Le présent

De Arbres

Le breton a un temps présent synthétique qui exprime le temps présent imperfectif (Heinecke 2001:79).


(1) Me am-eus c'hoant da lavared penaoz ema ar wirionez gant ar skolaer !
moi R.1SG a envie de1 dire que est le 1vérité avec le instituteur
'Moi, j'ai envie de dire que la vérité est avec l'instituteur. Français du Trégor, Gros (1984:176)
'Moi, je prétends que l'instituteur a raison.' Trégorrois, Gros (1984:176)


Morphologie

La finale 3SG correspond généralement à la base du verbe. Cependant, dans certains dialectes, ce morphème 3SG du présent est réalisée. Cela a une conséquence importante pour l'analyse de l'accord car cela signifie que l'accord pauvre, lorsque le sujet est réalisé de manière indépendante par un groupe nominal, n'est pas le résultat d'une absence d'accord, mais bien un accord avec un élément 3SG - qui n'est pas le sujet.


finale en -ef, -ev

En breton central, les bases verbales finissant par une voyelle sont réalisées en -ef.


(1) 'Bassef ket kalz a dud. Poullaouen, locuteur né vers 1910, Favereau (1984:439)
ne1 passe pas beaucoup de1 gens
'Il ne passe pas beaucoup de gens.'


(2) / me go·zef / / ẉi valef / / h~̝ɛz ãnef / / pe dɔstef / . Breton central, Wmffre (1998:38)
moi (R)1 vieil.is vous (R)1 marche lui (R)1 sait quand1 proch.e
'Je vieillis', 'Vous marchez', 'Il sait', 'quand il/elle approche'


A Plozevet, la finale est voisée.

 Plozévet, Goyat (2012:277):
 Les verbes à finales conjuguées vocaliques (/e/ est la plus fréquente, mais aussi /ɛ/, /i/ et /y/) voient un /-v/ final épenthétique s’ajouter à la 3e personne du singulier de l’indicatif présent [...]. Ce /-v/ final peut bien sûr se dévoiser, conformément aux règles habituelles.
 Exemples :
 /ma va'le:v/, ma valev, /'ba:le/, bale, 's’il/elle marche'
 /pa ba'se:v/, pa basev, /pa'sea/, pasea, 'quand il/elle passe'
 /ma ɡõti'nyv/, ma gontinuv, /kõti'nɥi/, koñtinui, 's’il/elle continue'

finale en -a

Le paradigme du temps présent comprend parfois dans certains dialectes la voyelle a à la troisième personne du singulier.


(3) Hemañ d'e dro a laka da drei kement machin a garer...
celui.ci à'son1 tour R met à1 tourner autant machine R1 aime.IMP
'Lui, à son tour, fait tourner toute les machines qu'on veut.' Léon, Miossec (1980:68)


Un même locuteur peut utiliser alternativement la forme abrégée standard et la forme dialectale en -a (lar vs. lara, Louis (2015:28).


A Scaër/Guiscriff, selon Naoned (1952:61), le temps passé (amzer-dremenet) est synthétique, remarquable par sur forme en "â" à la 3SG, "prononcé entre â et un e muet français" (me 'gemerâ, c'hui 'dennâ). Cependant, il note plus bas que dans ce dialecte, le passé simple (amzer-dremenet-strizh) n'existe pas. Il s'agit probablement d'une confusion (éditoriale?) avec le -a final du temps présent en cornouaillais de l'Est.

Sémantique

morphologie du présent et futur proche

Le futur proche peut être obtenu avec une morphologie du présent et un adverbe.


(1) Warc'hoazh ema ar zul. Cornouaillais / Léon, Croq (1908:29)
demain est le dimanche
'C'est demain dimanche.'


Le futur proche peut aussi être obtenu avec une morphologie du présent sur le verbe mont 'aller' sélectionnant un groupe verbal infinitif introduit par da. En français de Basse-Bretagne, le miroir en est l'expression 'aller pour faire qqch'.


(2) M-eus aon e ya d'ober eun tamm barr c'hoaz.
selon.moi R va de1'faire un morceau averse encore
'Je crois qu'il va faire encore une petite averse.' Trégorrois, Gros (1984:158)

lecture générique

Comme en français, le temps présent a parfois une interprétation générique.


(3) Iffig a zebr bara du.
Iffig R1 mange pain noir Standard, Heinecke (2001:79)
'Iffig mange du pain noir.'


verbe synthétique présent et futur

Il est possible en français d'obtenir des lectures de futur avec un verbe synthétique au présent (A 80 ans, je prends ma retraite, et là, bien tranquille!). Ce n'est pas le cas en breton (Kerrain 2001), tout du moins en dehors des lectures génériques.


(2) Dilun ez in da Wened. Kerrain (2001)
lundi R4 irai à1 Vannes
'Lundi je vais à Vannes.' ('J'irai, je vais aller'...)


(2) Arc’hoazh e vo lamet ar barvioù evit mann. Kerrain (2001)
demain R4 sera enlevé le barbes pour zéro
'Demain on rase gratis.' ('On rasera, on va raser'...)


Sous la lecture générique cependant, un temps morphologique présent peut exprimer un temps sémantique futur.


(4) An den a zo hirio; warc'hoazh n'ema mui!
le humain R E aujourd'hui demain ne est plus
'L'homme existe aujourd'hui, demain il ne sera plus!'
BSA. (1877:165), cité dans Le Gléau (1973:41)