Différences entre les versions de « Déictiques et cadre énonciatif »

De Arbres
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* Les [[adverbes]] temporels tels que:
* Les [[adverbes]] temporels tels que:
: ''[[warlene]]'', 'l'année passée'; ''[[bremañ]]'', 'maintenant'; ''[[hiziv]]'', 'aujourd'hui'; ''[[fenoz]]'', 'ce soir'; ''[[warc'hoazh]]'', 'demain'...
: ''[[warlene]]'', 'l'année passée'; ''[[bremañ]]'', 'maintenant'; ''[[hiziv]]'', 'aujourd'hui'; ''[[fenoz]]'', 'ce soir'; ''[[warc'hoazh]]'', 'demain'...
* le préfixe ''[[Di-/(deiz-)]]'' des noms de [[jours de la semaine]] juste passé ou à venir


* [[Les adverbes déictiques spatiaux]]:
* [[Les adverbes déictiques spatiaux]]:
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: [[Les adverbes déictiques spatiaux dynamiques|dynamiques]]: ''[[alemañ]]'', 'de là'; ''[[aleze]]'', 'd'ici'; ''[[alehont]]'' 'de là-bas'
: [[Les adverbes déictiques spatiaux dynamiques|dynamiques]]: ''[[alemañ]]'', 'de là'; ''[[aleze]]'', 'd'ici'; ''[[alehont]]'' 'de là-bas'


* le préfixe ''[[Di-/(deiz-)]]'' des noms de [[jours de la semaine]] juste passé ou à venir


Les noms des jours de la semaine peuvent montrer un préfixe déictique. Ce préfixe ''di-'' est calculé en proximité avec le temps d'énonciation. En (1), ''dimeurzh'' peut dénoter le jour qui est le mardi juste avant ou juste après le temps d'énonciation. Le temps verbal restreint ensuite son calcul à ''mardi dernier'' (pour le locuteur au moment de l'énonciation).
Ce préfixe ''di-'' est calculé en proximité avec le temps d'énonciation. En (1), ''dimeurzh'' peut dénoter le jour qui est le mardi juste avant ou juste après le temps d'énonciation. Le temps verbal restreint ensuite son calcul à ''mardi dernier'' (pour le locuteur au moment de l'énonciation).





Version du 31 mai 2015 à 12:26

Les éléments déictiques sont calculés à partir du cadre d'énonciation.

Le cadre d'énonciation comprend quatre paramètres: le locuteur, l'interlocuteur, le temps et l'espace de l'énonciation. Chaque nouvelle phrase a un nouveau cadre d'énonciation.

En (1), les deux marques d'accord sont déictiques car elles réfèrent à l'interlocuteur de A (emaout) et au locuteur B (emaon). Les adverbes déictiques spatiaux amañ et aze sont aussi déictiques car on ne peut calculer leur référence qu'en calculant à partir de la location du locuteur. Dans le dialogue entre A et B, le même point dans l'espace est modérément éloigné de A (aze) et coïncide exactement avec B (amañ).


(1) A : Aze 'maout? B  : Ya ! Amañ/*aze emaon!
Tu es là ? Ouais ! ici/*là suis
- Tu es là ? - Ouais ! J'suis là!' Madeg (2013:7)


Les déictiques s'opposent aux éléments anaphoriques dont la référence est indépendante du cadre d'énonciation. Ils sont, eux, éclairés par le co-texte.


Inventaire

Les éléments déictiques sont:

warlene, 'l'année passée'; bremañ, 'maintenant'; hiziv, 'aujourd'hui'; fenoz, 'ce soir'; warc'hoazh, 'demain'...
statiques: amañ, 'là'; aze, 'ici'; ahont, 'là-bas'
dynamiques: alemañ, 'de là'; aleze, 'd'ici'; alehont 'de là-bas'

Ce préfixe di- est calculé en proximité avec le temps d'énonciation. En (1), dimeurzh peut dénoter le jour qui est le mardi juste avant ou juste après le temps d'énonciation. Le temps verbal restreint ensuite son calcul à mardi dernier (pour le locuteur au moment de l'énonciation).


(1) Dimeurzh e oan o soñjal bezañ deut.
mardi R étaits à penser être venu
'Mardi je pensais être venu (je pensais venir).' Trégorrois, Gros (1984:317)

Stylistique

usage déictique d'expression référentielles

Les noms propres ou les groupes nominaux lexicaux comme ar plac'h, ar paotr ne sont pas canoniquement déictiques: ce sont des expressions référentielles; elles réfèrent donc de façon indépendante. Cependant, certaines tournures stylistiques les rendent déictiques en forçant une lecture 1SG.


(1) Ha fatiket ar plah!
et évanoui le fille
'Et voilà la fille (et me voilà) évanouie!' Trégorrois, Gros (1984:161)


En (2), il est remarquable que la locutrice n'a pas à s'appeler réellement Jenovefa. Il ne peut cependant s'agir d'un garçon.


(2) Ha Jenovefa da harmad evel eun inosantez!
et Geneviève de pleurer comme un sotte
'Et Geneviève (moi) de pleurer comme une sotte!' Trégorrois, Gros (1984:161)


(2) Ha Fañch war e benn er mor!
et François sur son tête dans.le mer
'Et voilà François (et me voilà) précipité dans la mer!' Trégorrois, Gros (1984:160)
 Gros (1984:160):
 "Le trégorrois parlé, toujours facétieux, aime à remplacer Je ou Moi par un prénom 
 qui évoquait autrefois une personne simplette et cela, pour se moquer de sa propre sottise 
 ou de quelque mésaventure personnelle.