Enchâssée

De Arbres

Une proposition enchâssée est une proposition qui se trouve à l'intérieur d'une autre proposition. La première proposition est dite enchâssée dans la seconde, comme une pierre dans une bague, ou une poupée russe dans une autre.


(1) [ Lavaret he deus Mona [ e oa ret dit prenañ ar banerad avaloù ]].
dit 3SGF a Mona R4 était obligé à.toi acheter le1 panier.ée pommes
'Mona a dit qu'il te fallait acheter le panier de pommes.'
Standard, Hendrick (1990:153)


Les propositions qui ne sont pas enchâssées sont les propositions indépendantes, qu'on appelle aussi les phrases matrices.


Enchâssement des propositions tensées

les complétives

Les propositions complétives sont toujours enchâssées: elle sont toujours sélectionnées par une proposition matrice.

En (1), la complétive he doa droed d'ur bañsion est enchâssée dans la proposition matrice.


(1) [1 Hec'h amezegezed o doa lavaret dezhi [2 he doa droed d'ur bañsion 2] 1].
son voisin.es 3PL avait dit à.elle 3SGF avait droit à un1 pension
'Ses voisines lui avaient dit qu'elle avait droit à une pension.'
Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, ar Barzhig (1976:24)

les subordonnées relatives

Les propositions subordonnées relatives sont toujours des propositions enchâssées: la tête de la relative fait toujours partie d'une autre proposition.


(2) [1 Debriñ a raen hep ardoù, [2 holl ar pezh a veze servijet 2] 1].
manger R faisais sans manières tout ce.que R était servi
'Je mangeais sans manières, tout ce qu'on me servait.'
Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, ar Barzhig (1976:22)

les propositions circonstancielles

Les propositions circonstancielles sont des propositions enchâssées. Elles apportent des précisions additionnelles: elles sont optionnelles dans la phrase. Les propositions circonstancielles ne sont pas des arguments du verbe de la proposition matrice.

Ce sont les subordonnées causales, les subordonnées temporelles, les subordonnées de lieu, les subordonnées de but, les subordonnées de manière et les subordonnées de moyen.

Enchâssement des infinitives

La plupart des propositions infinitives sont des enchâssées.


(3) [1 Tristaet-tout e oa Matriona baour [2 o tont d'ar gêr 2] 1].
attristé-tout R était Matriona pauvre P venir à le maison
'Matriona était toute triste en rentrant à la maison.' Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, ar Barzhig (1976:38)


Certaines propositions infinitives peuvent cependant en breton être des matrices indépendantes, ce sont les infinitives narratives.


(4) [1 Hag heñv monet kuit kentizh 1].
et lui aller parti aussi.vite
'Et lui de s'en aller sur-le-champ.' Le Scorff, Ar Borgn (2011:66)

Récursivité

L'enchâssement étant récursif, il peut y avoir plusieurs niveaux d'enchâssement.

En (3), la proposition infinitive en ur sellout ouzh an hent dre ar prenestr est enchâssée dans la proposition circonstancielle de temps e-keit ma c'hoarzhe outi hec'h-unan, qui est elle-même enchâssée dans la proposition matrice Ur wech hepken, e c'hellis pakañ anezhi.


(3) [1 Ur wech hepken, e c'hellis pakañ anezhi [2 e-keit ma c'hoarzhe outi hec'h-unan [3 en ur sellout ouzh an hent dre ar prenestr 3] 2] 1].
un1 fois seulement R pus attraper P.elle pendant que riait à.elle son.un en regarder à le chemin par le fenêtre
'Une seule fois, je pus la surprendre pendant qu'elle riait toute seule en regardant la route par la fenêtre.'
Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, ar Barzhig (1976:24)

Propriétés syntaxiques

Les matrices et les enchâssées peuvent être différenciées au moyen d'un faisceau de propriétés divergentes.

L'ordre des mots, par exemple, est différent entre les matrices (canoniquement V2) et les enchâssées (canoniquement V1).

Certains éléments fonctionnels ont une distribution différente en matrice et en enchâssée.

Par exemple, le complémenteur penaos est un mot interrogatif ('comment') en matrice, mais il peut être un complémenteur déclaratif ('que') en enchâssée.


(4) [1 Me am-eus c'hoant da lavared [2 penaoz ema ar wirionez gant ar skolaer 2] 1]!
moi R.1SG a envie de dire que est le vérité avec le instituteur
'Moi, j'ai envie de dire que la vérité est avec l'instituteur. Français du Trégor, Gros (1984:176)
'Moi, je prétends que l'instituteur a raison.' Trégorrois, Gros (1984:176)


Terminologie

Kervella (1947:772) utilise le terme lavarenn gennet.


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