Différences entre les versions de « Gallo »

De Arbres
Ligne 11 : Ligne 11 :


Les dialectes les plus à l'Est du gallo n'ont pu être en contact avec le breton que dans des microsituations migratoires. Les dialectes léonards et cornouaillais du breton n'ont aucun contact géographique avec des aires de langue gallèse.
Les dialectes les plus à l'Est du gallo n'ont pu être en contact avec le breton que dans des microsituations migratoires. Les dialectes léonards et cornouaillais du breton n'ont aucun contact géographique avec des aires de langue gallèse.


== Les emprunts ==
== Les emprunts ==
Ligne 16 : Ligne 17 :
=== les emprunts bretons dans le gallo ===
=== les emprunts bretons dans le gallo ===


Les dialectes Ouest de la langue gallèse empruntent quelque vocabulaire au breton ([[Ernault (1881-1883)|Ernault 1881-1883]], [[Ernault (1888c)|1888c]], [[Chauveau (1985a)|Chauveau 1985a]], [[Chauveau (1985b)|1985b]]). [[Even (1951)]] les estime à une trentaine de mots, dont certains de plus ne sont usités que le long de la frontière linguistique, et à des fins humoristiques. A ving kilomètres de la zone brittophone, [[Tymen (1948)]] proposait de reconnaitre à Pluherlin 22 emprunts potentiels au breton, refusés par [[Even (1951)]].
Les dialectes Ouest de la langue gallèse empruntent quelque vocabulaire au breton ([[Ernault (1881-1883)|Ernault 1881-1883]], [[Ernault (1888c)|1888c]], [[Chauveau (1985a)|Chauveau 1985a]], [[Chauveau (1985b)|1985b]]). [[Even (1951)]] les estime à une trentaine de mots, dont certains de plus ne sont usités que le long de la frontière linguistique, et à des fins humoristiques. A vingt kilomètres de la zone brittophone, [[Tymen (1948)]] proposait de reconnaitre à Pluherlin 22 emprunts potentiels au breton, refusés par [[Even (1951)]].


La littérature est globalement parcellaire. Dans un compte rendu de lecture, [[Loth (1924)]] propose quelques mots du parler malouin pouvant être d'origine bretonne : ''coc'', ''jacdale'', ''margate'', ''nache'' ([[Le Menn (1983)|Le Menn 1983]]:251).
La littérature est globalement parcellaire. Dans un compte rendu de lecture, [[Loth (1924)]] propose quelques mots du parler malouin pouvant être d'origine bretonne : ''coc'', ''jacdale'', ''margate'', ''nache'' ([[Le Menn (1983)|Le Menn 1983]]:251).
Ligne 23 : Ligne 24 :
=== les emprunts gallos dans le breton ===
=== les emprunts gallos dans le breton ===


Dans le sens d'emprunt inverse, les [[emprunts]] lexicaux du gallo vers la langue bretonne sont peu reportés, mais au vu de la rareté des recherches sur le gallo, des emprunts au gallo sont susceptibles d'avoir été confondus avec des [[emprunts]] au français ou à l'ancien français. [[Even (1951)]] estime qu'ils sont beaucoup plus nombreux.
Dans le sens d'[[emprunt]] inverse, les [[emprunts]] lexicaux du gallo vers la langue bretonne sont peu reportés, mais au vu de la rareté des recherches sur le gallo, des emprunts au gallo sont susceptibles d'avoir été confondus avec des [[emprunts]] au français ou à l'ancien français. [[Even (1951)]] estime qu'ils sont beaucoup plus nombreux.
 


== Diachronie ==
== Diachronie ==


Sur la confusion historique entre les dialectes du gallo et les dialectes du français dans l'histoire du multilinguisme en Bretagne, voir aussi sur ce site l'article sur le [[bilinguisme, multilinguisme]].
Sur la confusion historique entre les dialectes du gallo et les dialectes du français dans l'histoire du [[multilinguisme]] en Bretagne, voir aussi sur ce site l'article sur le [[bilinguisme, multilinguisme]].


Dans [[Ogée (1778)|Ogée (1778]]:291), le gallo d'un Malouin est reporté comme un "accent" du français, propre au "bon peuple naif":
Dans [[Ogée (1778)|Ogée (1778]]:291), le gallo d'un Malouin est reporté comme un "accent" du français, propre au "bon peuple naif":
   "C'étoit une de ces ames franches & naïves, qui ne connurent jamais l'impofture; qui, dans leur fimplicité, font le bien par instinct, & fçavent intéreffer & plaire, malgré leur rufticité. Il fe préfente tout hors d'haleine, & dit, fans autre détour, au Roi, avec fon accent Malouin: ''Sire [Henri IV], j'avons pris Dinan''. Le maréchal de Biron s'écria affi-tôt que cela ne fe pouvoit pas. Le député regardant le roi d'un air familier, lui dit, d'un ton railleur: ''Vai, il le fçaura mieux que mai qui y étas!''"
   "C'étoit une de ces ames franches & naïves, qui ne connurent jamais l'impofture; qui, dans leur fimplicité, font le bien par instinct, & fçavent intéreffer & plaire, malgré leur rufticité. Il fe préfente tout hors d'haleine, & dit, fans autre détour, au Roi, avec fon accent Malouin: ''Sire [Henri IV], j'avons pris Dinan''. Le maréchal de Biron s'écria affi-tôt que cela ne fe pouvoit pas. Le député regardant le roi d'un air familier, lui dit, d'un ton railleur: ''Vai, il le fçaura mieux que mai qui y étas!''"
L'atlas de [[Guillaume & Chauveau (1975, 1983)]] parle de "Bretagne romane".
[[Chauveau (1992)]] étudie les formes romanes de la fin du XV° du ''[[Catholicon]]'', et présente l'hypothèse qu'il "a été écrit par quelqu’un qui pratiquait le français de Haute-Bretagne ou avec la collaboration d'un ou plusieurs Haut-Bretons." Il n'est pas clair dans l'article s'il considère qu'il s'agit de moyen gallo ou d'une forme de français influencée par le gallo. Cette variété romane porte aussi des traits du français de [[Basse-Bretagne]], influencée par le breton trégorrois de son auteur Jehan Lagadeuc.


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* [[Guillaume & Chauveau (1975, 1983)|Guillaume, G. & J.P. Chauveau. 1975 vol. 1, 1983 vol. 2]], ''Atlas linguistique et ethnographique de la Bretagne romane, de l’Anjou et du Maine'', Paris, CNRS. ([[ALBRAM]]).


* Alory, M. 2000. ''Dictionnaire 2600 mots gallos'', Fréhel.
* Alory, M. 2000. ''Dictionnaire 2600 mots gallos'', Fréhel.

Version du 30 juin 2021 à 16:18

Le gallo est une langue traditionnelle de Bretagne, parlée dans la partie Est du domaine politique breton.

Le gallo est une langue romane qui descend du latin populaire sous influence gauloise, comme le français, le poitevin ou le picard. Cette langue romane s'est développée sous deux influences celtiques, le gaulois et le breton, mais de manière inégale. L'influence de le langue celtique gauloise sur le latin vulgaire est sensible sur tout l'ensemble du territoire où est maintenant parlé le gallo. L'influence bretonne, elle, ne touche qu'une bande Ouest de ce domaine parlant à la frontière linguistique avec le breton.


La frontière avec le breton

Le long de la frontière linguistique avec le breton, le gallo est en contact avec différents dialectes du breton. Au Nord, les dialectes du gallo sont en contact avec le trégorrois, plus au Sud avec les dialectes bretons centraux, et le dialecte vannetais de l'Est (voir la ligne de Sébillot 1878, ou Timm 1983).

L'histoire de la frontière linguistique Est du breton n'est que partiellement l'histoire de la frontière linguistique Ouest du gallo. C'est parfois, et surtout à partir du XX°, le français qui gagne du terrain sur les domaines brittophones. Cependant, tout terrain géographique perdu par le breton n'est pas pour autant monolingue français. Déléon (2019) étudie ainsi les traces de la présence de la langue bretonne en zone maintenant gallèse, à l'Est du vannetais.

Les dialectes les plus à l'Est du gallo n'ont pu être en contact avec le breton que dans des microsituations migratoires. Les dialectes léonards et cornouaillais du breton n'ont aucun contact géographique avec des aires de langue gallèse.


Les emprunts

les emprunts bretons dans le gallo

Les dialectes Ouest de la langue gallèse empruntent quelque vocabulaire au breton (Ernault 1881-1883, 1888c, Chauveau 1985a, 1985b). Even (1951) les estime à une trentaine de mots, dont certains de plus ne sont usités que le long de la frontière linguistique, et à des fins humoristiques. A vingt kilomètres de la zone brittophone, Tymen (1948) proposait de reconnaitre à Pluherlin 22 emprunts potentiels au breton, refusés par Even (1951).

La littérature est globalement parcellaire. Dans un compte rendu de lecture, Loth (1924) propose quelques mots du parler malouin pouvant être d'origine bretonne : coc, jacdale, margate, nache (Le Menn 1983:251).


les emprunts gallos dans le breton

Dans le sens d'emprunt inverse, les emprunts lexicaux du gallo vers la langue bretonne sont peu reportés, mais au vu de la rareté des recherches sur le gallo, des emprunts au gallo sont susceptibles d'avoir été confondus avec des emprunts au français ou à l'ancien français. Even (1951) estime qu'ils sont beaucoup plus nombreux.


Diachronie

Sur la confusion historique entre les dialectes du gallo et les dialectes du français dans l'histoire du multilinguisme en Bretagne, voir aussi sur ce site l'article sur le bilinguisme, multilinguisme.

Dans Ogée (1778:291), le gallo d'un Malouin est reporté comme un "accent" du français, propre au "bon peuple naif":

 "C'étoit une de ces ames franches & naïves, qui ne connurent jamais l'impofture; qui, dans leur fimplicité, font le bien par instinct, & fçavent intéreffer & plaire, malgré leur rufticité. Il fe préfente tout hors d'haleine, & dit, fans autre détour, au Roi, avec fon accent Malouin: Sire [Henri IV], j'avons pris Dinan. Le maréchal de Biron s'écria affi-tôt que cela ne fe pouvoit pas. Le député regardant le roi d'un air familier, lui dit, d'un ton railleur: Vai, il le fçaura mieux que mai qui y étas!"

L'atlas de Guillaume & Chauveau (1975, 1983) parle de "Bretagne romane".


Chauveau (1992) étudie les formes romanes de la fin du XV° du Catholicon, et présente l'hypothèse qu'il "a été écrit par quelqu’un qui pratiquait le français de Haute-Bretagne ou avec la collaboration d'un ou plusieurs Haut-Bretons." Il n'est pas clair dans l'article s'il considère qu'il s'agit de moyen gallo ou d'une forme de français influencée par le gallo. Cette variété romane porte aussi des traits du français de Basse-Bretagne, influencée par le breton trégorrois de son auteur Jehan Lagadeuc.


Bibliographie

  • Alory, M. 2000. Dictionnaire 2600 mots gallos, Fréhel.
  • Becerra Zita, Samantha. 2021. Négation, polarité, réponses négatives à des questions négatives dans les langues romanes : le cas du gallo, ms. de thèse, Université de Nantes.
  • Bizeul, Louis. 18xx. seconde édition 1988. Dictionnaire du patois du canton de Blain, Patrice Brasseur (éd.), Université de Nantes.
  • Buckley, Thomas. 1987. 'La frontière linguistique breton-gallo, dans les environs de Plouha', La Bretagne Linguistique 3, CRBC, 169-175.
  • Chauveau, Jean-Paul. 1985a. 'Du breton au gallo: calques et emprunts sémantiques', Actes du XVII Congrès International de Linguistique et Philologie Romanes, (Aix en Provence 1983), Vol.7, 174-86.
  • Diaz, Anne. 2018. « Gallos » et « Bretons » : représentations de l'Autre et mobilisation de la frontière linguistique dans les processus de construction identitaire : une approche anthropologique de la limite entre Haute et Basse-Bretagne, thèse Université Rennes 2. texte.
  • Dréan, Hervé. 2017. 'Le breton, le gallo et le français au milieu du 19e siècle dans la région de La Roche-Bernard', Klask 11.
  • Dubuisson-Aubenay. 1898. Itinéraire de Bretagne en 1636 d'après le manuscrit original, avec notes et éclaircissements par Léon Maître et Paul de Berthou, tome 1, Baudot, François-Nicolas (éd.), Société des Bibliophiles Bretons, Nantes. texte.
  • Even, A. 1951. 'Gerioù « brezhonek » e galleg Breizh-Uhel', Al Liamm 27, gouere-eost 1951, 62-67.
  • Hornsby M., Nolan S. 2011. 'The historical languages of Brittany', Joshua Fishman & Ofelia Garcia (éds.), Handbook of Language And Ethnic Identity 2, The Success-Failure Continuum in Language and Ethnic Identity Efforts 2. Oxford: Oxford University Presss, 310-322.
  • Loth, J. 1924. 'Compte rendu de Saint-Mleux. Glossaire du parler malouin, Imprimerie Haize, Saint-Servan, 1923', Revue Celtique 41, 262-264.
  • Nolan, J. S. 2013. 'The results of a nascent language emancipation in France: perceptions of the status and future of Gallo in the context of its inclusion in Brittany’s language education policy', Sociolinguistic Studies 7:1-2.
  • Nolan, J. S. 2011. 'Reassessing Gallo as a regional language in France: language emancipation vs. monolingual language ideology', International Journal of the Sociology of Language 209, Mouton de Gruyter, 91-112.
  • Harrison, M. John Shaun Nolan: French Language Policy and the Multilingual Challenge: From Maastricht to an Enlarged Europe: A Study of Developments from 1992 to 2004 with Particular Reference to the Case of Gallo', Language Policy 10, 85–87.
  • Nolan, J. S. 2008b. 'School and Extended Family in the Transmission and Revitalisation of Gallo in Upper-Brittany', Journal of Multilingual and Multicultural Development, 29:3.
  • Nolan, J. S. 2008. 'The Role of Gallo in the Identity of Upper-Breton School Pupils of the Language Variety and their Parents', Sociolinguistic Studies 2:1, Equinox Publishing Ltd.
  • Nolan, J. S. 2007. 'The Concept of Culture in la Francophonie: Myth and reality', A. Pearson-Evans & A. Leahy (éds.), Intercultural Spaces: Language, Culture, Identity, New York/Oxford: Peter Lang.
  • Pennec, J. 1973. 'Gerioù brezhoneg er rannyezhoù gallo, Dihun 29 , Breiz 183, sept. 1973, p. 10.
  • Sébillot, Paul. 1878. 'Sur les limites du breton et du français, et les limites des dialectes bretons', Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris 1-2, 236-247, texte.
  • Tanguy, Bernard. 1973. Recherches autour de la limite des noms gallo-romains en '-ac' en Haute-Bretagne, manuscrit de thèse, Brest.
  • Timm, L. 1983. 'The shifting linguistic frontier in Brittany', F.B. Agard, G. Kelly, A. Makkai, V.B. Makkai (éds.), Essays in Honor of Charles F. Hockett, Brill, Leiden, 443-457.
  • Tymen, Erwan. 1948. 'Treuzvevadur hag adc'hanedigezh ar brezhoneg en ur barrez c'halleger', Al Liamm 7, meurzh-ebrel 1948, 88-90.