Différences entre les versions de « Flexion »

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Un élément '''fléchi''' porte les [[affixes]] de '''flexion'''.
Un élément '''fléchi''', comme un [[verbe]] ou un [[auxiliaire]], porte des [[affixes]] de '''flexion'''. S'il porte de l'information temporelle, on dit qu'il est '''tensé'''.


La réalisation de ces [[morphèmes]] est le résultat d'un système de vérification de traits grammaticaux: [[temps]], [[personne]], [[nombre]], [[genre]] ou [[système casuel|Cas]].
La réalisation de ces [[morphèmes]] est le résultat d'un système de vérification de traits grammaticaux : [[temps]], [[mode]], [[personne]], [[nombre]], [[genre]] ou [[système casuel|Cas]].


Les [[suffixes]] de flexion du nom sont par exemple les différents [[affixes]] du [[pluriel]].


En breton, en raison du [[système d'accord]] particulier, la flexion verbale comporte les [[morphèmes]] de temps et ([[Système d'accord|éventuellement]]) d'accord avec le [[sujet]].
== Morphologie ==


Dans les temps simples, l'élément qui porte la flexion est le verbe [[lexical]]. Dans les temps composés, cet élément est l'[[auxiliaire]].
=== flexion du verbe ===


Dans la structure de la phrase, l'élément fléchi est la [[tête]] de la [[projection]] [[IP]].
La flexion d'un verbe est sa '''conjugaison'''. Cette flexion est portée morphologiquement par le verbe [[lexical]] dans les temps simples. Dans les temps composés, cet élément est l'[[auxiliaire]].  


Le système de conjugaison est en breton globalement régulier, et suit le modèle linéaire ''base verbale + marque de temps + marque de personne'' ([[Denis (1972)|Denis 1972]]:145). Il existe aussi quelques [[verbes irréguliers]] avec une base supplétive. Deux paradigmes sont réellement plus profondément irréguliers, ce sont ceux des verbes 'être' ''[[bezañ]]'' et 'avoir' ''[[kaout]]''.
En breton, en raison du [[système d'accord]] particulier appelé l'[[effet de complémentarité]], la flexion verbale de personne peut résulter d'un accord avec le [[sujet]], ou d'un accord avec une entité de troisième personne du singulier. Cette dernière, appelée [[accord pauvre]], apparaît toujours lorsque le sujet est un sujet lexical, ou un sujet pronominal non-incorporé. 
=== flexion du nom ===
Les [[suffixes]] de flexion du nom sont le [[nombre]] (les différents [[affixes]] du [[pluriel]]), ou le [[genre]].
En breton, les noms n'ont pas de marquage morphologique pour le [[système casuel|Cas]], contrairement à des langues comme l'irlandais, le basque ou le latin.
=== flexion des prépositions ? ===


On parle aussi en breton de [[prépositions fléchies]], puisqu'elles viennent en paradigmes de [[personne]], [[nombre]] et [[genre]]. Selon [[Jouitteau & Rezac (2006)]], cependant, il s'agirait dans le cas des prépositions dites 'fléchies' d'[[pronoms incorporés|incorporation du pronom faible]] [[objet]] de la préposition, et non d'un système de flexion proprement dit.
On parle aussi en breton de [[prépositions fléchies]], puisqu'elles viennent en paradigmes de [[personne]], [[nombre]] et [[genre]]. Selon [[Jouitteau & Rezac (2006)]], cependant, il s'agirait dans le cas des prépositions dites 'fléchies' d'[[pronoms incorporés|incorporation du pronom faible]] [[objet]] de la préposition, et non d'un système de flexion proprement dit.


== Syntaxe ==
=== lieu de la flexion dans la structure ===
Dans la structure de la phrase, en [[grammaire générative]], l'élément fléchi est généré comme [[tête]] de la [[projection]] [[IP]]. Il peut ensuite remonter plus haut dans la structure. Selon [[Jouitteau (2005)]], l'élément fléchi en breton remonte au moins s'adjoindre à la droite de la tête Fin réalisée par le [[rannig]] ''a'' ou ''e''. Si un autre [[complémenteur]] est réalisé, comme ''[[ma]]'', le complémenteur négatif ''[[ne|ne]]'' ou le complémenteur ''e'' intégré à la morphologie de ''[[emañ]]'', le verbe tensé se trouve aussi haut que cette tête. Cette hypothèse prédit correctement le nombre restreint de constituants qui peuvent précéder ces mêmes complémenteurs.
== Acquisition ==
On voit des formes fléchies apparaître chez les locuteurs [[bilingues]] en scolarisation semi-immersive dès avant 4 ans. En (1), le contexte est une dispute à propos d'une chaise.
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|(1)|| Nann || c'hwi || n' '''oc'h''' || ket || fur !
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||| [[nann|non]] || [[pfi|vous]] || [[ne|ne]]<sup>[[1]]</sup> [[COP|êtes]] || [[ket|pas]] || [[fur|sage]]
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||| colspan="15" | 'Non toi tu n'es pas sage !'
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En (2), l'enseignant a demandé ''Da biv eo ar sac'h-se ?'' 'À qui est ce sac ?'. Un écolier répond.
{| class="prettytable"
|(2)|| Ne || '''ouian''' || ket.
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||| [[ne|ne]]<sup>[[1]]</sup> || [[gouzout|sais]] || [[ket|pas]]
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||||||||||| colspan="15" | ''Pluvigner'', [[Mermet (2006)|Mermet (2006]]:annexe B)
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Cependant, des situations d'attrition peuvent impacter la maîtrise complète de tout un paradigme. Dans les difficultés d'acquisition persistant au niveau CM2 (+/- 10 ans), [[Robin (2008b)]] note que les paradigmes des formes verbales ont tendance à se replier sur la personne 3, au détriment des conjugaisons de première et seconde personne.


== Terminologie ==
== Terminologie ==


[[Press (1986)|Press (1986]]:233) traduit ''dibenn'' par l'anglais ''ending, desinence''.
[[Kervella (1947)]] utilise le terme ''displegadur''. On trouve pour les [[morphèmes]] de flexion le terme ''dibenn displegañ''. [[Seite & Stéphan (1957)|Seite & Stéphan (1957]]:14) traduisent 'la conjugaison' par ''an displega-verb''.
 
[[Press (1986)|Press (1986]]:233-4) traduit ''dibenn'' par l'anglais ''ending, desinence'' et ''displegadur'' par ''conjugation''.




== Bibliographie ==
== Bibliographie ==


* Stump, G. T. 1990. 'La morphologie bretonne et la frontière entre la flexion et la dérivation', ''[[La Bretagne Linguistique]]'' 6, CRBC.  
* An Drouizig. DVB, ''[https://displeger.bzh/br displeger verboù brezhonek]''.
 
* [[Ernault (1888b)|Ernault, Émile. 1888b]]. 'Études bretonnes. VI. La conjugaison personnelle et le verbe avoir', [[Revue Celtique, Table des matières |''Revue Celtique'']] IX,245-266, [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6200473z/f269.vertical texte].
 
* [[Stump (1990b)|Stump, Gregory T. 1990b]]. 'La morphologie bretonne et la frontière entre la flexion et la dérivation', ''[[La Bretagne Linguistique]]'' 6, CRBC.  
 


[[Category:articles|Categories]]
[[Category:articles|Categories]]

Version actuelle datée du 27 novembre 2023 à 13:59

Un élément fléchi, comme un verbe ou un auxiliaire, porte des affixes de flexion. S'il porte de l'information temporelle, on dit qu'il est tensé.

La réalisation de ces morphèmes est le résultat d'un système de vérification de traits grammaticaux : temps, mode, personne, nombre, genre ou Cas.


Morphologie

flexion du verbe

La flexion d'un verbe est sa conjugaison. Cette flexion est portée morphologiquement par le verbe lexical dans les temps simples. Dans les temps composés, cet élément est l'auxiliaire.

Le système de conjugaison est en breton globalement régulier, et suit le modèle linéaire base verbale + marque de temps + marque de personne (Denis 1972:145). Il existe aussi quelques verbes irréguliers avec une base supplétive. Deux paradigmes sont réellement plus profondément irréguliers, ce sont ceux des verbes 'être' bezañ et 'avoir' kaout.

En breton, en raison du système d'accord particulier appelé l'effet de complémentarité, la flexion verbale de personne peut résulter d'un accord avec le sujet, ou d'un accord avec une entité de troisième personne du singulier. Cette dernière, appelée accord pauvre, apparaît toujours lorsque le sujet est un sujet lexical, ou un sujet pronominal non-incorporé.


flexion du nom

Les suffixes de flexion du nom sont le nombre (les différents affixes du pluriel), ou le genre.

En breton, les noms n'ont pas de marquage morphologique pour le Cas, contrairement à des langues comme l'irlandais, le basque ou le latin.


flexion des prépositions ?

On parle aussi en breton de prépositions fléchies, puisqu'elles viennent en paradigmes de personne, nombre et genre. Selon Jouitteau & Rezac (2006), cependant, il s'agirait dans le cas des prépositions dites 'fléchies' d'incorporation du pronom faible objet de la préposition, et non d'un système de flexion proprement dit.

Syntaxe

lieu de la flexion dans la structure

Dans la structure de la phrase, en grammaire générative, l'élément fléchi est généré comme tête de la projection IP. Il peut ensuite remonter plus haut dans la structure. Selon Jouitteau (2005), l'élément fléchi en breton remonte au moins s'adjoindre à la droite de la tête Fin réalisée par le rannig a ou e. Si un autre complémenteur est réalisé, comme ma, le complémenteur négatif ne ou le complémenteur e intégré à la morphologie de emañ, le verbe tensé se trouve aussi haut que cette tête. Cette hypothèse prédit correctement le nombre restreint de constituants qui peuvent précéder ces mêmes complémenteurs.


Acquisition

On voit des formes fléchies apparaître chez les locuteurs bilingues en scolarisation semi-immersive dès avant 4 ans. En (1), le contexte est une dispute à propos d'une chaise.


(1) Nann c'hwi n' oc'h ket fur !
non vous ne1 êtes pas sage
'Non toi tu n'es pas sage !'
3 ans 8 mois, après 11 mois d'exposition à la langue
Mermet (2006:137)


En (2), l'enseignant a demandé Da biv eo ar sac'h-se ? 'À qui est ce sac ?'. Un écolier répond.


(2) Ne ouian ket.
ne1 sais pas
'Je ne sais pas.'
3 ans 11 mois, après 14 mois d'exposition à la langue
Pluvigner, Mermet (2006:annexe B)


Cependant, des situations d'attrition peuvent impacter la maîtrise complète de tout un paradigme. Dans les difficultés d'acquisition persistant au niveau CM2 (+/- 10 ans), Robin (2008b) note que les paradigmes des formes verbales ont tendance à se replier sur la personne 3, au détriment des conjugaisons de première et seconde personne.

Terminologie

Kervella (1947) utilise le terme displegadur. On trouve pour les morphèmes de flexion le terme dibenn displegañ. Seite & Stéphan (1957:14) traduisent 'la conjugaison' par an displega-verb.

Press (1986:233-4) traduit dibenn par l'anglais ending, desinence et displegadur par conjugation.


Bibliographie