Le sandhi

De Arbres
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Le sandhi est un phénomène qui touche la prononciation de deux consonnes en bordures adjacentes de mots.

Si la consonne finale d'un mot ne fait pas vibrer les cordes vocales, et que cette consonne est suivie d'une autre consonne, son dévoisement contamine la seconde.


En (1), la consonne finale /t/ de pet n'est pas voisée. La consonne écrite /gw/ qui la suit est dévoisée par la seule présence de cette consonne [t] antécédente ([petkwech]). Dans la réponse, c'est la consonne dévoisée /k/ à la fin de dek, 'dix', qui est le déclencheur.


(1) [petkweʒutbet] [dekweʃ]

Pet gwech out bet ? Dek gwech
combien fois es été 10 fois
'Tu (y) es allé.e combien de fois? Dix fois.'


Déclencheurs

Le sandhi est un phénomène qui peut être déclenché par n'importe quel élément qui finit par une consonne non-voisée.


  • la préposition gant ('avec')
gant e vab : 'avec son fils (à lui)'
vs. gant he map: 'avec son fils (à elle)'


  • le quantifieur Pep, ('chaque')
cf. carte 37 de l'ALBB.

A l'écrit

Parfois, la prononciation du sandhi apparait dans la graphie.

(2) Amañ, war gern Menez-Hom e vez eur gouél braz, bep ploaz, neketa!
ici sur hauteurs Menez-Hom R est DET fête grand chaque année, n'est.ce.pas
'Chaque année, ici, sur les hauteurs du Menez-Hom, a lieu une grande fête, n'est-ce pas!'
Leon, Seite (1998:22)


En (3), la préposition trezak (standard etrezek, 'vers') sélectionne la préposition da comme son objet. Sa consonne finale /k/ est dévoisée. En conséquence, la consonne initiale de da se dévoise (D>T).


(3) 1SG treuzak t 1PL treuzak tim
2SG treuzak tit 2PL treuzak tac'h
3SGM treuzak t 3PL treuzak tè
3SGF treuzak tèy goelo, Koadig (2010:47)

Horizons comparatifs

Le dévoisement en bordure de mot par contamination est exactement l'inverse de ce qui se passe dans le français banque de données. Ce groupe de mots n'est en effet pas prononcé [bɑ̃kdədone], mais [bɑ̃gdədone]. L'environnement pour le sandhi est créé par le contact en bordure de mots de la consonne K (nonvoisée) et de la consonne D (voisée). En français, c'est la consonne voisée D qui contamine la non-voisée K vers la gauche.

Un sandhi à la bretonne comme décrit ci-dessus aurait vraisemblablement donné [bɑ̃ktədone]!

Bibliographie

  • Le Dû, J. 1986. 'A sandhi survey of the Breton language', H. Anderson (ed.), Sandhi Phenomena in the Languages of Europe, Mouton de Gruyter, Berlin.