Ernault (1879-80:299)

De Arbres
Révision datée du 4 octobre 2021 à 22:14 par Mjouitteau (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)


notes lexicologiques et grammaticales sur Inisan (1878a), Emgann Kergidu.


 Ernault (1879-80:299):
 "Ces épisodes de la révolution en Bretagne sont attachants en eux-mêmes, et racontés dans un style qui leur prête de nouveaux charmes. Le brezonek iac'h, le vrai génie breton vit et respire d'un bout à l'autre de l'ouvrage. Le dialecte suivi par l'auteur reproduit avec une remarquable exactitude et dans toute son ampleur majestueuse le langage généralement parlé en Léon. Il me semble cependant obéir à une prononciation restreinte et due à l'influence cornouaillaise, quand il écrit ezoum, izoum, pour ezom 'besoin'. Parfois aussi il admet des mots français fort inutiles tels que jamez 'jamais'.
 Bien que plus étudié que les autres dialectes, le léonnais ne manque pas de faits grammaticaux et d'expressions à recueillir. Ainsi l'emploi de l'infinitif au lieu de l'impératif y est très étendu, comme en petit Tréguier: digeri., t. II, p. 16, 'ouvrez' ; staga heman, 159, 'attachez-le'; et même au passé : beza digaset ganeoc'h, t. I, 170 '(il fallait) en apporter avec vous'.
 Pour le vocabulaire, je citerai efeeruz, t. I, 14, 'curieux', pron[oncé] efèruz (cf. fr. affairé?) d'où le verbe mond da efèruza, 'aller faire son curieux (chez les autres)'. Ces mots sont plus nobles que leurs synonymes konoc'huz, konoc'hal, également usités en Léon. — Dremm dilavet, 49, 'visage détrempé'. Ce mot dremm vieillit, mais n'est pas inusité, comme le pense M. Troude. On le trouve encore, t. I p. 39, et t. II p. 22, employé concurremment avec son trop heureux rival bisach, bisaich. Cf. kerkoulz dremm, 'aussi bon visage', Gwerzioù Breiz-Izel, t. II, p. 132."


errata

  • La carte 192 de l'ALBB contredit Ernault pour la prononciation de ezhomm: les formes ezoum et izoum sont même restreintes au Léon.
  • Les cartes 094 et 095 de l'ALBB montrent que james apparaît surtout dans les dialectes les plus conservateurs du Vannetais et du Léon, signe de son intégration de longue date en breton. Meurgof relève un exemple en moyen breton de 1622 (Do.).
  • L'exemple donné comme un ordre au passé ne réalise par un ordre, mais un regret : beza digaset ganeoc'h '(il fallait) en apporter avec vous', Inisan (1878a: I, 170).