Différences entre les versions de « Kan-, ken-, kem-, kef-, kev-, kiv-, kom-, kon- »
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Il est possible qu'il s'agisse de préfixes différents. [[Gros (1984)|Gros (1984]]:369) considère que le préfixe en (2) remonte au vieux breton et "n'est plus productif en breton trégorrois". | Il est possible qu'il s'agisse de préfixes différents. [[Gros (1984)|Gros (1984]]:369) considère que le préfixe en (2) remonte au [[vieux breton]] et "n'est plus productif en breton trégorrois". | ||
(2) '''''kem'''bennad'', 'long moment', [[Gros (1984)|Gros (1984]]:369) | (2) '''''kem'''bennad'', 'long moment', [[Gros (1984)|Gros (1984]]:369) | ||
== Diachronie == | == Diachronie == |
Version du 12 septembre 2017 à 17:06
Le morphème ken- apparaît aussi sous les formes ke-, kev-, kef-, ki-, kiv-, ainsi qu'avec les nasales kem-, kom-. Les formes kan- et kon- sont aussi apparentées.
Ce préfixe est très productif. Sur les noms ou les verbes, il dénote une notion de groupe, de collectif ou un parallélisme .
(1) | Ha, dezhañ _ | bevañ e kumuniezh, | n’en doa ket | d’he c’henlodañ gant den. | |||
et, de.lui | vivre en commun.auté | ne’3SGM avait pas | à’la com-partager avec personne | ||||
'Et, bien qu’il vive en communauté, il n’avait pas à la partager avec quiconque. | |||||||
Standard, Drezen (1990:64) |
(2) kenvreuriañ, 's'affilier'
- kenvroad, 'compatriote'
- kenwerzh, 'commerce'; kenwerzhañ, 'commercer'; kenwerzhour, 'commerçant', Deshayes (2003:37)
(3) kevrenn, 'part, portion' (Trépos 2001:§121), 'section' (Favereau 1997:§194)
Trépos (2001:§121) cite kengarantez, 'affection mutuelle', kenvreur, 'confrère'
Gros (1984:369) donne kevannus, 'fréquenté'.
Favereau (1997:§229) donne kevleue / kefleue, 'avec veau'.
Morphologie
choix des allomorphes
Kervella (1947:§878) donne :
- kenson, kengarantez, kenganañ, kenober, kenoad, kenouenn,
- kenstrollañ, kenderc'hel, kenep, kenliv
- kenforn mais keflusk, keferata, kefrifi, kefrisa
- kenvroad mais kevleue, kevilin, kevezer, keveler,
- kevenderv, kevrenn, kevre, kevred, kevnid, kevrin, kevatal, kewez
- kivioul, kivni
Les racines en /m, p, b/ déclenchent l'allomorphe de finale nasale et labiale /-m/ du préfixe: kempouez, kemmesk, kombod, kemenn
variation
La morphologie du préfixe hésite parfois: keveil = keneil.
exocentricité
Le préfixe kef-, kev-, kiv- est exocentrique: il crée un adjectif à partir d'une catégorie nominale, comme dans kivioul, 'opiniâtre'. En ce sens, il est similaire au privatif di- dans dic'hoarzh, 'maussade'.
mutations
Selon Helias (1986:15), ce préfixe provoque uniformément une lénition.
(1) | Ne gare ket | nemeur | e genvreur, | abalamour d’e | spered risigner. | |
ne1 aimait pas | guère | son1 confrère | à.cause de'son1 | esprit rican.eur | ||
'Il n'aimait guère son confrère à cause de son esprit moqueur.' | ||||||
Standard, Drezen (1990:28) |
Kervella signale que ken- déclenche une lénition sur sa racine, à l'exception des racines en /d/ (kendere).
(2) | ...evit ma kavi | eur gwaz | eus da gendere, | merc'hig ? | ||
pour que trouveras | un mari | de ton1 milieu.social | fille.DIM | |||
'Pour que tu trouves un mari de ton milieu social, ma fille?' | Léon (Bodilis), Ar Floc'h (1922:347) |
(3) kendalc’h, ' continuation' (Favereau 1997:§194), 'maintien' (Trépos 2001:§121)
Selon Chalm (2008:w-217), ken- ne provoque pas non plus de lénition sur une initiale en /g/.
Sémantique
Ken- implique une pluralité sémantique des entités dénotées par sa racine.
(5) | Em gavet a ran | get kenseurted, | amezeion. | |||||||
se1 trouver R fais | avec con.sort.s | voisins | ||||||||
'Je me retrouve avec mes pareils, des voisins.' | Vannetais, Herrieu (1994:§13) |
Selon Deshayes (2003:37), ken- rend l’idée de "mutualité, de réciprocité, ou implique l’idée de conjonction, de regroupement, d’accession". Selon Trépos (2001:§121), ce préfixe exprime une idée de communauté.
relevés sémantiquement opaques
Certaines initiales en kem- sont données comme exemple de ce préfixe sans qu'on retrouve sa sémantique habituelle.
(1) kempenn, 'ordonné', Favereau (1997:§194)
Il est possible qu'il s'agisse de préfixes différents. Gros (1984:369) considère que le préfixe en (2) remonte au vieux breton et "n'est plus productif en breton trégorrois".
(2) kembennad, 'long moment', Gros (1984:369)
Diachronie
Matasovic (2009) propose une racine protoindo-européenne et proto-celtique en *kom 'avec', ayant donné le vieil irlandais co, cu [+nasalisante, DAT], le moyen gallois cyf-, le moyen breton et cornique kev-. Le latin cum 'avec' est apparenté. Cette racine protoindo-européenne a un autre dérivé celtique, le racine protoceltique *kanti, *kmti-, qui a donné gant 'avec' en breton moderne.
Deshayes (2003:37) propose, à partir du vieux breton, la dérivation diachronique suivante :
- vieux breton co-
- > breton moderne ke- noté principalement devant une initiale en h.
- cf. gallois cy-
- vieux breton con-
- > breton moderne kon-
- > breton moderne ken-, qui provoque une mutation sauf sur /d, g/
- variante kun- pour les mots dont le radical a une initiale contenant un u, /y/.
- cf. gallois cyn-
- vieux breton com-
- > moyen breton queff- > breton moderne kev- devant une voyelle
- cf. gallois cyf-
- > breton moderne kem- par assimilation devant m ou par labialisation devant un p ou un b.
Le Bayon (1878:15) propose quelques dérivations:
- kan- + dereu, 'souche' > kan̄derw, 'de même souche, cousin'
- ken- + ment, 'taille' > kement, 'autant, de même mesure'
- kam- + pouis, poids > kampouis, kempouez, 'de même poids'
Bibliographie
- Loth, J. 1921. 'Co-, com-, con- dans les langues brittoniques', Annales de Bretagne 35:2, 263-267. texte.