Hag-eñ

De Arbres

Hag-eñ apparaît dans les interrogatives polaires, en matrice comme en enchâssées.


(1) Daoust hag-eñ ne vije ket aze evel un dasson eus karantez kollet Anjela ?
est.ce.que ne serait pas ici comme un écho de amour perdu Anjela
'Est-ce que ce ne serait pas là un écho de l'amour perdu d'Angela?' Standard, Koadig Anjela Dual hiziv


Morphologie

(1) ag'ɛ~w Breton central, Wmffre (1998:56)


(2) / ˌnuzõ ke 'hjã 'tjọ /
N’ouzon ket hag-eñ e teuio.
ne sais pas si R viendra
'Je ne sais pas s’il viendra.' Plozévet, Goyat (2012:235)


variation dialectale

Solliec (2015) reporte à Loqueffret la forme di geo: / da vel diˈgeɔ / , 'pour voir si'.

La forme hag eñ est rejetée à Plougerneau (M-L. B. 02/2016) et à Lesneven (A.M. 02/2016), ou bien elle est interprétée comme le complémenteur ha(g) suivi d'un pronom fort masculin singulier.


restriction aux enchâssées en trégorrois

En trégorrois, ha(g) (eñ) semble restreint aux enchâssées, ou au moins y est plus facilement mobilisable. Selon Leclerc (1986:205), hag-eñ est utilisé "si la proposition est introduite en français par la conjonction interrogative si", c'est-à-dire en enchâssée dans une complétive interrogative indirecte. Selon Le Dû (2012:98) aussi, hag eñ s'emploie surtout en trégorrois en enchâssées.


(1) N'êllɑ̃-ke laad ag ẽ mó fin.
ne'peux-pas dire si aurai fini
'Je ne puis pas te dire si j'aurai fini.' Trégorrois (Plougrescant), Le Dû (2012:99)


  • Eur wech an amzer, Bilzig a deue da welet hag-en a oa dihun ar bôtrez.
'De temps en temps, Bilzig venait voir si la petite fille était réveillée.', Bas-Trégor, Al Lay (1925:20)


Syntaxe

distribution

On trouve hag eñ en préface des question oui/non directes ou rapportées, en matrices comme en enchâssées.

Selon Bihan & Press (2003:187) et Merser (2011:56), la forme hag eñ apparaît lorsque le verbe de la subordonnée le suit directement, en contraste avec ha(g) qui apparaîtra lorsqu'un autre constituant occupe la place préverbale (ordres V2 en enchâssées). C'est aussi la distribution rapportée par Rivero (1999:81-82 - un exemple avec un sujet non-masculin singulier serait cependant plus convaincant, à cause des risques de confusion avec un sujet).


(3) N'ouzon ket ha lennet en deus al levr.
N'ouzon ket hag- en deus lennet al levr.
ne'sais pas si 3SGM a lu le livre
'Je ne sais pas s'il a lu le livre.'
Trégorrois (données Stephens), Rivero (1999:81-82)


Il semblerait que puisse servir d'explétif dans les ordres à temps second. Sa distribution est cependant plus large, car on le trouve aussi optionellement devant la négation ne (Merser 2011:56).


(4) Goulennet em boa diganti hag(-eñ) ne felle ket dezhi dont.
demandé avais à.elle si ne plaisait pas à.elle venir
'Je lui avais demandé si elle voulait venir.' Standard Bihan & Press (2003:187)


hag-eñ vs. mar(d)

La particule ma peut apparaître en concurrence avec hag-eñ.


(1) N'ouzon ket { ma / hag-eñ } e teuio.
ne'sais pas si/si-3SGM R4 viendra
'Je ne sais pas s'il viendra.' Merser (2011:57)


Selon Merser (2011:57), le 'si' interrogatif se rend de plus en plus par le complémenteur ma en Haute-Cornouaille. Merser note que cet usage est "rejeté par les puristes". Bihan & Press (2003:187) notent une tendance, venant du centre Bretagne mais irradiant dans le standard et le parler des jeunes, au remplacement de hag-eñ par ma(r).


(2) N'ouzon ket mard/hag-eñ eo aet ma gwreg d'ar gêr.
ne'sais ket si est allé mon femme à'le maison
'Je ne sais pas si ma femme est rentrée.' Standard Bihan & Press (2003:187)


On trouve en tout cas des occurrences de mar chez des locuteurs traditionnels du Léon en 2016, qui n'ont pas ''hag-eñ, et en vannetais.


(5) N'ouzon ket ma(n) deus lennet an urioù.
ne'sais ket si a lu le livre
'Je ne sais pas si il a lu le livre.' Léon (Plougerneau, Lesneven) M-L. B. (02/2016), A.M. (02/2016)


(6) Hañni en des gouiet a-oudé ma ou doé kavet mad en tri deloh.
N R.3SGM a su depuis si 3PL avait trouvé bon le trois truite
'No one knew since if they liked the three trout.'
'Personne depuis n'a su s'ils avaient aimé les 3 truites.'
Vannetais, Guilloux (1992:94) cité par Schapansky (1996:184)


Bibliographie

  • Solliec, Tanguy. 2015. 'Structure de l’énoncé complexe en breton, le cas de la subordination', Denis Costaouec & Tanguy Solliec (éds.), Actualité de la recherche sur le breton et les langues celtiques, jeunes chercheurs, Emgleo Breiz, 71-98.