Concordance des temps

De Arbres

La concordance des temps est le rapport entre le temps du verbe d'une proposition et celui d'une autre proposition. En (1), le verbe kavout 'trouver' de la proposition principale est conjugué au temps imparfait, et le verbe de la proposition complétive qu'elle contient est aussi au temps imparfait.


(1) Keban e vreg a gave d'ezi e kolle e amzer...
Keban son1 femme R1 pensait à.elle R4 perdait son1 temps
'Keban, sa femme, pensait qu'il perdait son temps...'
Léonard (Plouharzel), Perrot (1912:410)


La concordance est parfois surprenante. Ci-dessous, quelques relevés qui incluent les différences de modes.


Temps

passé/présent

(2) Ma veze savet moh ganeom, eo evid gelloud laza unan d'an nebeuta, eur wech ar bloaz.
si4 était élev.é cochons avec.nous est pour pouvoir tuer un pour1 le peu.le.plus un 1fois le an
'Si nous élevions des cochons, c'était pour pouvoir en tuer un, au moins, une fois l'an.'
Léonard (Cléder), Seite (1985:33)


Lorsque le temps de la matrice est au passé, la circonstancielle introduite par pa peut ne pas respecter la concordance des temps et être au temps morphologique présent. C'est vérifié à Groix (Ternes 1970:322), ainsi qu'en Léon.


(3) /pəd -on iwaŋk, wa premətet /
Pad on yaouank, me 'oa prometet.
quand suis jeune moi était prom.is
'Quand j'étais jeune, j'étais fiancée.'
Vannetais (Groix), Ternes (1970:322)


(4) /pəd -on bijãn, mbez labure məŋ gwalX /
Pad on bihan, me mb'oa labouret mem gwalc'h.
quand suis petit moi R.1SG 1.avait travaill.é mon+C satiété
'Quand j'étais petite, j'ai travaillé mon content.'
Vannetais (Groix), Ternes (1970:322)


(5) An den-ze ne efe ket boesoñ a-rôk ma on dimêt tea.
le personne. ne1 buvait pas alcool avant que4 suis mari.é à.lui
'Cet homme-là ne buvait pas avant que je ne l'épouse.'
Cornouaillais (Sein), Fagon & Riou (2015:'boesoñ')


(6) Pa vez kalm a-wechoù, n'oa ket neseser deomp tachadoù lakat al lien...
quand1 est calme à-fois ne1 était pas nécessaire à.nous parfois mettre le voile
'Quand il faisait calme, parfois on n'avait pas à mettre la voile … '
Léonard (Plougerneau), Elégoët (1982:36)


L'exemple (7) illustre la situation structurale inverse où c'est la circonstancielle qui apporte la morphologie du passé alors que la matrice, elle aussi interprétée au passé, est réalisée avec une morphologie du présent.


(7) pe vɛn eo ebaz aʁ paʁk e vez sklɛʁ o lagad.
quand1 étais dans le parc R est clair leur2 œil
'Quand elles étaient aux champs, leurs yeux étaient clairs.'
Breton central (Duault), Avezard-Roger (2004a:140)


Modes

conditionnelle

En (1), la conditionnelle semble introduire une proposition … à l'indicatif.


(1) Ha c'hwi, ma flah bihan, ma 'ho pije gwelet an traou-ze, e oa eet ar bleo diwar ho penn.
et vous mon2 fille petit si 2PL 2.aurait v.u le choses. R était all.é le chevelure de votre3 tête
'Et vous, ma petite fille, si vous aviez vu ces choses-là, vous auriez perdu vos cheveux.'
Trégorrois, Gros (1984:23)


habituatif

Fave (1998:140) note une concordance sémantique entre matrice et enchâssée. En (x), le verbe de la matrice est marquée morphologiquement pour l'imparfait. Sémantiquement, il signifie 'avoir l'habitude de rester', mais l'habituatif n'a pas de marque en breton en dehors des verbes 'être' et 'avoir'. Dans l'enchâssée, cependant, le verbe 'avoir', qui lui, peut marquer l'habituatif, le doit. C'est d'autant plus remarquable que l'habituatif n'est pas sémantiquement présent sur ce verbe (il attendait jusqu'au moment d'obtenir X et non pas *il attendait jusqu'à l'habitude d'obtenir X/ obtenir X d'habitude).


(2) Ar marh a jome beteg m'e neveze.
le cheval R1 restait jusqu'à que R.3SG avait.HAB
'Le cheval attendait jusqu'à obtenir ce qu'il voulait.'
Léonard, Fave (1998:140)


Terminologie

Le terme de 'concordance des temps' correspond en breton à kenglot an amzerioù.