Fellout

De Arbres

Le verbe fellout 'plaire' est un modal. Son argument direct est une proposition.


Morphologie

variation dialectale

(2) ... eus ket feillet deuzeu mond kuit gand o hamaraded. Ouessant, Gouedig (1982)
est pas voulu à.eux aller parti avec leur2 camarade.s
'... Ils n'ont pas voulu fuir avec leurs camarades.'


(3) Mar fal d'oh dastum, kemeret poen.
si4 plaît à1 vous récolter prenez peine
'Si vous voulez récolter, prenez la peine' Vannetais, Doujet (2016:6)


Syntaxe

Fellout prend un argument sujet direct, qui est un groupe nominal ou une proposition infinitive. Son second argument est l'expérienceur introduit par une préposition.


préposition introduisant l'expérienceur

La préposition qui introduit l'expérienceur peut être gant ou da1.


(1) Ne fellas ket gantan, evit priz ebet, kemer ar garg-ze.
ne1 plut pas à.lui pour prix aucun prendre le 1charge-ci
'Il ne voulut à aucun prix prendre cette charge.'
Léon, Perrot (1912:659)


(2) Amañ ez arru an avel ken e fell dezañ diskar eun den.
ici R4arrive le vent tellement R4 plait à.lui détruire un homme
'Le vent arrive ici tellement qu'il manque de faire tomber un homme (c'est-à-dire moi).'
Trégorrois, Gros (1996:112)

Sémantique

tâche sémantique

Châtelier (2016:80) dresse un tableau sémantique des différentes contructions volitives, sur une gradation croissante d'implication de l'expérienceur. Les verbes fellout et faotañ y sont respectivement des variantes dialectales Nord/Sud. Ces expressions du voeu croisent aussi celles de l'envie (kaout c'hoant) et du besoin (kaout ezhomm).


(3) Bezañ kontant da ---> ma + karout ---> Faotañ/Fellout da ---> Mennout
expérienceur - expérienceur +
traductions de 'vouloir', adapté de Châtelier (2016:80)


sans volonté de l'expérienceur

Le verbe fellout peut aussi être employé sans postuler de volonté de l'expérienceur. Il équivaut alors à un marqueur prospectif qui nierait l'action (le sujet se situe temporellement juste avant l'accomplissement de l'action... qui ne s'accomplit finalement pas).


(4) Me pa welan ar gwad e fell din sempla.
moi quand1 vois le sang R4 plait à.moi évanouir
'Moi, quand je vois le sang, je manque de m'évanouir.'
Trégorrois, Gros (1989:'gwad')


(5) Tarlonka a ree ken e felle dezi mouga.
travers.avaler R1 faisait tant R4 plaisait à.elle étouffer
'Elle avalait de travers, si bien qu'elle manquait de s'étouffer.'
Trégorrois, Gros (1970b:§'felloud')

Diachronie

En moyen breton de 1499, le voyageur allemand Arnold von Harff récolte ce verbe à Nantes.


(1) me vel tin paia.
moi (R)1 plait à.moi payer
'Je veux payer.'
Moyen breton vannetais, Gl.AvH
cité dans Guyonvarc'h (1984:18)


Châlons & Loth (1895) pour le vannetais du XVIII° donnent fallein a ra dehou 'il demande, il souhaite, il veut que'.


'manquer'

Ernault (1932) traduit '(y) manquer' (<faillir?) le verbe qu'il trouve dans le Mystère de Saint Gwénolé sous les formes fyllyl, fyllyf, fallas. Menard & Bihan (2016-) relèvent ce verbe avec le même sens chez Rostrenen (1732) pour fellel e daul 'manquer son coup'.

  • Hoz lyzerou a ryf, pan yf, ne fyllyl quet
'Je donnerai vos lettres quand j'irai, je ne manquerai pas.'
  • Houguen raeson eou dyf syntyf, ne fyllyf quet
'Mais c'est raison pour moi d'obéir, je ne manquerai pas'
  • gant ez clevas ne fallas quet
'parce qu'il t'entendit, il n'y manqua pas.'
Début XVI°, (Gw.)