Différences entre les versions de « Dujardin (1949) »

De Arbres
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On sait qu'il est né au Conquet, a été placé chez le tuteur de sa tante à la mort de sa mère après ses deux ans, a été pensionnaire au collège de Tréguier où il est entré à douze ans. L'année de la révolution française, il est en quatrième. Son collège ferme à date de ses dix-sept ans, à la fin de sa seconde. Après, l'histoire se trouble. Le Gonidec a longtemps raconté avoir été un jeune héros de la Contre-révolution, mais il n'en existe pas de trace vérifiable. René-Amand de Kersauzon, habitant son château de Kerjean-Mol à Trébabu, dira qu'il avait passé les années de la Terreur avec Le Gonidec, que l'on y sait précepteur. Il vit ensuite avec sa soeur au chateau de Kerveatoux, à l'Ouest de Brest. Il est incarcéré e 1793 pendant 14 mois pour avoir manqué de donner "des preuves d'attachement à la Révolution".
On sait qu'il est né au Conquet, a été placé chez le tuteur de sa tante à la mort de sa mère après ses deux ans, a été pensionnaire au collège de Tréguier où il est entré à douze ans. L'année de la révolution française, il est en quatrième. Son collège ferme à date de ses dix-sept ans, à la fin de sa seconde. Après, l'histoire se trouble. Le Gonidec a longtemps raconté avoir été un jeune héros de la Contre-révolution, mais il n'en existe pas de trace vérifiable. René-Amand de Kersauzon, habitant son château de Kerjean-Mol à Trébabu, dira qu'il avait passé les années de la Terreur avec Le Gonidec, que l'on y sait précepteur. Il vit ensuite avec sa soeur au chateau de Kerveatoux, à l'Ouest de Brest. Il est incarcéré e 1793 pendant 14 mois pour avoir manqué de donner "des preuves d'attachement à la Révolution".


Selon Dujardin, c'est vers cette période de 1794 qu'il aurait appris le breton, '''à l'âge donc de 19 ans'''.
Selon Dujardin, c'est vers cette période de 1794 qu'il aurait appris le breton en Bas-Léon, '''à l'âge donc de 19 ans'''. Dujardin remarque cependant p.208 que Le Gonidec a imposé en orthographe la lettre /h/ pour des raisons uniquement étymologiques, tout en étant persuadé que ce /h/ ne se prononçait nulle part à travaers les dialectes, ce qui montre selon Dujardin sa méconnaissance du breton du Bas-Léon "où H est guttural".


Il part à Paris en juillet 1804 pour une carrière hors de Bretagne. En 1821, dans l'introduction de son dictionnaire, Le Gonidec précise lui-même que cela fait 17 ans qu'il a quitté la Bretagne. Il mentionne alors être parfois incertain du genre des noms, et, puisque les ouvrages antérieurs ne donnent pas le genre des noms, s'être "vu forcé plusieurs fois d'indiquer les genres par analogie."
Il part à Paris en juillet 1804 pour une carrière hors de Bretagne. En 1821, dans l'introduction de son dictionnaire, Le Gonidec précise lui-même que cela fait 17 ans qu'il a quitté la Bretagne. Il mentionne alors être parfois incertain du genre des noms, et, puisque les ouvrages antérieurs ne donnent pas le genre des noms, s'être "vu forcé plusieurs fois d'indiquer les genres par analogie."

Version du 5 février 2021 à 13:51

  • Dujardin, Louis. 1949. La vie et les oeuvres de Jean-François-Marie-Maurice-Agathe Le Gonidec, grammairien et lexicographe breton (1775-1838), Brest.


contient le texte de:
  • p. 165-172: Le Gonidec. 1806. 'Notice sur les cérémonie des mariages dans la partie de la Bretagne connue sous le nom de Bas-Léon', lecture à l'Académie Celtique le 9 août 1806.


Extraits et discussion

Le Gonidec, natif ou non ?

Les sources sont contradictoires quant à l'âge auquel Le Gonidec a acquis ou appris le breton. Le Gonidec a par ailleurs largement pratiqué le mensonge sur sa propre bibliographie et il est clairementment susceptible d'avoir créé un mensonge si celui-ci lui a semblé flatteur pour son auditoire à un moment donné.

Le Gonidec, interrogé par courrier par M. Laouénan sur son autobiographie, écrivait de lui-même "qu'il ne connaissait pas un mot de breton à l'âge de 25 ans [en 1800], lorsqu'un jour, poursuivi par des gendarmes qui l'interrogeaient en breton, il ne put leur répondre, ce qui le décida à l'apprendre."

On sait qu'il est né au Conquet, a été placé chez le tuteur de sa tante à la mort de sa mère après ses deux ans, a été pensionnaire au collège de Tréguier où il est entré à douze ans. L'année de la révolution française, il est en quatrième. Son collège ferme à date de ses dix-sept ans, à la fin de sa seconde. Après, l'histoire se trouble. Le Gonidec a longtemps raconté avoir été un jeune héros de la Contre-révolution, mais il n'en existe pas de trace vérifiable. René-Amand de Kersauzon, habitant son château de Kerjean-Mol à Trébabu, dira qu'il avait passé les années de la Terreur avec Le Gonidec, que l'on y sait précepteur. Il vit ensuite avec sa soeur au chateau de Kerveatoux, à l'Ouest de Brest. Il est incarcéré e 1793 pendant 14 mois pour avoir manqué de donner "des preuves d'attachement à la Révolution".

Selon Dujardin, c'est vers cette période de 1794 qu'il aurait appris le breton en Bas-Léon, à l'âge donc de 19 ans. Dujardin remarque cependant p.208 que Le Gonidec a imposé en orthographe la lettre /h/ pour des raisons uniquement étymologiques, tout en étant persuadé que ce /h/ ne se prononçait nulle part à travaers les dialectes, ce qui montre selon Dujardin sa méconnaissance du breton du Bas-Léon "où H est guttural".

Il part à Paris en juillet 1804 pour une carrière hors de Bretagne. En 1821, dans l'introduction de son dictionnaire, Le Gonidec précise lui-même que cela fait 17 ans qu'il a quitté la Bretagne. Il mentionne alors être parfois incertain du genre des noms, et, puisque les ouvrages antérieurs ne donnent pas le genre des noms, s'être "vu forcé plusieurs fois d'indiquer les genres par analogie."


A Paris, pour les membres de lAcadémie celtique, ou de sa suite la Société des antiquaires, la version est très tôt que Le Gonidec est natif d'un dialecte du Léon. En séance publique du 30 mai 1819, M. Bottin, secrétaire général, désigne M. Le Gonidec comme "l'homme de France qui connaît peut-être le mieux la langue bretonne, qu'il a parlée dès son enfance" (p.177). C'est cette version que la Société des antiquaires voudra donner à la postérité. Après la cérémonie des funérailles de Le Gonidec, Brizeux réitère cette version.

 p.132:
 "compatriote de M. Le Gonidec, vous savez quels furent les premiers temps de sa vie. Né au Conquet, en Léon, d'une ancienne famille, et jeune homme de dix-sept ans, conduit à l'échafaud, un miracle le sauva [cet épisode est historiquement douteux]. La suite de ces évènements entraina par leurs combinaisons sa vocation scientifique. 
 Forcé de se cacher et de vivre sous l'habit des paysans, il se mit à apprendre parmis eux d'une manière raisonnée la langue celto-bretonne qu'il avait parlée sans étude dans son enfance."

orientation politique

Cerner les intentions politiques de Le Gonidec est parfois malaisé, et il a aussi largement romancé sa vie. Au détour de lettres et de paroles publiques, un portrait émerge cependant.

 p. 113. extrait d'un toast rédigé par Le Gonidec en 1837 pour le banquet breton à Paris:
 "une jeunesse studieuse, sortie de nos montagnes pour venir se retremper à la source des sciences et des lettres, consacre ses loisirs, au milieu des distractions de la capitale, à célébrer soit en prose, soit en vers, les moeurs patriarcales de nos ancêtres; ils auront des imitateurs, n'en doutez pas! 
 Ce peu de mots doit suffire, Messieurs et chers compatriotes, pour nous attacher de plus en plus à l'étude plus approfondie de notre langue, et nous engager à faire tous nos efforts pour déjouer les mauvaises intentions de tous ceux qui ne demanderaient pas mieux que de la voir anéantir pour toujours. Pour nous, soyons fiers de conserver notre langue à nous, si nous voulons qu'on se souvienne que nous avons été longtemps un peuple indépendant, un peuple éminemment patriote, un peuple qui n'a pas été sans gloire, un peuple qui a toujours pour devise: Kent mervel eged en em zaotra: Potius mori quam foedari. Vivent à jamais les Bretons." 


Le toast est rédigé en français. Il s'adresse à des hommes bretons à Paris, et appelle à "conserver notre langue à nous". S'il est vain de chercher à quelles montagnes Le Gonidec se réfère, cette phrase implique sans équivoque que la "capitale" dénote pour lui "Paris", et que l'étude des "sciences et lettres" sert à "célébrer" des "moeurs" par ailleurs qualifiées de "patriarcales". Lesdites "moeurs patriarcales" réfèrent peu probablement au comportement de son propre père qui l'avait abandonné enfant, à la mort de sa mère (18 mars 1777, p.9). Il fut élevé en Léon par des nobles en indélicatesse avec les révolutionnaires.

lecture critique

  • Falc'hun F. 1950. 'Docteur Louis Dujardin. La vie et les oeuvres de Le Gonidec, grammairien et lexicographe breton, 1775-1838, avec une préface de Pierre Le Roux', Annales de Bretagne 57:2, 278-279. texte.