Différences entre les versions de « Le rannig »

De Arbres
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= EN CHANTIER =


= Description du phénomène =
Dans tous les dialectes du breton, apparaît devant le verbe fléchi une particule préverbale (dite "rannig-verb", littéralement "petit bout de verbe").
Le rannig apparaît au maximum sous deux formes: ''a'' et ''e'' et ces deux formes sont en distribution mutuellement exclusive.
Quels que soient les dialectes les propriétés du rannig sont les suivantes: 


= Description du phénomène =
=== Obligatoire ===
 
Un verbe fléchi doit être précédé d'un rannig (et d'un seul!).
 
Un seul verbe de la langue pourrait faire exception en apparaissant fléchi sans être précédé d'un rannig: c'est le verbe 'être' sous la forme ''emañ''. En effet, aucun rannig, ''a'' ou ''e'', ne peut jamais le précéder, et le ''E'' à l'initiale du verbe résiste à l'analyse en tant que rannig ''e'' incorporé (pas de forme ''a'' en alternance, même lorsqu'un [[DP]] est antéposé).
 
=== Mutations ===
 
Le rannig, provoque potentiellement des mutations consonantiques sur le verbe qui la suit.
 
=== Accentuation ===


Dans tous les dialectes du breton, apparaît devant le verbe fléchi une particule préverbale (dite "rannig-verb", littéralement "petit bout de verbe"). Cette particule, le rannig, provoque potentiellement des mutations consonantiques sur le verbe qui la suit.  
Les rannigs sont monosyllabiques et inaccentués.


Le rannig apparaît au maximum sous deux formes: ''a'' et ''e''.
Les deux formes sont en distribution mutuellement exclusive.


Un verbe pourrait faire exception en apparaissant fléchi sans être précédé d'un rannig: c'est le verbe 'être' sous la forme ''emañ''. En effet, aucun rannig, ''a'' ou ''e'', ne peut jamais le précéder, et le ''E'' à l'initiale du verbe résiste à l'analyse en tant que rannig ''e'' incorporé (pas de forme ''a'' en alternance, même lorsqu'un [[DP]] est antéposé).
== Variation dialectale ==
== Variation dialectale ==


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=== Zones de variation ===
=== Zones de variation ===


On peut identifier des zones de variation, lister les propriétés qui changent de dialecte en dialecte.
Dans chaque dialecte/variété, on peut se demander:
Dans chaque dialecte/variété, on peut se demander:


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* La distribution des différentes formes du verbe 'être', ''bezañ'' est associée à des rannigs différents. Les formes ''zo'' sont toujours attachées au rannig ''a'', alors que les formes ''eus, eo'' sont toujours associées au rannig ''e'' (dans le cas de ''eman'', il n'est pas sur qu'il y ait un rannig dans le composé du tout).
* La distribution des différentes formes du verbe 'être', ''bezañ'' est associée à des rannigs différents. Les formes ''zo'' sont toujours attachées au rannig ''a'', alors que les formes ''eus, eo'' sont toujours associées au rannig ''e'' (dans le cas de ''eman'', il n'est pas sur qu'il y ait un rannig dans le composé du tout).
Comme le rannig, inaccentué, peut ne pas être prononcé, l'étude de la distribution des formes du verbe 'être', ''bezañ'', est importante car elle empêche leur camouflage morphologique.   
Comme le rannig, inaccentué, peut ne pas être prononcé, l'étude de la distribution des formes du verbe 'être', ''bezañ'', est importante car elle les révèle même s'ils ne sont pas eux-même prononcés.   


=== breton central ===
=== breton central ===
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Les rannigs sont précieux pour l'étude théorique du langage à plus d'un égard.  
Les rannigs sont précieux pour l'étude théorique du langage à plus d'un égard.  


Dans les dialectes où le rannig varie suivant la nature [+/- nominale] de l'élément antéposé, sa réalisation dans les phrases à stratégie explétive indique que cete stratégie explétive est sensible à la distinction de catégorie (Jouitteau 2007).
Dans les dialectes où le rannig varie suivant la nature [+/- nominale] de l'élément antéposé, sa réalisation dans les phrases à stratégie explétive indique que cette stratégie explétive est sensible à la distinction de catégorie (Jouitteau 2007).


La question, ouverte, de l'identité théorique de cette particule est passionnante.  
La question, ouverte, de l'identité théorique de cette particule est passionnante.  
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(à documenter)
(à documenter)
Dans les langues celtiques, il existe une littérature touffue documentant ces particules, surtout en Gaélique d'Ecosse et d'Irlande.
Les rannigs s'y comportent différemment des rannigs bretons. En Gaélique écossais par exemple, des particules ''a'' et ''e'' apparaissent dans les infinitives.
En dehors des langues celtiques, peut de cas sont avérés de particules préverbales sensibles à tous élément antéposé.


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
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* Fleuriot, L. 1984. 'Notes sur certaines particules relatives en brittonique', ''Etudes celtiques'' t.21:230-233.
* Fleuriot, L. 1984. 'Notes sur certaines particules relatives en brittonique', ''Etudes celtiques'' t.21:230-233.


=== Ouvrages théoriques ===
=== Ouvrages théoriques ===
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* Wmffre, I. 1998. Central Breton. [= Languages of the World Materials 152] Unterschleißheim: Lincom Europa.
* Wmffre, I. 1998. Central Breton. [= Languages of the World Materials 152] Unterschleißheim: Lincom Europa.
* Fave, V. 1998. ''Notennou yezadur'', Emgleo Breiz. [description d'usage idiomatique, Léon, Cléder]


== Spécialistes référents pour cette fiche de collectage ==
== Spécialistes référents pour cette fiche de collectage ==

Version du 6 mai 2009 à 12:01

Description du phénomène

Dans tous les dialectes du breton, apparaît devant le verbe fléchi une particule préverbale (dite "rannig-verb", littéralement "petit bout de verbe"). Le rannig apparaît au maximum sous deux formes: a et e et ces deux formes sont en distribution mutuellement exclusive.

Quels que soient les dialectes les propriétés du rannig sont les suivantes:

Obligatoire

Un verbe fléchi doit être précédé d'un rannig (et d'un seul!).

Un seul verbe de la langue pourrait faire exception en apparaissant fléchi sans être précédé d'un rannig: c'est le verbe 'être' sous la forme emañ. En effet, aucun rannig, a ou e, ne peut jamais le précéder, et le E à l'initiale du verbe résiste à l'analyse en tant que rannig e incorporé (pas de forme a en alternance, même lorsqu'un DP est antéposé).

Mutations

Le rannig, provoque potentiellement des mutations consonantiques sur le verbe qui la suit.

Accentuation

Les rannigs sont monosyllabiques et inaccentués.


Variation dialectale

Il existe une variation dialectale immense dans la distribution des rannigs a et e.

Dans certains dialectes, la distinction entre les deux particules a même été perdue.

Il est plausible, quand on pense aux chansons où aux écrits où les rannigs sont toujours marqués/prononcés, que les locuteurs soient bilingues avec une autres variété de breton qui, elle, a préservé une distinction.

Zones de variation

On peut identifier des zones de variation, lister les propriétés qui changent de dialecte en dialecte. Dans chaque dialecte/variété, on peut se demander:

  • Y-a-il deux rannigs distincts ou seulement un seul?
  • Les rannigs induisent-ils des mutations semblables ou différentes sur le verbe consécutifs?
  • La distribution des différentes formes du verbe 'être', bezañ est associée à des rannigs différents. Les formes zo sont toujours attachées au rannig a, alors que les formes eus, eo sont toujours associées au rannig e (dans le cas de eman, il n'est pas sur qu'il y ait un rannig dans le composé du tout).

Comme le rannig, inaccentué, peut ne pas être prononcé, l'étude de la distribution des formes du verbe 'être', bezañ, est importante car elle les révèle même s'ils ne sont pas eux-même prononcés.

breton central

Le système du breton central a perdu la distinction a/e des rannigs jusque dans la mutation que la particule provoque sur le verbe qui suit (Wymffre (1998: 56,57,58)).

Il est à noter qu'en parallèle à cette perte de distinction des rannigs, ce même dialecte use d'un nouveau complémenteur en enchâssées, la, grammaticalisation du verbe lavar, 'dire' (cf. les complémenteurs). Les distributions respectives des deux complémenteurs 'rannig + lénition' et la reste à documenter.

vannetais

Guillevic & Le Goff (1986:160) notent qu'en vannetais, l'ordre des mots [attribut-rannig-copule] est associé à ë, l'équivalent vannetais du rannig a.

cornouaillais

Trépos (1980:96) semble présumer que la distinction a/e est présente dans son dialecte.

Intérêt théorique

Les rannigs sont précieux pour l'étude théorique du langage à plus d'un égard.

Dans les dialectes où le rannig varie suivant la nature [+/- nominale] de l'élément antéposé, sa réalisation dans les phrases à stratégie explétive indique que cette stratégie explétive est sensible à la distinction de catégorie (Jouitteau 2007).

La question, ouverte, de l'identité théorique de cette particule est passionnante.

Horizons comparatifs

(à documenter)

Dans les langues celtiques, il existe une littérature touffue documentant ces particules, surtout en Gaélique d'Ecosse et d'Irlande. Les rannigs s'y comportent différemment des rannigs bretons. En Gaélique écossais par exemple, des particules a et e apparaissent dans les infinitives.

En dehors des langues celtiques, peut de cas sont avérés de particules préverbales sensibles à tous élément antéposé.

Bibliographie

Description générale

  • Fleuriot, L. 1984. 'Notes sur certaines particules relatives en brittonique', Etudes celtiques t.21:230-233.


Ouvrages théoriques

  • Hendrick, R. 1988. Anaphora in Celtic and Universal Grammar. Dordrecht: Kluwer.
  • Jouitteau, M. 2007. ‘The Brythonic Reconciliation: From V1 to generalized V2’, The Linguistics Variation Yearbook, Craenenbroek and Rooryck (eds.), Netherland. lingBuzz/000681
  • Jouitteau, M. 2005. La syntaxe comparée du breton, manuscrit de thèse, U. Nantes.
  • Urien, J-Y. 1999. 'Statut morphologique de la particule verbale', Breizh ha pobloù europa [Supplements à Klask], 645-676. Rennes: Hor Yezh & Klask.
  • Urien, J.Y. 1989. 'Le verbe bezañ et la relation médiate', Roazhon 2 : Klask 1 :101-128.
  • Urien, J.Y. 1987-9. La trame d'une langue, Le breton. Presentation d'une théorie de la syntaxe et application, Lesneven: Mouladurioù Hor Yezh. (première édition 1987).
  • Rezac, M. 2009. 'The Breton Double Subject Construction', brouillon d'article pour le recueil en honneur de Jean-Pierre Angoujard, PUR.
  • Rezac , M. 2004. ‘The EPP in Breton: An unvalued categorial feature’, Triggers, Studies in Generative Grammar, A. Breitbarth & H. v. Riemsdijk, Mouton de Gruyter. Preview

Description de la variation dialectale

  • Guillevic, A.; Le Goff, P. 1986 [1902 Vannes, Lafolye]. Grammaire Bretonne du Dialecte de Vannes, Brest: Ar Skol Vrezhoneg- Emgleo Breiz.
  • Wmffre, I. 1998. Central Breton. [= Languages of the World Materials 152] Unterschleißheim: Lincom Europa.
  • Fave, V. 1998. Notennou yezadur, Emgleo Breiz. [description d'usage idiomatique, Léon, Cléder]

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