Différences entre les versions de « Les adverbes déictiques spatiaux »

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Version du 26 mai 2014 à 18:38

Les adverbes déictiques spatiaux sont les clitiques ou suffixes -mañ, -se et -hont, qui marquent différents degrés d'éloignement par rapport au locuteur ('ici', 'là', là-bas').

On les retrouve dans :

les démonstratifs analytiques
les formes figées du-mañ (chez-moi/nous') et du-se ('chez toi/vous', 'là-bas').
les adverbes déictiques spatiaux statiques avec la préposition support a.
amañ, aze et ahont
les adverbes déictiques spatiaux dynamiques avec la préposition support ale-.
alemañ, aleze et alehont


Accentuation

Les adverbes déictiques spatiaux sont inaccentués.

Les particules -mañ, -se et -hont dérogent à donc à la règle qui stipule que dans les mots composés mettant côte-à-côte deux mots portant l'accent, c'est celui du premier qui s'efface ou s'amuise. C'est en effet leur accent qui disparaît en cas d'adjacence (Hemon 1995:§274-275). Ce sont des clitiques. Ils comptent pour l'accentuation comme la dernière syllabe.

(1) an dra-mañ ('cette chose'), ou mintin-mañ ('ce matin')...


à ne pas confondre:

Le groupe prépositionnel evel-se, 'comme ça', est différent dans son accentuation, et c'est tout à fait logique car sa syntaxe est différente: se y est un nom qui n'est pas clitique sur la préposition.

Morphologie

-mañ

(1) Ne vin ket me mui amañ é kennig dour deoc'h.
ne serai pas moi plus ici à proposer eau à.vous
'Moi, je ne serai plus là à vous offrir de l'eau.'
Vannetais, Ar Meliner (2009:107)


  • Dre-mañ, a pa lazher un hoc’h, e lamer ar c’hig druz a-zoc’htoñ.,
'Par ici, quand on tue un cochon, on lui enlève la viande grasse.', Vannetais, Herrieu (1994:41)

'-se'

La particule -se se voise (en -ze) après les mots terminés par une voyelle ou une des quatre consonnes l, m, n, r (Hingant 1868:§59).


(3) Ema o turlutad aze gand eur goz souflez.
prt.est à bricoler avec le vieux soufflet
'Il est là en train de bricoler (perdre son temps, s'amuser) avec un vieux soufflet.' Trégorrois, Gros (1984:484)


Le clitique -se ne peut pas être accentué, contrairement au pronom fort indépendant inanimé se, 'ça', avec lequel il ne doit pas être confondu.

Syntaxe

Les adverbes déictiques sont toujours en position clitique. Des trois clitiques, seul -mañ apparaît à l'intérieur d'un composé morphologique:

hemañ, 'celui-ci' mais pas *hese, ni *hehont.
houmañ, 'celle-ci' mais pas *house, ni *houhont.
ar paotr-mañ-paotr, 'tel ou tel garçon'; mais pas *ar paotr-se-paotr, ni *ar paotr-hont-paotr.


La dimension déictique des adverbes déictiques spatiaux est utilisée par extension dans le système des démonstratifs. Ces adverbes clitiques sont utilisés pour former des démonstratifs. Ils apparaissent aussi après kement (Hemon 1995:36).


(4) bœrmɑ̃, nõzmɑ̃

matin-ci nuit-ci
'ce matin, cette nuit', Trégorrois (Plougrescant), Le Dû (2012:46)


Le morphème -mañ apparaît aussi à l'intérieur des pronoms démonstratifs et des indéfinis de choix libre par reduplication.

Sémantique

Une tournure particulière, e-giz-mañ, permet d'obtenir l'anaphorique /comme ici/. L'adverbe déictique spatial acquiert ici des propriétés anaphoriques (= 'comme ça' en français).


(5) O sacha e-giz-mañ war nask va buoc'h, a rankan da stleja ...
à tirer comme.là/ça sur chaine mon vache R dois de trainer
'En tirant ainsi sur la chaine de ma vache, que je dois trainer.'
Cornouaille (Pleyben), Ar Floc’h (1950:57)

A ne pas confondre

Tous les adverbes spatiaux ne sont pas déictiques. Eno, par exemple, est un adverbe spatial anaphorique. Son référent n'est pas à chercher dans le contexte d'énonciation, mais dans le co-texte, c'est-à-dire ce qui précède. L'adverbe spatial anaphorique eno a besoin d'un antécédent. Ce n'est pas le cas des adverbes déictiques.


(6) Met al labour n'eo eno heñvel ouzh netra.
mais le travail ne est pareil à rien
'Mais là, le travail ne ressemble à rien.', Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, Ar Barzhig (1976:32)

Terminologie

Hingant (1868:§59) appelle adverbes déictiques spatiaux des 'adjectifs démonstratifs'.