Différences entre les versions de « L'apocope »

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L''''apocope''' est une modification phonétique impliquant l'absence d'un ou plusieurs phonèmes au début d'un mot, par rapport à une forme de référence.
L''''apocope''' est une modification phonétique impliquant l'absence d'un ou plusieurs phonèmes à la fin d'un mot, par rapport à une forme de référence.


En breton, l'apocope est peu commune hors des [[noms propres]] comme ''Kaou'' pour ''Kaourintin'' 'Corentin', et quelques évitements morphologiques de [[mots tabous]] comme ''[[Che !]]'', forme abrégée de l'[[interjection]] ''Jezus !''.


En breton, un exemple lexicalisé est ''dis(par)'' 'impair'. [[Troude (1869)|Troude (1869]]:'impair') traduit ''aux heures impaires'' par ''war ann '''diz'''''. Il traduit aussi, avec des ellipses sous identité; 'jouer à pair et impair' par ''c'hoari par pe '''dispar''''' abrégé en trégorrois par ''c'hoari '''diz''' pe bar''. [[Vallée (1980)]] donne, lui, ''c'hoari par pe '''dis(par)'''''.  
 
== Inventaire ==
 
On peut relever la variante dialectale ''[[adal]]'' correspondant au standard ''[[adaleg]]'' 'jusqu'à'.
 
Un exemple lexicalisé d'apocope serait ''dis'' 'impair' pour ''dispar'' 'impair'. [[Troude (1869)|Troude (1869]]:'impair') traduit ''aux heures impaires'' par ''war ann '''diz'''''. Il traduit aussi 'jouer à pair et impair' par ''c'hoari par pe '''dispar''''' abrégé en trégorrois avec une [[ellipse]] sous identité par ''c'hoari '''diz''' pe bar''. [[Vallée (1980)]] donne, lui, ''c'hoari par pe '''dis(par)'''''. Grégoire de Rostrenen traduisait ce jeu par 'jouer à pair, ou à non' [[Rostrenen (1732)|en 1732]] et 'jouer à pair ou non' en [[Rostrenen (1834)|en 1834]].




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=== accentuation ===
=== accentuation ===


Les dialectes bretons divergent dans leur propension à l'apocope selon leurs règles d'accentuation. Les variétés qui accentuent en finale en produisent moins car l'accentuation protège de l'érosion morphologique.
Les dialectes bretons divergent dans leur propension à l'apocope selon leurs règles d'[[accentuation]]. Les variétés qui accentuent en finale en produisent moins car l'accentuation protège de l'érosion morphologique.


Au contraire, les variétés de [[KLT]] accentuées fortement sur l'avant-dernière syllabe peuvent réduire fortement la prononciation de la syllabe finale (<font color=green>/kəmpɛr<sup>l</sup>/</font color=green> 'Quimperlé').
Au contraire, les variétés de [[KLT]] accentuées fortement sur l'avant-dernière syllabe peuvent réduire fortement la prononciation de la syllabe finale (<font color=green>/kəmpɛr<sup>l</sup>/</font color=green> 'Quimperlé').


== Horizons comparatifs ==
== Horizons comparatifs ==


L'apocope est un phénomène courant en français (''ciné(ma)'', ''gastro(-entérite)'', ''ado(lescente)'', ''porno(graphique)'', ''pneu(matique)'', etc.).
L'apocope est un phénomène courant en français (''ciné(ma)'', ''gastro(-entérite)'', ''ado(lescente)'', ''porno(graphique)'', ''pneu(matique)'', etc.). C'est sous cette influence que sont apparues fin XXe chez de jeunes [[bilingues]] des apocopes comme ''trug' '', abréviation de ''[[trugarez]]'' malgré l'absence d'accentuation de la [[syllabe]] initiale.





Version actuelle datée du 23 octobre 2023 à 06:11

L'apocope est une modification phonétique impliquant l'absence d'un ou plusieurs phonèmes à la fin d'un mot, par rapport à une forme de référence.

En breton, l'apocope est peu commune hors des noms propres comme Kaou pour Kaourintin 'Corentin', et quelques évitements morphologiques de mots tabous comme Che !, forme abrégée de l'interjection Jezus !.


Inventaire

On peut relever la variante dialectale adal correspondant au standard adaleg 'jusqu'à'.

Un exemple lexicalisé d'apocope serait dis 'impair' pour dispar 'impair'. Troude (1869:'impair') traduit aux heures impaires par war ann diz. Il traduit aussi 'jouer à pair et impair' par c'hoari par pe dispar abrégé en trégorrois avec une ellipse sous identité par c'hoari diz pe bar. Vallée (1980) donne, lui, c'hoari par pe dis(par). Grégoire de Rostrenen traduisait ce jeu par 'jouer à pair, ou à non' en 1732 et 'jouer à pair ou non' en en 1834.


Morphologie

accentuation

Les dialectes bretons divergent dans leur propension à l'apocope selon leurs règles d'accentuation. Les variétés qui accentuent en finale en produisent moins car l'accentuation protège de l'érosion morphologique.

Au contraire, les variétés de KLT accentuées fortement sur l'avant-dernière syllabe peuvent réduire fortement la prononciation de la syllabe finale (/kəmpɛrl/ 'Quimperlé').


Horizons comparatifs

L'apocope est un phénomène courant en français (ciné(ma), gastro(-entérite), ado(lescente), porno(graphique), pneu(matique), etc.). C'est sous cette influence que sont apparues fin XXe chez de jeunes bilingues des apocopes comme trug' , abréviation de trugarez malgré l'absence d'accentuation de la syllabe initiale.


Terminologie

Le terme français apocope est un emprunt au grec ancien ἀποκόπτειν, apokoptein 'retrancher'.

En breton, Vallée (1980) donne trouc'h diwez (eur gér), trouc'h-gourfenn, dic'hourfennadur.