire

Les expressions définies sont, en breton:


Il pourrait aussi exister un pronom explétif vide défini, au moins dialectalement restreint.

Pour les données en (1), Vallée souligne qu'en breton, mall et bloazh sont ici dans des emplois adjectivaux (prédicatifs). Cela impliquerait que le sujet soit post-tensé, et, puisque ce n'est pas non plus la forme ez eus de la copule qui apparaît, que ce sujet post-tensé explétif phonologiquement nul soit défini.


(1) Mall eo gantañ. / Bloaz eo.
hâte est avec.lui / an est
'Il a hâte.' / 'Il y a un an.' Vallée (1980:XXIV)

Sémantique

Prototypiquement, les expressions définies présupposent l'unicité du référent.

Les expressions définies peuvent apparaître avec une lecture d'espèce, où le référent unique est l'espèce, constituée elle de multiples individus. En (1), le groupe nominal an estren, littéralement 'l'étranger', renvoie à 'autrui'.


(1) N'eo ket mad selaou an estren.
ne'est pas bon écouter/obéir le étranger
'Il n'est pas bon d'obéir à autrui.' Trégorrois, Gros (1970b:§'estren')


Les définis qui semblent échapper à la présupposition d'unicité sont les définis faibles.


définis faibles

En français et en anglais, les expressions définies peuvent ne pas présupposer l'unicité du référent dans les constructions génitives de type le protégé d'un aigle (Poesio 1994, Corblin 2001, Barker 2005), ou dans les cas de type prendre le train, aller à l'école (Carlson & Sussman 2005, Carlson & al. 2006, Corblin 2011).


Le breton présente les mêmes définis faibles:

  • lenn ar journal, 'lire le journal' (éventuellement en en lisant plusieurs)
  • merc'h ur martolod, 'la fille d'un marin' (qui a éventuellement des sœurs)


On voit en breton avec les expressions génitives que cet effet sémantique n'est pas lié à la réalisation d'un article défini, puisque l'effet est présent sans qu'il y ait réalisation de l'article ar.

Terminologie

Corblin (2001) appelle les définis faibles des 'définis défectifs'.


Bibliographie

  • Aguilar-Guevara, A. & Zwarts, J. 2011. 'Weak definites and reference to kinds', Proceedings of SALT 20, 179–196.
  • Barker, C. 2005. 'Possessive weak definites', Possessives and Beyond: Semantics and Syntax, Kim, Ji-yung, Lander, Yury, & Partee, Barbara H (éds.), Amherst, MA: GLSA Publications, 89-113.
  • Carlson, G., & Sussman, R. 2005. 'Seemingly indefinite definites, S. Kepsar & M. Reis (éds.), Linguistic Evidence, Berlin: de Gruyter, 71-86.
  • Carlson, G., Sussman, R., Klein, N. & Tanenhaus, M. K. 2006. 'Weak definite noun phrases', Davis, Deal, & Zabbal (éds.), Proceedings of NELS 36. Amherst, MA: GLSA, vol 1, 179-196.
  • Coppock, E. & Beaver, D., 2012. 'Exclusivity, uniqueness and definiteness', Piñon, C. (éd.), Empirical Issues in Syntax and Semantics 9, 59-66.
  • Coppock, E. & Beaver, D. 2012b. 'Weak uniqueness: The only difference between definites and indefinites', Proceedings of SALT 22: 527–544.
  • Corblin, F. 2001. 'Défini et génitif: le cas des définis défectifs', Jean-Marie Marandin (éd.), Cahier Jean-Claude Milner, éditions Verdier, 19-54.
  • Corblin, F. 2011. 'Des définis para-intensionnels : être à l’hôpital, aller à l’école', Langue Française 171, 55-75.
  • Corblin, F. 201X. 'Locus et telos : aller à l’école, être à la plage', Fagard B. & Stosic, D. (éds.), Corela, Expression(s) de l’espace en français.
  • Daladier, Anne et Anne Zribi-Hertz (dir.) 2002. Syntaxe de la définitude, Recherches Linguistiques de Vincennes 31, ISBN 2-84292-119-4. résumés et intro en ligne
  • Poesio, Massimo. 1994. 'Weak definites', M. Harvey and L. Santelmann (éds.), Proceedings of Salt IV, Cornell: DMLL. 282-299.