Différences entre les versions de « En-, end-, e-, er-, ez- »
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Pour une discussion de l'origine de la particule ''ent'', se reporter à [[Fleuriot (1964a)|Fleuriot (1964a]]:225-226, s.v. ''int''). | Pour une discussion de l'origine de la particule ''ent'', se reporter à [[Fleuriot (1964a)|Fleuriot (1964a]]:225-226, s.v. ''int''). | ||
== Horizons comparatifs == | |||
[[Gros (1996)|Gros (1996]]:190-192) considère que les expressions françaises ''les haricots se mangent '''en''' gousses ou '''en''' graines, '''en''' vert ou '''en'' sec'', ''Il est mort '''en''' brave'', ''Il s'est conduit '''en''' homme d'honneur''... sont d'origine celtique, une "survivance du gaulois". | |||
== A ne pas confondre == | == A ne pas confondre == |
Version du 6 mai 2021 à 16:25
Le préfixe end, en, er, ez, e peut marquer morphologiquement les adjectifs prédicatifs. On le trouve aussi en préfixe d'adverbes. Ce marquage est peu répandu en breton, comparé au yn gallois.
(1) | Bezhin brein, | berniet ez c'hlas, | ha breinet da c'houde. | |||
goémon fermenté | tas.sé pfx1 vert | et fermenté à1 après | ||||
'Du goémon fermenté, entassé vert, et laissé à fermenter ensuite.' | ||||||
Léon (Plougerneau), Elégoët (1982:15) |
Morphologie
variation dialectale
Konan (2017:'ent-gwirion') note que ent- se prononce en trégorrois avec la voyelle [ɛ], ce qui fournit un contraste avec la préposition e 'dans, en' prononcée [e] et parfois [i] (e-sell, [in'zɛl]).
diachronie et mutations
La particule ez- ne semble provoquer de mutation que G>C'H et parfois B>V (mais pas toujours, cf. ez-bev 'vivant', e-berr 'bientôt').
(2) | … | o konta | en-doa bet | an tign | ez-vihan. | Léon (Plouzane) , Briant-Cadiou (1998:27) | |
à conter | 3SGM-avait eu | le teigne | pfx-1petit | ||||
'en racontant qu’'il avait eu la teigne petit' |
Gros (1996:190-192) contraste le ez léonard qui provoque une mutation (ez-vihan 'petit') du en trégorrois qui n'en provoque pas (en-bihan 'petit'). Fleuriot (1970b:716) relève des exemples sans mutation dans la première édition de Gros (1966:203-205); en tomm 'chaud(ement)', en gouez 'sauvagement', en yaouank 'étant jeune', en beo 'vivant' ou en gleb 'mouillé' et considère qu'"il y a là certainement un usage qui dérive de l’emploi en breton moyen de ent, en avant un adjectif, gallois yn". Il attribue l'absence de mutation en trégorrois à une assimilation avec la préposition e(n) 'dans'.
allomorphes
Favereau (1997:§235) différencie les préfixes end- et en-. Il fournit une paire minimale: end-eeun 'effectivement' et en-eeun, tout droit'. Cependant, Trépos (2001:§231) donne end-eeun, 'tout droit'. Favereau (1997:§235) donne d'ailleurs les deux morphèmes possibles sur en(d)-istribilh 'suspendu'.
en-, -em-
Trépos (2001:§230) donne en-noazh 'tout nu'. Konan (2017) donne comme trégorroises les formes en-dihun 'au réveil' et en-kousket 'au coucher' correspondant aux formes standard ez-dihun et ez-kousket.
(3) | en-istribilh | doc'h | ar skeul. | ||||
en-suspens | de | le échelle | |||||
'suspendu à l'échelle' | Loqueffret, Solliec (2015:75) |
Trépos (2001:§319) donne aussi une forme en em- avec emberr 'bientôt, tantôt' qui est réductible à la forme en en- devant la labiale /b/.
Dans les colloquoù au moins dès la version de 1632, on trouve en mat.
- Ha ne maouch quet en mat hoaz?
- 'N'êtes-vous pas encore bien?', Moyen breton, Qu. 1632
ent-
Favereau (1997:§235) donne: end-eeun 'effectivement', ent-habaskig 'tout lentement', enta 'donc', endeo 'de fait', en-ere 'relié par', en(d)-istribilh 'suspendu', en-pign,
Konan (2017) donne ent-gwirion 'en vérité'.
e(r)-
Trépos (2001:§230) donne e-kriz 'cru', e-poaz 'cuit', e-beo 'vivant', e-tomm 'chaud'. Favereau (1997:§234) donne e-berr 'bientôt, ce soir', en-leal 'franchement', e-noazh 'nu', e-krec'h 'en haut', e-maez, er-maez 'dehors', e-pign 'pendu', ervad, 'bel et bien', e-sav 'debout', e-kichen, 'près'.
ez-
Trépos (2001:§230) donne ez-poaz 'cuit', ez-beo 'vivant', ez-yen 'froid'.
Favereau (1997:§235) donne: es-pign 'accroché', ez-c'hlas 'encore vert', es-kroug 'accroché'
concurrence avec a-
Pour la formation des adverbes, la particule en-, end-, e-, er-, ez- est en concurrence avec la préposition a. A côté de a-hend-all, 'autrement', on trouve la forme En-hend-all.
(4) | En-hend-all, | ne c'hellemp | ket | mont. | |||
P-chemin-autre | ne1'pouvions | pas | aller | ||||
'Autrement, on ne pouvait pas y aller.' | Léon (Plougerneau), Elégoët (1982:14) |
Catégorie de la base
adjectifs
Ce préfixe se trouve devant les adjectifs prédicatifs.
(1) | Gwelloc'h e kavan | ar hokez | e-kriz. | |||
mieux R4 trouve | le 5coquillage | pfx-cru | ||||
'J'aime mieux les coquillages lorsqu'ils sont crus. | Trépos (2001:§319) |
(2) | En-noaz | eman _ | ar paour-kaez bugelig. | |||
pfx-nu | est <pfx-nu> | le pauvre-cher enfant.DIM | ||||
'Le pauvre bébé est tout nu... | Trépos (2001:§230) |
(3) | En-noaz | e vo red din | mond. | |||
pfx-nu | R sera obligé à.moi | aller | ||||
'Il faudra que j'aille tout nu... | Trépos (2001:§319) |
adverbes
Trépos (2001:§231) donne end-eeun 'tout droit'.
(4) | distagañ | ez-aketus | gant ur gontell | ar c'hregin-se | Standard, Drezen (1932:26) | |
attacher | pfx-appliqué | avec un 1couteau | le 5coquillage-là | |||
'détacher délicatement ces coquillages avec un couteau.' |
verbes
(5) | chom | es-kroug, | es-pign | ||||
rester | pfx-pendre | pfx-monter | |||||
'rester accroché' | Poher, Favereau (1997:§235) |
Diachronie
Pour une discussion de l'origine de la particule ent, se reporter à Fleuriot (1964a:225-226, s.v. int).
Horizons comparatifs
Gros (1996:190-192) considère que les expressions françaises les haricots se mangent en' gousses ou en graines, en vert ou en sec, Il est mort en brave, Il s'est conduit en homme d'honneur... sont d'origine celtique, une "survivance du gaulois".
A ne pas confondre
Il existe un préfixe différent e-, es-, ez- (ehan 'pause', eskemm 'échange', ezporzhiañ 'exporter') qui dérive, lui, de la préposition eus.
Le Brigant (1779:23) relève aussi un préfixe de forme ez- qui semble de même sens que ar- sur les adjectifs, qui obtient une approximation. Il donne ezvoen 'blanchâtre' et ezvélen 'un peu jaune ou jaunâtre'.
La forme en- ne doit pas être confondue avec le préfixe en-, em-. Ce dernier est grammaticalisé à partir de la préposition e 'dans, en'. Il marque l'intériorité comme dans adenkorvañ, 'ré.in.carner'.
Bibliographie
- Ernault, Émile. 1897e. 'La particule bretonne en, ent, ez', Revue Celtique XVIII, 310-314. texte.