Le complémenteur ha(g)

De Arbres

Le complémenteur ha(g) apparaît en matrices comme en enchâssées.

Ha(g) apparaît dans les matrices non-tensées, les infinitives narratives comme en (1). Selon Stephens (1990), ha(g) y assigne un Cas au sujet qui le suit.


(1) Hag da lenn al lizher.
que/et lui de lire le lettre Trégorrois, Stephens (1990:163)
'Yann lut (alors) la lettre.'/ 'Et Yann de lire la lettre.'


On retrouve aussi ha(g) (optionnellement) en introduction des questions oui/non et d'exclamatives (Stephens 1990).


(2) Ha dont a raio da ger?
Q venir R fera à maison Trégorrois, Stephens (1990:163)
'Reviendra-t-il?'


(3) Hag a lizherou a lenne Lenaig!
que de lettres R lisait Lenaig Trégorrois, Stephens (1990:163)
'Que de lettres Lenaig lisait-elle!'


Ainsi qu'en introduction des enchâssées conditionnelles (équivalent alors au français si):


(4) Goulenn a reer ouzor an-unan ha n'eo ket an anv-ze eun distresadur [...]
demande R fait.IMP à.IMP le-un si ne est pas le nom-ci un transformation
'On se demande si ce nom n'est pas une transformation.'
Léonard (Cléder), Seite (1998:88)


Les relatives dont la tête est ha(g) sont traitées par de nombreux auteurs: Kervella (1995:§808), Favereau (1997:§580,582,583...), Le Gléau (2000b:chap 19) ...


Morphologie

La présence ou absence de [g] dans ha(g) dépend uniquement de la présence d'une voyelle en début du mot qui le suit.

Site de la particule

Dans les subordonnées négatives, l'ordre des morphèmes est ha ne..., ha na... (Favereau 1997:§582,583).

Cela suggère que le complémenteur ha est non seulement plus haut que le rannig, mais aussi plus haut que la tête ne de la négation dans la périphérie gauche.

Par ailleurs, il apparaît aussi parfois au-dessus du complémenteur pa qui introduit des circonstancielles de temps ou de cause.


(5) Doñjer em c'halon a p 'en gwelan.
aversion dans.mon cœur C quand le vois
'Ça me soulève le cœur quand je le vois.'
Le Scorff, Ar Borgn (2011:15)


Syntaxe

Le complémenteur ha(g) est confondu traditionnellement avec la marque de coordination ha(g), mais Timm (1986), Urien (1989) et Stephens (1990) ont montré qu'il s'agit parfois clairement d'un complémenteur.


modification des DPs indéfinis

La définitude du syntagme nominal influe sur la forme de sa modification par une relative (Kervella 1995:§808).

Un syntagme défini est modifié par une relative dont la tête est, selon les analyses, un complémenteur nul ou le rannig a qui le suit.
Un syntagme indéfini est modifié par une relative dont la tête est hag a.

avec clitique préverbal

Le complémenteur ha(g) s'efface communément lorsqu’apparaissent des proclitiques sur le verbe (Kervella 1995:§808).


(8) an hini (*hag) hel lavar, a zo ur gaouiad.
le celui C le dit R est un menteur
'Celui qui le dit est un menteur.'
Standard, Kervella (1995:§808)

Types de relatives

relative du sujet

L'antécédent de la relative en ha(g) peut coréférer avec le sujet de l'enchâssée.


(4) [yn dɛ̃n a labura mat dyrã ən de ɥe tʃə kaɥət bərpət]
un den ha 'laboura mat durant an deiz 'vez ket kavet bepred.
un homme C R travaille bien pendant le jour est pas trouvé toujours
'On ne trouve pas toujours un homme qui travaille bien toute la journée.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:50)


(5) [on' dejn ha zo prəʃtə 'grïo ]
un den ha zo prest da grevo.
un homme C R est prêt à mourir
'Une personne qui est sur le point de mourir.'
Breton pourlet (Guéméné-sur-Scorff), McKenna (1990)
cité dans Favereau (1997:§577)


L'antécédent et la proposition qui le modifie sont parfois éloignés:


(6) [rɛjdəmɛs bara dɔχ a wɛ tʃø ma:t]
roet 'meus bara deoc'h ha 'oa ket mat.
donné 1SG.a pain à.vous C R était pas bon
'Je vous ai donné du pain qui n'était pas bon.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:50)


Nicolas (2005:50-51) fournit une liste d'exemples de relatives du sujet tirées de corpus oral.


Selon Seite (1975:97), "quand la proposition est explicative, c'est à dire non-nécessaire au sens, a est souvent précédé de hag". Il donne:


(7) An dén-se, hag a labour ken mad, a zo kenderv din.
le homme-ci C R travaille si bien R est cousin à.moi
'Cet homme qui travaille si bien est mon cousin.' Léon, Seite (1975:97)

relatives de l'objet

(7) Ne jom anezi [nemed he hloh Maria Pia ]i hag a heller gweled _i (...).
ne reste de.elle seulement sa cloche Maria Pia C R peut.IMP voir
'Il ne reste d'elle que sa cloche Maria Pia que l'on peut voir.'
Léonard, Seite (1998:50)

construction du faux sujet

L'antécédent de la relative en hag peut co-référer avec un pronom résomptif dans les constructions du faux sujet.


(7) unan ha oa botoù gant
un C R était chaussures avec.lui
'quelqu'un qui portait des chaussures.'
Haute-cornouaille (Lanijen), Evenou (1989)
cité dans Favereau (1997:§580)

temporelle

Enfin, l'antécédent de la relative en ha(g) peut n'être pas réalisé et co-référer avec un adjoint dans l'enchâssée.


(7) [bødepət a mə yɛ bɛmdø a: mam belo dər labur]
bout eh eus bet _ ha me 'yae bemdez àr ma belo d'ar labour.
être R est eu un temps C moi allait chaque.jour sur mon vélo à le travail
'Il fut un temps où j'allais tous les jours au travail à vélo.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:51)


'Si'

Morphologie

On trouve une variante avec une nasale en cornouaillais.


(1) N’oun ket hann ema chomet haoñ ba'n ger.
ne'sais pas si est resté lui à le maison
'Je ne sais pas s'il est resté à la maison.'
Cornouaillais (Saint-Yvi), German (2007:174)


Il ne semble pas y avoir de différence sémantique ou syntaxique entre la forme hag simple et la forme hag eñ. La forme hag eñ est signalée en trégorrois par Le Dû (2012:99).


Syntaxe

Selon Le Dû (2012:98), hag eñ s'emploie surtout en enchâssées après les verbes gouzout, 'savoir' et des verbes déclaratifs.


(1) N'êllɑ̃-ke laad ag ẽ mó fin.
ne'peux-pas dire si aurai fini
'Je ne puis pas te dire si j'aurai fini.' Trégorrois (Plougrescant), Le Dû (2012:99)


(2) / ˌnuzõ ke 'hjã 'tjọ /
N’ouzon ket hag-eñ e teuio.
ne sais pas si R viendra
'Je ne sais pas s’il viendra.'
Plozévet, Goyat (2012:235)


Bibliographie

  • Hemon, R. 1969. 'Hag-eñ', Ar Bed Keltiek 126 : 155-156.
  • Le Gléau, R. 2000b. [19XX]. Études syntaxiques bretonnes; les subordonnées énonciatives circonstancielles (suite) et les relatives, vol 4., René Le Gléau (éd.) : Brest.