Kap, kat, kapap

De Arbres

L'adjectif kap ou kat, kapap est un emprunt transparent au français 'capable'. Il dénote la capacité au sens large.


(1) Diouzh ma hoazez n'on kap da vann.
à mon2 assise ne'suis capable de1 zéro
'(Quand je suis) assis je ne peux rien (faire).' Trégorrois, Gros (1970:chap.II)


Morphologie

On trouve aussi les formes kat, kapt, ou kapapl, kapap, kapab.


(2) mɔ̃ mke kapt mejn La Forêt Fouesnant, Avezard-Roger (2004a:140)
ne'suis pas capable plus
'Je ne suis plus capable.'


(3) N'on ket kapab, krena ra on divesker niennon. Ouessant, Gouedig (1982)
na1'suis capable trembler fait notre deux.F.jambe sous.moi
'Je n'en suis pas capable, mes jambes tremblent sous moi.'


(4) Kapap a-walc'h 'vijen d'ober tammoù geizoù dezhi.
capable assez R serais de'faire morceau.x caresses à.elle
'Je serais bien capable de faire l'amour avec elle.' Menard (1995:§ geizoù)


(5) Tout e vezont krevet oc'h ober bourjinerezh, o klask gwelet piv eo ar c'hapaplañ.
tous R sont crevés à4 faire bêtise à4 chercher voir qui est le 5capable.le.plus
'Tous se crèvent en faisant des bêtises à essayer de voir qui est le meilleur.' Léon, Mellouet & Pennec (2004:160)


répartition dialectale

L'adjectif kap, kat ou kapap est en compétition à travers les dialectes avec les adjectifs barrek et gouest. Dans les phrases négatives, on compte aussi avec la tournure pas bezañ evit, chom hep bezañ (N'oun ket évit ober an dra-ze, 'Je ne peux pas faire cela', Ouessant, Malgorn 1909).

La carte 205 de l'ALBB montre que pour traduire 'Moi je peux (courir)', le verbe gallout est utilisé dans tous les dialectes, sauf le pays bigouden qui ressort à des tournures comme Me zo gouest, Me zo kat.

Malgorn (1909) à Ouessant donne eur paotr kapabl 'garçon grand et fort'. Il ne relève pas gouest.

Syntaxe

distribution

En (1), l'adverbe négatif mui apparaît à droite de kap, ce qui suggère que ce dernier a opéré un petit mouvement vers la gauche.


(1) Me m'eus paseet alies du-se met n'on ket kap mui [ da vont ].
moi 1SG'a passé souvent chez eux/là-bas mais ne1'suis pas capable plus à1 aller
'J'y suis souvent passé mais je ne peux plus y aller.' Bas-Cornouaillais (Tréboul), Hor Yezh (1983:72)


kap da

Le groupe verbal argument de kap est introduit par la préposition da1.


(2) Kap da dremen hep butun ne oa ket.
capable de1 passer sans tabac ne1 était pas
'Il ne pouvait pas se passer de tabac.' Trégorrois, Gros (1989:'kap')


Cependant, il existe des structures où da peut aussi introduire l'expérienceur.


(3) /'kap e dej/ Poher (Carhaix), Timm (1987a:268)
Kap eo dezhi.
capable est à.elle
'Elle est capable, compétente.'

kap ken ha ma...

(3) [ kap ken a ma hɛlõmp etehɔmp davelutanezo ] Saint-Pol-de-Léon, Avezard-Roger (2004a:337)
Kap ken ha ma c'hellomp e tec'homp da welout anezho.
capable tant que que4 pouvons R4 partons pour1 voir P.eux
'Dès que nous pourrons, nous irons les voir.'


Sémantique

Kap est un prédicat qui peut dénoter la capacité physique d'opérer une action.


(1) N'on ket kap da ganna ken gwenn ken hag e oan bet oh ober.

'Je ne peux plus laver aussi blanc que je le faisais un temps fut.', Gros (1989:'bet')


La sémantique de kap excède cette idée de capacité physique ('ne pas être capable') pour une idée de pouvoir plus générale ('ne pas pouvoir').


(2) Amañ n'eus ket kap den ebet da gaoud mann.
ici neest pas capable personne aucun de1 avoir zéro
'Ici personne ne peut rien avoir.' Trégorrois, Gros (1989:'abil')


lecture déontique

La lecture peut être déontique ('Tu ne peux pas (décemment)!').


(3) Ar plac'hig-se zo diwarnout 'vat te n'out ket kap da nac'h honnezh.
le fille.DIM- est d'après.toi mais toi ne es pas cap de1 nier celle.là
'Cette gamine tient de toi, sûr, tu ne peux pas la renier.'
Standard, Ar Barzhig (1988:36), cité dans Ledunois (2002:273)


lecture épistémique

La lecture peut-être épistémique, avec le locuteur qui induit une part d'inconnu dans la résolution.


(4) kapad eo houmañ da goue(z)o.
capable est celle.là de1 tomber
'Celle-ci était capable/susceptible de tomber' Breton central, Favereau (1984:357)