Différences entre les versions de « Jouitteau (2018b) »

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   Les modèles d’[[acquisition]] statistiques prédisent que les enfants sans foyer brittophone vont produire uniquement les constructions syntaxiques les plus présentes dans leur input; celles du [[breton standard]] (ou [[agrammaticales]]) présentes à l’école. Le personnel enseignant fournit en effet pour les enfants scolarisés le gros de l’input linguistique, or ce personnel est lui-même dans la tranche d’âge du chaînon manquant dans la transmission linguistique. Il majoritairement de langue seconde et éduqué en breton standard. Les modèles d’acquisition sociologiques prédisent la même chose car, à part dans quelques milieux restreints, le breton standard est socialement plus valorisé que les bretons dialectaux des variétés traditionnelles.  
   "Les modèles d’[[acquisition]] statistiques prédisent que les enfants sans foyer brittophone vont produire uniquement les constructions syntaxiques les plus présentes dans leur input; celles du [[breton standard]] (ou [[agrammaticales]]) présentes à l’école. Le personnel enseignant fournit en effet pour les enfants scolarisés le gros de l’input linguistique, or ce personnel est lui-même dans la tranche d’âge du chaînon manquant dans la transmission linguistique. Il majoritairement de langue seconde et éduqué en breton standard. Les modèles d’acquisition sociologiques prédisent la même chose car, à part dans quelques milieux restreints, le breton standard est socialement plus valorisé que les bretons dialectaux des variétés traditionnelles.  
   J’ai montré que ces prédictions étaient fausses pour la syntaxe si les enfants sans foyer brittophone avaient des contacts, même très épisodiques, avec des locuteurs natifs. Pour cela, j’ai rassemblé trois études de cas de transmission de propriétés syntaxiques du pôle générationnel le plus ancien au plus jeune, dans des situations de contacts très épisodiques. Les trois phénomènes syntaxico-morphologiques dont j’ai repéré la transmission n’avaient pas été précédemment décrits, ce qui exclut une transmission par le système éducatif. Dans les trois cas, un phénomène restreint à un dialecte traditionnel diatopique se retrouve dans la syntaxe à l’autre bout de la chaîne de transmission, par delà les générations du chaînon manquant et malgré la pression inverse du breton standard.  
   J’ai montré que ces prédictions étaient fausses pour la syntaxe si les enfants sans foyer brittophone avaient des contacts, même très épisodiques, avec des locuteurs natifs. Pour cela, j’ai rassemblé trois études de cas de transmission de propriétés syntaxiques du pôle générationnel le plus ancien au plus jeune, dans des situations de contacts très épisodiques. Les trois phénomènes syntaxico-morphologiques dont j’ai repéré la transmission n’avaient pas été précédemment décrits, ce qui exclut une transmission par le système éducatif. Dans les trois cas, un phénomène restreint à un dialecte traditionnel diatopique se retrouve dans la syntaxe à l’autre bout de la chaîne de transmission, par delà les générations du chaînon manquant et malgré la pression inverse du breton standard.  
    
    
   Ces faits suggèrent que les enfants sur-représentent l’input linguistique de locuteurs qu’ils reconnaissent comme natifs.   
   Ces faits suggèrent que les enfants sur-représentent l’input linguistique de locuteurs qu’ils reconnaissent comme natifs."    




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Version du 24 mars 2021 à 10:32

  • Jouitteau, M. 2018b. 'Children Prefer Natives, a study on the transmission of a heritage language; Standard Breton, Neo-Breton and traditional dialects', Maria Bloch and Mark Ó Fionnáin (eds.), Centres and Peripheries in Celtic Linguistics, Lublin, Peter Lang, 75-108. texte.


 résumé:
 "Les modèles d’acquisition statistiques prédisent que les enfants sans foyer brittophone vont produire uniquement les constructions syntaxiques les plus présentes dans leur input; celles du breton standard (ou agrammaticales) présentes à l’école. Le personnel enseignant fournit en effet pour les enfants scolarisés le gros de l’input linguistique, or ce personnel est lui-même dans la tranche d’âge du chaînon manquant dans la transmission linguistique. Il majoritairement de langue seconde et éduqué en breton standard. Les modèles d’acquisition sociologiques prédisent la même chose car, à part dans quelques milieux restreints, le breton standard est socialement plus valorisé que les bretons dialectaux des variétés traditionnelles. 
 J’ai montré que ces prédictions étaient fausses pour la syntaxe si les enfants sans foyer brittophone avaient des contacts, même très épisodiques, avec des locuteurs natifs. Pour cela, j’ai rassemblé trois études de cas de transmission de propriétés syntaxiques du pôle générationnel le plus ancien au plus jeune, dans des situations de contacts très épisodiques. Les trois phénomènes syntaxico-morphologiques dont j’ai repéré la transmission n’avaient pas été précédemment décrits, ce qui exclut une transmission par le système éducatif. Dans les trois cas, un phénomène restreint à un dialecte traditionnel diatopique se retrouve dans la syntaxe à l’autre bout de la chaîne de transmission, par delà les générations du chaînon manquant et malgré la pression inverse du breton standard. 
 
 Ces faits suggèrent que les enfants sur-représentent l’input linguistique de locuteurs qu’ils reconnaissent comme natifs."