Différences entre les versions de « Le passé simple »

De Arbres
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== Passé simple vs. passé composé ==
== Passé simple vs. passé composé ==


Le passé simple breton est attaché au style écrit, et le passé composé au style oral. Bottineau (2010) analyse cette différence en terme de prise en compte/effacement des marques de subjectivité du locuteur.  
Le passé simple breton est attaché au style écrit, et le [[Le passé composé|passé composé]] au style oral. Bottineau (2010) analyse cette différence en terme de prise en compte/effacement des marques de subjectivité du locuteur.  




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   En breton comme en français, le passé simple repère un évènement saillant  
   En breton comme en français, le passé simple repère un évènement saillant  
   relativement à son environnement passé pris pour fond, alors que le passé composé
   relativement à son environnement passé pris pour fond, alors que le [[Le passé composé|passé composé]]
   repère un évènement saillant relativement à l’expérience présente du dialogue :  
   repère un évènement saillant relativement à l’expérience présente du dialogue :  
   le premier fait abstraction de l’expérience du dire (ce qui s’accomode bien de l’écrit  
   le premier fait abstraction de l’expérience du dire (ce qui s’accomode bien de l’écrit  
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Une hypothèse alternative à considérer est que la langue bretonne évolue, comme le français parlé, vers une perte massive du passé simple. Cette hypothèse prédit logiquement que le passé simple n'apparait quasiment plus que dans les contextes de l'écrit, et que, dans les contextes oraux, il est supplanté par un autre temps (le passé composé).  
Une hypothèse alternative à considérer est que la langue bretonne évolue, comme le français parlé, vers une perte massive du passé simple. Cette hypothèse prédit logiquement que le passé simple n'apparait quasiment plus que dans les contextes de l'écrit, et que, dans les contextes oraux, il est supplanté par un autre temps (le [[Le passé composé|passé composé]]).  


La différence des nuances de subjectivité notées par Bottineau (2010) entre le passé simple et le passé composé découlerait alors de cette évolution: le domaine de la parole objectivée, puisqu'associée à l'écrit, le serait donc au passé simple, et le domaine d'expression assumant une "présence" plus forte du locuteur serait associée au domaine de l'oral, et par association au passé composé.
La différence des nuances de subjectivité notées par Bottineau (2010) entre le passé simple et le [[Le passé composé|passé composé]] découlerait alors de cette évolution: le domaine de la parole objectivée, puisqu'associée à l'écrit, le serait donc au passé simple, et le domaine d'expression assumant une "présence" plus forte du locuteur serait associée au domaine de l'oral, et par association au [[Le passé composé|passé composé]].


== Variations dialectales ==
== Variations dialectales ==
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== Terminologie ==
== Terminologie ==


Le passé simple est appelé en breton ''amzer-dremenet strizh''.
En breton, le passé simple est appelé ''amzer-dremenet strizh''.
 


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==

Version du 18 mars 2011 à 18:35

Bottineau (2010:116):

 "Le passé simple, s’utilise dans les textes littéraires écrits 
 dans des contextes narratifs pour des évènements singuliers,
 visualisés perfectivement, enchaînés séquentiellement, 
 et disjoints de la diégèse interlocutive [...]"


Bottineau (2010:117) note que l’imparfait de rappel d’un savoir réputé partagé est inattesté en breton, au contraire du français (un passé composé ou un présent de narration seraient aussi possibles en (1).


(1) E 1986 e (tarzhas / *tarzhe) un dazloc’her e kreizenn nukleel Tchernobyl en Ukrania.
P 1986 R explosa / explosait un réacteur P centre nucléaire Tchernobyl P Ukraine
'En 1986 explosait un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine..'
Bottineau (2010:117)


Passé simple vs. passé composé

Le passé simple breton est attaché au style écrit, et le passé composé au style oral. Bottineau (2010) analyse cette différence en terme de prise en compte/effacement des marques de subjectivité du locuteur.


Bottineau (2010:118):

 En breton comme en français, le passé simple repère un évènement saillant 
 relativement à son environnement passé pris pour fond, alors que le passé composé
 repère un évènement saillant relativement à l’expérience présente du dialogue : 
 le premier fait abstraction de l’expérience du dire (ce qui s’accomode bien de l’écrit 
 et de l’absence du récepteur ciblé) alors que le second la met en valeur, d’où son 
 affinité avec l’oral dialogal et l’intersubjectivité immédiate.


Une hypothèse alternative à considérer est que la langue bretonne évolue, comme le français parlé, vers une perte massive du passé simple. Cette hypothèse prédit logiquement que le passé simple n'apparait quasiment plus que dans les contextes de l'écrit, et que, dans les contextes oraux, il est supplanté par un autre temps (le passé composé).

La différence des nuances de subjectivité notées par Bottineau (2010) entre le passé simple et le passé composé découlerait alors de cette évolution: le domaine de la parole objectivée, puisqu'associée à l'écrit, le serait donc au passé simple, et le domaine d'expression assumant une "présence" plus forte du locuteur serait associée au domaine de l'oral, et par association au passé composé.

Variations dialectales

Le Coadic (2001:31,33,38,40) signale de façon répétée que la forme du passé simple n'est pas présente en Goelo.


Terminologie

En breton, le passé simple est appelé amzer-dremenet strizh.


Bibliographie

Bottineau, D. 2010. 'Les temps du verbe breton : temps, aspect, modalité, interlocution, cognition, Des faits empiriques aux orientations théoriques', Catherine Douay (dir.), Système et chronologie, Presses Universitaires de Rennes, 110-129.