Kaout, 'avoir'

De Arbres

EN CHANTIER

Traits exceptionnels du verbe 'kaout'

  • Le verbe kaout est d'abord exceptionnel en ce qu'il varie avec les traits du sujet sur la gauche du composé.

Le Gonidec (1838:87) note déjà que ces traits du sujet sur la gauche du composé sont uniques à ce verbe. Il se refuse à considérer le préfixe comme un morphème libre du verbe, car l'ensemble suit la règle de placement du verbe fléchi en seconde place.

La variation de la morphologie de l'accord du verbe kaout, 'avoir', est documentée dans l'ALBB (j'ai, nous avons, tu as, vous avez, il a, elle a, ils ont, j'aurai, tu avais, j'avais)


  • Le verbe kaout n'a pas d'impératif (Wmffre 1998:42).
  • Le verbe 'avoir', en langue standard, est bloqué à l'accord riche.

Blocage à l'accord riche

En règle générale, le système d'accord du breton montre un "effet de complémentarité": les traits du sujet sont réalisés morphologiquement soit sur le sujet lui-même, soit sur l'accord verbal, mais pas sur les deux.

Les seules exceptions à l'effet de complémentarité sont:

  • Les pronoms echo
  • les sujets séparés du verbe par la négation
  • les sujets pronominaux préverbaux signalés par German (2007:173-174) dans le breton de Saint Yvi
  • le verbe 'avoir', qui ne suit pas cette règle.


 Le Gonidec(1838:92): Le verbe 'kaout' est de tous les verbes le plus irrégulier, 
 en ce qu'il ne varie ses terminaisons que dans les temps et jamais dans les personnes. 
 Ce verbe n'a pas, à proprement parler, de conjugaison au personnel, mais seulement 
 deux formes de conjugaison différentes à l'impersonnel.


Le Gonidec(1838:90) note que la conjugaison impersonnelle ne diffère de la conjugaison personnelle "qu'en ce que le pronom personnel, qui n'est pas exprimé qu'une fois dans l'autre avant le verbe, l'est deux fois immédiatement dans celle-ci."

Variation dialectale

Le verbe 'kaout', avoir suit des règles de conjugaison différentes de dialecte en dialecte.

Le breton central, comme illustré par Wmffre (1998:37,40), marque un système en pleine évolution.

L'accord en personne est marqué par le préfixe, comme dans les variétés plus anciennes, mais l'accord en nombre est bascule vers les suffixes. A la deuxième personne le nombre est marqué sur le préfixe, mais il apparaît en suffixe pour la première personne. Il n'y a pas d'accord en genre.

Le fonctionnement de l'accord est aussi en voie de régularisation.

A la première et seconde personne, le verbe s'accorde avec les traits du sujet, mais le système de complémentarité émerge à la 3PL.

Ce n'est pas décelable au singulier puisque l'accord riche et l'accord pauvre y sont réalisés de la même manière, mais au pluriel, on voit que les sujets réalisés, pronominaux ou nominaux, déclenchent l'accord pauvre (n~œɲ vs. hiɲ nøs). C'est un trait de régularisation du verbe avoir vers le système de tous les autres verbes de la langue.

Intérêt théorique

Horizons comparatifs

Bibliographie

Description générale

Le Gonidec, Jean-François, 1807. Grammaire celto-bretonne, Paris réed. 1838. ed. H. Delloye.

Ouvrages théoriques

Description de la variation dialectale

Spécialistes référents pour cette fiche de collectage

Milan Rezac, CNRS, UMR 7023 Université Paris 8