Différences entre les versions de « Dérivation »

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Ces opérations ont des propriétés distinctes. Par exemple, le suffixe ''[[-ed (N.)]]'' des noms singuliers comme ''[[pec'hed]]'' 'péché est préservé par la dérivation flexionnelle (''pec'hedoù, pec'hejoù''), mais est supprimé par la dérivation lexicale qui obtient le verbe ''[[pec'hiñ]]'' 'pécher' (et non pas ''[[*]] pec'hediñ'').
Ces opérations ont des propriétés distinctes. Par exemple, le suffixe ''[[-ed (N.)]]'' des noms singuliers comme ''[[pec'hed]]'' 'péché est préservé par la dérivation flexionnelle (''pec'hedoù, pec'hejoù''), mais est supprimé par la dérivation lexicale qui obtient le verbe ''[[pec'hiñ]]'' 'pécher' (et non pas ''[[*]] pec'hediñ'').


=== dérivation sur base plurielle et composée ===
La langue bretonne est particulière en ce qu'elle permet les dérivations sur base plurielle, ou à partir de mots composés.
Une base plurielle est repérable dans le nom ''levraoueg'' 'bibliothèque', nom dérivé à partir du nom ''levr'' sous sa forme plurielle (simplifiée) *''levroù'', de ''levrioù''. On voit aussi une base plurielle dans le [[verbe]] ''darnaouiñ'' 'partager, distribuer' sur le pluriel ''darnoù'' de ''[[darn]]'' 'morceau'.
Certains [[suffixes]] sont même surtout utilisés avec des bases plurielles, comme ''[[-a]]'' dans ''paotreta'' 'draguer des garçons', bâti sur le pluriel ''paotred'' 'garçons'.
On trouve aussi des dérivations sur [[mots composés]], comme dans le cas de ''kaoc'hkezeka'', 'chercher du crottin de cheval', bâti sur ''[[kaoc'h]]-[[kezeg]]'' 'crottin de cheval', sur lequel est affixé le [[verbe léger]] ''[[-a]]'' 'chercher, rechercher'. Le nom composé ''pennfoll'' /[[penn|tête]].[[foll|fol]]/ devient ''pennfolliñ'' ou ''pennfollañ'' avec un [[suffixe verbal de l'infinitif]] régulier.
{| class="prettytable"
|(1)|| Neuze, || perak || '''pennfollañ''' || hañ ?
|-
||| [[neuze|alors]] || [[perak|pourquoi]] || [[penn|tête]].[[foll|foll]].[[-iñ|er]] || [[interjection|einh]]
|-
|||colspan="15" | 'Alors pourquoi paniquer, einh ?'
|-
|||||||||colspan="15" | ''Standard'', [[Moulleg (1978)|Moulleg (1978]]:21)
|}


== Dérivation syntaxique ==
== Dérivation syntaxique ==

Version du 31 octobre 2022 à 09:39

L'opération de dérivation recouvre des processus différents en syntaxe et en morphologie.


Dérivation morphologique

La morphologie dérivationnelle est l'étude des processus par lesquels un type de mot peut en former un autre.

Par exemple, en ajoutant le suffixe agentif -our au nom yezh 'langue', on obtient yezhour: 'linguiste'.


traces visibles de dérivation

Lorsque le suffixe pluriel -où porte l'accent de mot, il est réalisé en -aoù-. En KLT, cela se produit typiquement lorsqu'un suffixe unique suit ce suffixe -où, ce qui le place en situation pénultième où tombe l'accent.

En (1), le suffixe pluriel ne porte pas l'accent et est réalisé en /u/. En (2), un suffixe agentif -er, -our a été ajouté et le suffixe pluriel porte l'accent de mot. Il est réalisé en /au/.


(1) pilh 'chiffons'

(2) pilhaouer 'chiffonnier'


On trouve cependant aussi ce morphème -aou- hors accent. En (3), un autre suffixe a été rajouté au complexe, -ien. Le suffixe pluriel ne porte plus l'accent de mot. Il est cependant toujours réalisé en /au/.

(3) pilhaouerien, 'chiffonn-ier-s', Cornouaillais (Le Juch), Hor Yezh (1983:25)


L'hypothèse que la dérivation est cyclique et applique l'accent de mot à chaque nouvelle suffixation prédit correctement ces faits: la réalisation de (3) dépend de l'étape en (2).


économie du lexique

La dérivation morphologique permet à une seule racine d'être utilisée dans nombre de mots de sens et de catégorie différents.


(1) poell, 'raison, bon sens, intelligence, discrétion, retenue'

poell.us, poell.eg, 'sensé, réfléchi, discret'
poell.us.ted, 'discrétion, intelligence active'
poell.egezh, 'discrétion, retenue habituelle'
poell.gor, 'comité'
poell., 'réfléchir, comprendre, s'appliquer à qqch'
poell.ad, 'effort, travail, réflexion'
poell.ad.enn, 'tâche, exercice scolaire'
poell.ad.us, 'laborieux'
ar.boell, 'épargne'
ar.boell., 'épargner, ménager'
ar.boell.er, 'épargnant'
ar.boell.erez, 'économie politique'
ar.boell.us, 'parcimonieux'
di.boell, 'insensé'
di.boell., 'devenir fou'
berr.boell, 'versatile, insensé'
berr.boell.ig, 'volage, étourdi'
berr.boell.ded, 'versatilité'


dérivation flexionnelle vs. dérivation lexicale

La dérivation flexionnelle et la dérivation lexicale sont des opérations distinctes.

  • La dérivation flexionnelle est l'opération qui obtient pour un nom ses formes de pluriel ou de singulier dérivées (gwez 'des arbres' > gwezenn 'un arbre), ou pour un verbe ses formes conjuguées.
  • La dérivation lexicale est l'opération qui obtient, avec des affixes, un sens différent à partir d'un élément lexical.

Ces opérations ont des propriétés distinctes. Par exemple, le suffixe -ed (N.) des noms singuliers comme pec'hed 'péché est préservé par la dérivation flexionnelle (pec'hedoù, pec'hejoù), mais est supprimé par la dérivation lexicale qui obtient le verbe pec'hiñ 'pécher' (et non pas * pec'hediñ).


Dérivation syntaxique

La syntaxe dérivationnelle est une syntaxe qui postule que la syntaxe de la phrase consiste en une série ordonnée de processus qui s'appliquent les uns après les autres. C'est par exemple le cas d'une grammaire de vérification de traits.


 Radford (1997:§258):
 "La dérivation d'une structure donnée est la (représentation de) l'ensemble des opérations (Soudure et Mouvement) utilisées pour former la structure syntaxique."


histoire dérivationnelle d'une phrase

L'histoire dérivationnelle d'un élément est constituée de son lieu d'origine et de tous les sites où il a été bougé, jusqu'à son lieu d'apparition dans la phrase.


La phrase en (1) est sémantiquement équivalente à Ne oa ken ur mell gaou. La différence dans l'ordre des mots est en corrélation avec un changement dans la structure informationnelle: la présence d'un groupe nominal avant la négation ne force sur lui une lecture de focus. La dérivation de la phrase comprend le passage du groupe ur mell gaou en périphérie gauche de la phrase, afin d'obtenir cette lecture de focus.


(1) Eur mell gaou ne oa ken _.
un grand mensonge ne était autre.chose <un grand mensonge>
'Ce n'était qu'un gros mensonge.'
Léonard, (Cléder), Seite (1998:37)

Terminologie

Pennaod utilise le terme breton kenstrollad, kenstrolladur pour 'composition'.

Favereau (1993) donne deveradurezh et diveradurezh 'dérivation grammaticale'. Press (1986:233) traduit deveradur par l'anglais derivation. Sur wikeriadur, les listes de dérivations d'un item donné est noté deveradoù.

Bibliographie

  • Lannuzel, Fulup. 2015. 'Penaos sevel gerioù nevez azas ha kaer ?', Hor Yezh 284, 25-35.