Hebiou, e-biou, e-biv
La postposition hebiou dénote la proximité spatiale pour un mouvement.
(1) | Aet | oa | hebiou | an ti | hep | d'ar | c'hi | harzal. | |||||||||
all.é | était | à-côté | le maison | sans | de le | 5chien | aboyer | ||||||||||
'Il était passé à côté de la maison sans que le chien aboie.' | |||||||||||||||||
Standard, Menard & Kadored (2001:§'hep') |
Morphologie
catégorie
Jules Gros et Ledunois (2002) considèrent que hebiou / e-biou / e-biv est une préposition. Cette hypothèse semble confortée par la traduction en (2).
(2) | Mont | 'biou | 'r | gar | ||||||||||||||
aller | à-côté | le | "gare" | |||||||||||||||
'passer devant la gare' | ||||||||||||||||||
Cornouaillais de l'est maritime, Bouzeg (1986:25) |
Cependant, la distribution de e-biou est restreinte aux verbes de mouvement tels que mont 'aller', tremen 'passer' ou bezañ 'être'. Cette distribution restreinte en ferait plutôt une postposition.
(3) | Buhez | ar bed | o | vont | e-biou. | ||||||||||||
vie | le monde | à4 | aller | à-côté | |||||||||||||
'La vie du monde s'écoule.' | |||||||||||||||||
Standard, Hemon (1998) |
Cette hypothèse est confirmée par le fait que e-biou n'est pas un support à l'incorporation pronominale.
réduplication
La réduplication obtient une sémantique itérative.
(4) | Ale | vliw ! | Hezh | skôe | ket | war | ar youd, | oa | 'biou-'biou | beb | taol. | ||||||
allez | vlan | il | frappait | pas | sur | le bouillie | R | était | à-côté-à-côté | chaque | coup | ||||||
'Allez vlan ! Il ne frappait pas sur la bouillie, c'était à côté à chaque coup.' | |||||||||||||||||
Haut-cornouaillais, Lozac'h (2014:'vliw') |
répartition dialectale
Gros (1966:7, fn1) cite comme typique du trégorrois de Trédrez la forme concurrente dibut.
(5) | [ bɛ᷉ ː | paˈseːl | ʁa | bjuz | ˈɐxə | ˈgiʃə, | ᷉ɛ] | ||||||||||
Ben… | Paseal | a | ra | biou | aze, | e-giz-se, | hein. | ||||||||||
eh bien | passer | R | fait | à-côté | là | comme-ça | einh | ||||||||||
'Eh bien, le fait est qu'il passe par ici, einh.' | |||||||||||||||||
Cornouaillais (Briec), Noyer (2019:249) |
Diachronie
Fleuriot (1970b:716) considère qu'il s'agit d'un dérivé de heb au sens ancien de 'à côté' comme le gallois heibio. Il ajoute qu'"il serait plus correct de l'écrire hebiou, cf. irlandais sech-sechae". Il ne s'agit pas d'un composé de piv (contra Gros 1966:209).
Bibliographie
- Gros, Jules 1970. TBP.I Le trésor du breton parlé I. Le langage figuré, chapitre II.
- Hemon, Roparzh. 1998. 'Buhez ar bed o vont e-biou', Hor Yezh 215: 29-30.
- Ledunois, Jean-Pierre. 2002. La préposition conjuguée en breton, thèse, Skol-Veur Roazhon, Atelier National de Reproduction des Thèses. (p. 281-)