Différences entre les versions de « Ket »

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   "More promising, given general pathways of [[grammaticalization]], is an etymological connection with Welsh ''cadach'' 'rag' (a loan from Irish ''cadach'' 'calico') or with Welsh ''ceden'' 'coarse hair, nap, shag, cotton' (cognate with Irish ''catán'' 'nap of shagged cloth'). While the bare-root formation ''cet'' is not found independently in Breton, it is found as part of a compound noun in Old Breton ''guelcet'' 'festival clothing' (< guel 'festival' + ''cet'' 'clothing') and possibly in Old Welsh ''bronnced'' 'breast veil' (< ''bronn'' 'breast' + ''ced'' 'clothing'), although the latter is itself dubious, cf. [[Falileyev (2000)|Falileyev (2000]]:19). In this case, ''quet'' would have developed from use as a [[minimizer]] ('he didn't eat a scrap' > 'he didn't eat at all'). This can be compared to the development of English ''scrap'', which has also grammaticalized as a weak [[negative polarity item]] (including as a [[quantifier]] e.g. ''The police didn't have a scrap of evidence'' but not [[*]]''The police had a scrap of evidence''). Although this may be a promising line of inquiry, the connection between these items and Middle Breton ''quet'' is not phonologically straightforward, and more research is needed to evaluate this hypothesis."


=== usages nominaux de ''ket'' ===
=== usages nominaux de ''ket'' ===

Version du 2 juillet 2022 à 12:09

L'adverbe ket est la partie postverbale prototypique de la négation bipartite ne ... ket.


(1) Ar re-man an neus gwelet ar re-ze n'o deus ket.
le ceux-ci R.3SG a v.u le ceux- ne 3PL 3.a pas
'Ceux-ci ont vu, ceux-là n'ont pas vu.'
Tréguier, Le Clerc (1986:76)


Morphologie

variation dialectale

dans la consonne

En vannetais et en cornouaillais de l'Est, la consonne initiale de ket est palatalisée.


(1) [fOta čeT ].
Faot ket.
faut pas
Il ne faut pas.'
Cornouaillais de l'Est (Lanvenegen), Evenou (1987:571)


(2) [ mǝ ʃǝ ɔ͂ ɟɥǝlǝt ]
Meus ket gwelet.
ai pas le vu
'Je ne l'ai pas vu.'
Bas-vannetais, Cheveau (2007:208)


(3) [ nǝ hasǝ cǝt]
na ma c'hasit ket
ne1 me envoyez pas
'Ne m'emmenez pas.'
Bas-vannetais, Cheveau (2007:207)


Dans la vallée du Scorff, ket peut être réduit à [tʃ] devant voyelle.


(4) Ar paotr-se n'eo k'arru mat anezhoñ. ([netʃaru...])
le gars- ne est pas arriv.é bien P.lui
'Ce gars-là, il n'est pas bien arrivé, i.e. il n'est pas bien mûr.'
Le Scorff, Ar Borgn (2011:12)


dans la voyelle

(5) /gaf ki hi:R e amzɛR/
Ne gav ket hir e amzer.
ne1 trouve pas long son1 temps
'Il ne s'ennuie pas.'
Poher (Carhaix), Timm (1989:364)


accentuation

L'accentuation de ket varie selon les dialectes. Quelques cartes de l'ALBB le montrent, comme la carte 206 'Je ne peux pas', la carte 235 'je ne sais pas', carte 242 'je ne savais pas', carte 250 'on ne sait pas' et carte 251 'on ne saura pas'.


Sommerfelt (1921:§210), pour Saint-Pol-de-Léon, considère que la partie ne de la négation est inaccentuée mais que ket est "généralement faiblement accentué".

Ne gᾱ̀ rᾱn kēd an dràhẹ 'Je n'aime pas cela.'
Ne dèyọ kēd ę̀ryọ 'Il ne viendra pas aujourd'hui.'

Sommerfelt (1921:§212) remarque que le verbe est à la troisième personne du sg. du présent porte l'accent moyen quand il est monosyllabique. La négation ket reçoit alors l'accent principal (ne gär kèt). Il donne également : Ne kèt 'Ce n'est pas', mais Ne kēd gẅῑˋr 'Ce n'est pas vrai.'

Selon Plourin (1982:667), ket est accentué en Léon, mais est inaccentué en cornouaillais de Langonnet et à Saint Servais.

En dialecte de Tréguier, ket compte pour l'accentuation comme faisant partie intégrante du verbe pour la structure prosodique. C'est donc, dans ce système où l'avant-dernière syllabe est accentuée, la désinence verbale qui porte l'accentuation Le Dû (2012:73). Selon Quiggin (1909-1910), le déplacement de l'accent avec ket est remarquable au sud de Guigamp et dans la partie nord de la Cornouaille mais inconnu à Morlaix. Jackson (1961:329) remarque ce déplacement à Plougrescant.

 "the negative verb followed by ket takes main stress, and if it is polysyllabic then the stress is on the last syllable. So 
 ne teuz ket ['tœs kət];
 ne vane ket [ə vâ'ne kət], 
 [locutrice] G.; ne chômez ket, 'do not stay', [ʃo'mes kət].


forme orthographique

La négation apparaît sous l'orthographe cet ou quet dans les textes de moyen breton. Cette orthographe perdure parfois dans des textes moins anciens.


(5) m' ha punissou, té, pé n'ellein quet er gobér.
moi te punirai toi ou ne pourrai pas le faire
'Je te punirai, toi, ou je ne le pourrai pas.'
Vannetais, Guillome (1836:32)

Syntaxe

distribution

Ket apparaît devant le sujet (Borsley & Stephens 1989:413-15, Borsley & Roberts 1996:22). Dans l'exemple en (4), l'adverbe james entre ket et le sujet assure que l'ordre des mots ne découle pas d'une cliticisation de ket.


(4) Ne sell ket james Marijo (* ket james) ouzh an dud war ar blasenn.
ne1 regarde pas jamais Marijo (pas jamais) à le 1gens sur le 1place.SG
'Marijo ne regarde jamais les gens sur la place.'
Standard, Jouitteau (2005:155)


Tallerman (1997:218) note que ket précède le marqueur progressif o. Elle en conclut que la négation est une projection fonctionnelle externe à la projection maximale du groupe verbal (VP).


(5) Va breur n'emañ ket o vont a-hed an hent .
mon2 frère ne est pas à4 aller à.long le route
'Mon frère ne va pas le long de la route.'
Press (1986:155)


horizons comparatifs

En gallois moderne, le marqueur de négation ddim apparaît immédiatement après le sujet (Willis (2013:255). Ceci confirme qu'en gallois, le sujet est placé plus haut dans la structure qu'en breton.


ket ken

Ar Merser (2009:549) note qu'en haut-cornouaillais principalement, ken, 'plus', ne provoque pas la disparition de 'ket'.


(5) N'eus ket ken .
ne y.a pas plus
'Il n'y en a plus.'
Ar Merser (2009:549)


ket met vs. ken met

Il y existe une alternance à priori entièrement optionnelle entre ket met et ken met.


(6) /nəše me-xundi:w /
ne y.a pas mais-notre 2
'Il n'y a que nous deux.' (des femmes)
Vannetais (Groix), Ternes (1970:292)


(7) 'Vez ket bevet 'met ur wech !
est pas vécu seulement un 1fois
'On ne vit qu'une fois !'
Scaër/Bannalec, H. Gaudart (04/2016)


cycle de Jespersen

négation sans ket

Le breton suit le cycle de Jespersen de la négation. Dans les formes datées de la langue, la seconde partie de la négation pouvait ne pas apparaître.


(1) N'ouzonn [CP petra ober ].
ne sais quoi faire
'Je ne sais que faire.'
Tréguier 1906, Le Clerc (1986:206)


Dans les formes de la seconde moitié du XX° et dans celles du XXI° siècle, la partie élidable de la négation est au contraire la particule préverbale ne, d'une façon parallèle au français (ne) ... pas.


(2) ha ni ar vugalez e houlennem ket e viche braz an dachenn…
et nous le 1enfant.s R4 demandions pas R4 serait grand le 1lopin
'et nous les enfants ne demandions pas que le lopin soit grand… '
Ouessant, Gouedig (1982)


(3) /parskan bud əwaj e-rgaer bijənoX ẃidon... ag əjaleče raportiɲ /
parce.que être R.y.avait en.le 1foyer petit.plus que.moi que R.pouvait.pas rapporter
'Parce qu'à la maison il y avait des plus petits que moi qui ne pouvaient pas rapporter (de l'argent).'
Vannetais (Groix), Ternes (1970:248)


(4) Gwechall, pa veze re a avel, ez aent ket d'an aod.
autrefois quand1 était trop de1 vent (ne) R allaient pas à le côte
'Autrefois, ils n'allaient pas en mer quand il y avait trop de vent.'
Léon (Plougerneau), Elégoët (1982:9)


Cependant, des poches conservatrices gardent toujours la possibilité de la négation préverbale unique ne sans ket au XXI°, comme à Sein.


(8) or c'hi grignouz, ne dean da vagwal.
un 5chien hargneux ne1 arrête de1 aboyer
'Un chien hargneux, il n'arrête pas d'aboyer.'
Sein, Fagon & Riou (2015:'bagwal')


négation avec ket seul

(1) Ema ket 'n ger vraz 'nei.
est pas un 1ferme 1grande P.elle
'Ce n'est pas une grande ferme.'
Saint-Yvi, German (2007:175)


variation dialectale de ket obligatoire

A Scaër/Guiscriff, selon Naoned (1952:61), ket accompagne toujours les formes négatives ne... netra, ne... den, ne...ken, ne... mui.


Diachronie

Selon Willis (2013:253), ket est apparu dans l'intervalle entre le vieux breton (IX°-XI°) et le moyen breton (à partir de 1450).

Hemon (2000:§185) note qu'en moyen breton, quet vient parfois renforcer une forme positive. Il donne:

da-n re á fynys quet ho fet en pechedou, M. 1396
ne gouzyent pe respontsent quet, Pm. n. 147


 Bihan (2016:236):
 "le moyen-breton quet n'avait pas la même charge que le moderne ket, ce mot était un mot de renforcement soit positif ('certes, assurément', etc.), soit négatif (rôle identique à celui du pas français)."


Willis (2013:253) considère que quet apparaît optionnellement dans les contextes de faible polarité négative. Il relève des exemples de quet dans une conditionnelle, dans des questions oui/non en matrices ou en enchâssées, et sous la portée du quantifieur universel holl:

ancouffnez... ho holl poan ho-deues quet gouzaffet... a raint, M. 3313
'Ils oublieront toute la douleur qu'ils ont supporté.'

Hemon (2000:§185) cite aussi en moyen breton et en breton pré-moderne des usages comme 'le moindre' an disterañ, après la préposition privative hep 'sans'.

hep quet sy, Nl. n. 13
hep quet mar, Pm. n. 78, BD. 1788
hep dout quet, G. 169.
hep quet a reiz, Dag. 144
hem quet abus, NG. 340

Willis (2013:255) note que la distribution de quet était alors très différente de la situation en breton moderne. Quet pouvait par exemple apparaître en initiale de phrase, ou en périphérie droite. De plus, il pouvait apparaître dans un domaine propositionnel différent de la négation ne:

  • Muy ne guelaf [ ez duhen quet ].
'Je ne vois pas du tout que je devrais revenir.', Breton XVI°, G.:69


chemin de grammaticalisation

Fleuriot (1964:283) propose une connection de ket avec le complémenteur cet 'bien que' du vieux breton correspondant au moyen gallois kyt. Hemon (1975:284, 2000:§185) évoque et rejette une connection avec le moyen breton quet 'effectivement'. Willis (2013:254) confirme ne pas voir de lien entre ces deux éléments.

Willis (2013:254) propose de chercher l'étymologie de ket parmi les éléments connus par ailleurs à travers les langues pour fournir une source profuse d'éléments de négation: les minimiseurs et les indéfinis. Il est commun à travers les langues que du matériel morphologique de la négation vienne d'un nom nu servant de minimiseur. En gallois, ddim a signifié 'chose'. En français, les minimiseurs pas, goutte, mie, ont aussi évolué en parties postverbales de la négation. Un exemple d'indéfini grammaticalisé en négation est l'anglais not (< 'nothing', 'rien').

 Willis (2013:254):
 "More promising, given general pathways of grammaticalization, is an etymological connection with Welsh cadach 'rag' (a loan from Irish cadach 'calico') or with Welsh ceden 'coarse hair, nap, shag, cotton' (cognate with Irish catán 'nap of shagged cloth'). While the bare-root formation cet is not found independently in Breton, it is found as part of a compound noun in Old Breton guelcet 'festival clothing' (< guel 'festival' + cet 'clothing') and possibly in Old Welsh bronnced 'breast veil' (< bronn 'breast' + ced 'clothing'), although the latter is itself dubious, cf. Falileyev (2000:19). In this case, quet would have developed from use as a minimizer ('he didn't eat a scrap' > 'he didn't eat at all'). This can be compared to the development of English scrap, which has also grammaticalized as a weak negative polarity item (including as a quantifier e.g. The police didn't have a scrap of evidence but not *The police had a scrap of evidence). Although this may be a promising line of inquiry, the connection between these items and Middle Breton quet is not phonologically straightforward, and more research is needed to evaluate this hypothesis."

usages nominaux de ket

L'hypothèse que l'origine de ket est à chercher dans un indéfini serait à mettre en lien avec le nom négatif ket 'rien' relevé en vannetais moderne chez Herrieu.


(1) Rac'h an traoù-se e'it ket.
tout le choses- pour rien
'Tout ça pour rien.'
Vannetais, Herrieu (1994:45)


(2) ... un nebeud tud yaouank ag an daou du, lazhet e'it ket.
un peu gens jeune de le deux1 côté tu.é pour rien
'... quelques jeunes gens des deux côtés, tués pour rien.'
Vannetais, Herrieu (1994:85)


Favereau (1997:§490) mentionne par ailleurs avoir trouvé trace d'un usage nominal dans un manuscrit de la grammaire de Fave datant de 1997.

Horizons comparatifs

Delanoy (2010) relève en gallo un emploi de minimiseur: Il n'entend quette 'Il n'entend rien'. Châtelier (2012) relève en gallo du pays nantais à Bouvron l'emprunt au nominal breton qiett [kiɛt] 'rien'; J n'y comprend kiett 'Je n'y comprends rien'.

En argot français, présent en français de Bretagne, on trouve une ressemblance accidentelle avec queud (Je pige queud 'Je ne comprends rien', J'entends queud 'Je n'entends rien'). Il s'agit d'une apocope de que dalle, littéralement 'seulement (une) dalle', un minimiseur devenu mot négatif signifiant 'rien'.


Bibliographie

  • Fleuriot, L. 1964b. Dictionnaire des gloses en vieux-breton (DGVB.), édition 1964 Klincksieck, Paris; édition 1985: Claude Evans & Léon, Toronto, p.104.
  • Hemon, R. 2000. 'Ar ger quet;ket ', Yezhadur istorel ar Brezhoneg/Dictionnaire historique du breton, Hor Yezh. [éd. 1958 - 1978, Preder, La Baule], §185.
  • Willis, David. 2013. 'Negation in the history of the Brythonic Celtic languages', David Willis, Christopher Lucas & Anne Breitbarth (éds.), The History of Negation in the Languages of Europe and the Mediterranean, 239-298.