Emprunt
Un emprunt, en linguistique, n'a pas à être rendu.
Quand une langue emprunte à une autre, cet emprunt peut être d'ordre prosodique, accentuel, lexical ou syntaxique.
Un mot emprunté à une autre langue s'adapte au système nouveau dans lequel il est inséré. Il devient un mot de cette langue.
En (1), L'emprunt au français voisin se prononce [vwazin]. La dénasalisation de la voyelle finale marque le passage au système breton. C'est un point de non-retour, puisque le français a un mot lexical féminin, voisine, qui se prononce donc exactement pareil. L'interprétation reste cependant masculine. C'est une dérivation bretonne en -ez qui obtiendrait la variante féminine de ce nouveau mot.
(1) | Frank a galon | eo ma voazin. | ||||
grand de coeur | est mon voisin | |||||
'Mon voisin est large de cœur, généreux.' | Le Scorff, Ar Borgn (2011:56) |
Le matériel fonctionnel d'une langue peut aussi être emprunté, comme dans le cas de [Eskø] , particule Q en bas-vannetais.
(2) | [eskø | so | ta:w | ʁe | be:w ] | |
est-ce que | y.a | toujours | ceux | vivant | ||
‘Est-ce qu'il y (en) a encore des vivants?’ | Bas-vannetais, Cheveau (2007:213) |
Un emprunt lexical peut changer de catégorie d'une langue à l'autre, comme dans le cas en (3).
(3) | Na bout | 'oa arru kozh, | e kerzhe c'hoazh pasapl. | |||
même si | était arrivé vieux | R marchait encore pas.mal | ||||
'Bien qu'il fût devenu vieux, il marchait encore pas mal.' | ||||||
Le Scorff, Ar Borgn (2011:19) |
Les emprunts au français sont très répandus dans la catégorie des adverbes, surtout à partir des adjectifs du français.
(1) | gouzout a reant | magnifik, | pétra â dlié | erruout gant ô bugalé. | ||||
savoir R faisaient | pertinemment | quoi R devait | arriver avec leur enfants | |||||
'Ils savaient pertinemment ce qui devait advenir de leurs enfants.' | Léon (Lesneven), Burel (2012:38) |
Bibliographie
- Chauveau, J.P. 1985. 'Du breton au gallo: calques et emprunts sémantiques', Actes du XVII Congrès International de Linguistique et Philologie Romanes, (Aix en Provence 1983), Vo.7, 174-86.
- Favereau, F. 1992. 'Emprunts français dans un parler breton de Haute-Cornouaille finistérienne (Poullaouen – 29246)', Études Celtiques, 29:171-181.