Différences entre les versions de « Di-, dis- »
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: ''distammañ, disrannañ'' (mettre en pièces) | : ''distammañ, disrannañ'' (mettre en pièces) | ||
: ''distreiñ'' (mettre du côté opposé) | : ''distreiñ'' (mettre du côté opposé) | ||
: 'diskrivañ'', ''diskanañ'' (répondre à une lettre ou un chant, écrire ou chanter sans cesse) | : ''diskrivañ'', ''diskanañ'' (répondre à une lettre ou un chant, écrire ou chanter sans cesse) | ||
== A ne pas confondre == | == A ne pas confondre == |
Version du 18 décembre 2013 à 16:22
Le rôle sémantique du préfixe di-, ou dis, est l'application d'un degré zéro sur les noms (dichañs, 'malchance, manque de chance', Ar Borgn 2011:80).
Il obtient pour un prédicat un prédicat de sens inverse, similaire au préfixe dé- du français.
(1) | Ar re-ze | a vije dleet | dihouzougañ | anezo. | |||||
le ceux-là | R serait dû | pfx.cou.V | P.eux | ||||||
'Ceux-là, on devrait leur couper le cou (les décapiter!).' | Trégorrois, Gros (1984:29) |
Morphologie
Le morphème di- a un sens privatif devant un nom, qu'il transforme en adjectif (chemise > sans chemise). Cette propriété prédit l'observation de Kervella (1947:§880) qui note que les adjectifs préfixés en di- ont souvent un adjectif contraire qui, lui, apparaît avec un suffixe adjectival. Le préfixe di- a déjà recatégorisé le nom racine en adjectif.
(1) | c'hoarzhus > dic'hoarzh | plegus > dibleg | |
speredek > dispered | roudennek > diroudenn | ||
torret > didorr | trugarezus > didrugar | Standard, Kervella (1947:§880) |
productivité
Ce préfixe, productif, est très vivant dans la langue et peut aisément créer de nouveaux items à volonté. En (4), di- est préfixé sur un verbe à base nominale.
(4) | Hañ! Te eo Kristof? | Gortoz, | me a ya | da zigristofi | ahanout! | ||||
EXCL toi est Christophe | attends | moi R va | pour dé-Christopher | P.toi | |||||
'Ah! C'est toi, Christophe? Attends, je vais te déchristopher (t'en fiche, du Christophe).' | Trégorrois, Gros (1984:28) |
Sémantique
degré zéro sur un nom
di- est un préfixe qui entraîne la lecture 'degré zéro' des noms.
(2) | Dont | d'ar | gêr | divragoù | ha | divotoù | |
aller | à.le | maison | pfx-pantalons | et | pfx-chaussures | ||
'Rentrer chez soi sans pantalon et sans chaussures.' | Favereau (1993) |
Le nom préfixé peut être pluriel comme singulier.
(3) | Didud ha morgousket | e oa | ar gompezenn. | |||||
pfx-gens et endormi | R était | le plaine | ||||||
'La plaine était endormie et déserte.' | Standard, Drezen (1990:36) |
(4) | N'out ket | diloer? | |||||
ne es pas | pfx.bas | ||||||
'Tu n'es pas sans bas?' | Gros (1970b:§'loer') |
Le préfixe di- est productif sur les noms.
- an tachennoù rous dizour ha dic’heot
- Standard, Drezen (1990:50)
- didrouz, difazi, diboell, didud
- Standard, An Here (1995)
contraires
Le préfixe di- peut donc s'utiliser pour exprimer des contraires (avec X ou sans X).
- Pa vêr klañv, gwas pe diwas, an dra-se 'zo heñvel! (Poullaouenn, Favereau 1993)
- glav pe dic'hlaw (Are, Favereau 1993)
degré zéro sur un prédicat
Le préfixe di- est aussi productif avec les prédicats, adjectivaux ou verbaux. Dans ces cas, on obtient sémantiquement un prédicat de sens contraire (degré zéro appliqué à la base).
adjectifs
(1) | Ne vez ket alies | divew | anezhañ. | ||||
ne est pas souvent | pfx-saoul | P.lui | |||||
'Il est ivre la plupart du temps.'(Il n'est pas souvent sobre) | Haut-cornouaillais (Riec), Bouzeg (1986:I) |
(2) | He beg 'zo | 'giz | 'n toull karr distañk. | |||
son bouche est | comme | un trou charrette pfx-fermé | ||||
'Elle est édentée.' | ||||||
litt.'Sa bouche est comme une brèche de champ ouverte.' | Haut-cornouaillais (Riec), Bouzeg (1986:III) |
(3) Ne zeu ket sonjoù divodest da virout ouzhit da gousket, a-wechoù?
- Standard, Drezen (1990:53)
verbes
Lorsqu'il apparaît sur les verbes, le préfixe di- correspond en gloses au préfixe dé- du français.
(2) | A | - | C'hoarzhiñ | a ra ! | B | - | Dic'hoarzhiñ | a ray! | |||
rire | fait | dé-rire | fera | ||||||||
'A - Il rit! .... | B - Ça lui passera!!' | Favereau (1993) |
(3) | Eman o tilasa | e votou-lêr, | o tiglochedi e vantel, | hag o tinozelenna | e chupenn... | ||
est P dé-lacer | son souliers-cuir | P dé-agrafer son manteau | et P dé-boutonner | son veste | |||
'Il délace ses souliers, dégrafe son manteau et déboutonne sa veste...' | Le Bozec (1933:66) |
(4) | Ne zislavaran ket. | ||||||
ne dé-dire pas | |||||||
'Je ne me dédis pas (je le maintiens).' | Trégorrois, Gros (1984:162) |
degré zéro dans les structures reduplicatives
La reduplication a-perfective X di-X est une opération morphologique de reduplication productive en breton.
Elle a l'effet sémantique de supprimer la borne de fin d'un prédicat verbal (reduplication a-perfective de type nijal-dinijal, 'voleter').
- Kaer en deus treiñ ha distreiñ, ne zeu ket ar c’housked dezhañ.
- Standard, Drezen (1990:45)
Pour un état, c'est le seuil qualitatif qui est supprimé avec un effet d'intensification.
(1) | Goude e vezont | bloñset | ha | dibloñset tout | evel-just. | |||||
après R sont | tapé | et | dé-tapé tout | bien.sur | ||||||
'Après, ils sont meurtris bien sûr.' | Léon, Mellouet & Pennec (2004:152). |
Cet effet est similaire au français dé- dans 'tremper > détremper'.
L'effet sémantique de ces reduplications donne un effet de persévérance dans l'action ou d'intensité de l'état, tout en supprimant la borne de fin ou le seuil qualitatif définitif de l'état. Ces interprétations ont donné lieu à un autre type d'interprétation du suffixe di- ou dis, en se généralisant hors des structures de reduplication.
Kervella (1947:§880) donne:
- diswalc'hiñ (se laver avec beaucoup d'eau)
- distrempañ (bien tremper, avec beaucoup d'eau)
- distammañ, disrannañ (mettre en pièces)
- distreiñ (mettre du côté opposé)
- diskrivañ, diskanañ (répondre à une lettre ou un chant, écrire ou chanter sans cesse)
A ne pas confondre
Ce morphème di-/dis- ne dois pas être confondu avec le morphème de-/di-, sémantiquement distinct.