L'aphérèse
L'aphérèse est une modification phonétique impliquant l'absence d'un ou plusieurs phonèmes au début d'un mot, par rapport à une forme de référence. En breton, la réduplication enfantine boubousig 'oiseau' (Douarnenez, Denez 1977) vient d'une aphérèse du nom labous 'oiseau'.
Le tempo de prononciation provoque aussi la troncation de syllabes non-accentuées, des aphérèses non-lexicalisées. C'est le cas pour les prononciations des mots accentués sur leur finale, comme l'adverbe 'vat de avat 'cependant', 'michañs pour emichañs 'sans doute, j'espère', ou encore les prépositions 'vit de evit 'pour' ou 'nez de anez 'sans'.
(1) | Job, | 'vad | a | oa | eun | den | dibalamour | a-walh. | |||||||||
Job | cependant | R | était | un | personne | indolent | assez | ||||||||||
'Quant à Joseph, c'était un homme indolent, inactif et sans initiative.' | |||||||||||||||||
Trégorrois, Gros (1984:483) |
(2) | Ac'hañ, | ya | da, | 'michañs ! | |||||||||||||||
Aha ! | oui | sûr ! | j.espère | ||||||||||||||||
'Hé, hé ! J'y compte bien !' | |||||||||||||||||||
Standard, An Here (1996:18) |
Horizons comparatifs
Le français présente quelques exemples d'aphérèse ((mu)zique, (fan)zine, (omni)bus, (Sé)bastien, (É)coute voir !, (En)core toi ?, etc.). Le bilinguisme avec le français n'est pas une pression forte en breton pour l'aphérèse car le français en comporte peu par rapport aux apocopes.
Terminologie
Le terme français aphérèse est un emprunt au grec ancien ἀφαίρεσις aphaíresis 'ablation'.
En breton, Vallée (1980) donne raktrouc'h (er gériou).