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Cuaya & al. (2021) utilisé l'imagerie à résonance magnétique (fMRI) sur 18 chiens à qui ont été présenté une lecture du ''Petit prince'' en espagnol et en hongrois, ainsi que des versions brouillées artificiellement de ces voix. Les chiens différencient les versions langagières entre elles, avec une différence plus marquée plus les chiens sont âgés, ce qui suggère que la période d'exposition au langage est importante. Ils ne marquent pas de différence entre les versions brouillées. Les zones du cortex mobilisées par les voix naturelles sont distinctes de la zone mobilisée par les voix brouillées.
Cuaya & al. (2021) utilisé l'imagerie à résonance magnétique (fMRI) sur 18 chiens à qui ont été présenté une lecture du ''Petit prince'' en espagnol et en hongrois, ainsi que des versions brouillées artificiellement de ces voix. Les chiens différencient les versions langagières entre elles, avec une différence plus marquée plus les chiens sont âgés, ce qui suggère que la période d'exposition au langage est importante. Ils ne marquent pas de différence entre les versions brouillées. Les zones du cortex mobilisées par les voix naturelles sont distinctes de la zone mobilisée par les voix brouillées.


==== construction de phonèmes? ====
==== construction de phonèmes ? ====


On observe des signaux où l'ordre d'association d'éléments peut créer des sens variés. Engesser & al. (2015) rapportent que la pipelette à couronne châtain ("chestnut-crowned babbler"), en Australie, utilise des séquences AB / BAB où le réarrangement de l'ordre de ces sons identiques produit des sens différents (l'ordre AB des séquences est associé au vol, et BAB au signal de nourrissement des petits). Les enregistrements joués à des oiseaux qui les écoutent produisent des comportements associés. Il s'agirait ici d'un système simple de construction de phonèmes.  
On observe des signaux où l'ordre d'association d'éléments peut créer des sens variés. Engesser & al. (2015) rapportent que la pipelette à couronne châtain ("chestnut-crowned babbler"), en Australie, utilise des séquences AB / BAB où le réarrangement de l'ordre de ces sons identiques produit des sens différents (l'ordre AB des séquences est associé au vol, et BAB au signal de nourrissement des petits). Les enregistrements joués à des oiseaux qui les écoutent produisent des comportements associés. Il s'agirait ici d'un système simple de construction de phonèmes.  

Version du 18 avril 2022 à 12:54

La linguistique étudie les langues naturelles humaines, et non pas tout le champ de la communication, qui est bien plus large.

La communication entre humains ne passe en effet pas uniquement par les langues, que celles-ci soient orales ou signées. Les humains touchent, chantent, développent des signes visuels sociaux complexes. Autant de signes et signaux qui, tous, font partie de ce qui constitue un système de communication et peut être chargé de sens mais ne rentre pas dans le domaine d'étude de la linguistique.

La communication n'est pas non plus restreinte aux échanges entre humains. De multiples formes de communication sont connues, qui ne sont pas forcément associées à un langage comparable au langage humain.


Systèmes langagiers chez les non-humains

Les candidats solides plaidant pour l'existence d'un système langagier complexe chez les non-humains sont rares, mais ce siècle a vu des découvertes étonnantes concernant les capacités linguistiques animales, et les capacités communicatives dans le monde végétal.


monde animal

Des systèmes de communication riches et complexes existent dans le monde animal en dehors des humains, comme la danse par laquelle les abeilles peuvent communiquer avec grande précision l'emplacement géographique d'une source de nectar. Des capacités cognitives que l'on a longtemps cru réservées aux humains ont été mises à jour chez différents animaux. Howard & al. (2018) montrent que, comme le perroquet gris africain et les primates non-humains, les abeilles peuvent utiliser le concept de "moins que un", zéro.


hypothèse de la continuité phonologique

Hauser, Chomsky & Fitch (2002) ont proposé que les systèmes d'analyse auditifs des mammifères partagent une capacité à repérer des régularités linguistiques à partir d'indices faibles, comme le rythme.

Les tamarins et les rats partagent avec les enfants humains la possibilité de différencier rythmiquement entre elles des langues humaines, comme des versions synthétisées du néerlandais et le japonais (Toro & al. 2005). Cette habilité disparaît dans les trois espèces si ces langues sont jouées à l'envers. La même expérience avec des voix naturelles a pu montrer la même capacité de discrimination des deux langues, mais pas lorsque les locuteurs étaient différents.

Les distinctions du système phonématique humain sont, au moins en partie, perceptibles par des non-humains. Les perruches de Flaherty & al. (2017) peuvent différencier les sons /t/ et /d/ sans contact préalable avec la langue humaine, en utilisant les mêmes indices phonologiques que des humains.

Cuaya & al. (2021) utilisé l'imagerie à résonance magnétique (fMRI) sur 18 chiens à qui ont été présenté une lecture du Petit prince en espagnol et en hongrois, ainsi que des versions brouillées artificiellement de ces voix. Les chiens différencient les versions langagières entre elles, avec une différence plus marquée plus les chiens sont âgés, ce qui suggère que la période d'exposition au langage est importante. Ils ne marquent pas de différence entre les versions brouillées. Les zones du cortex mobilisées par les voix naturelles sont distinctes de la zone mobilisée par les voix brouillées.

construction de phonèmes ?

On observe des signaux où l'ordre d'association d'éléments peut créer des sens variés. Engesser & al. (2015) rapportent que la pipelette à couronne châtain ("chestnut-crowned babbler"), en Australie, utilise des séquences AB / BAB où le réarrangement de l'ordre de ces sons identiques produit des sens différents (l'ordre AB des séquences est associé au vol, et BAB au signal de nourrissement des petits). Les enregistrements joués à des oiseaux qui les écoutent produisent des comportements associés. Il s'agirait ici d'un système simple de construction de phonèmes.


Morphologie ? Merge ?

Ouattara & al. (2009a, b) et Keenan & al. (2013) rapportent que les singes mâles de Campbell (Cercopithecus campbelli) produisent trois items lexicaux distincts, boum, krak et hok. Les deux derniers réfèrent respectivement à des prédateurs au sol et dans la canopée, avec une variation de type dialectale pour la référence de krak (Schlenker & al. 2014). Krak comme hok peuvent tous deux être suivis de -oo, de sens atténuateur. /-oo/ ne se trouve jamais en isolation, ce qui amène les linguistes à discuter ses propriétés suffixales (Kuhn & al. 2018).

Jiang & al. (2018) montrent que les macaques rhésus peuvent, s'ils sont entrainés très intensivement, produire des séquences spatiales complexes. Les singes ont pu ainsi être entrainés à produire des séquences en miroir ABC/CBA, qu'ils ont ensuite généralisé à de nouvelles séquences différentes. Des enfants humains de 5-6 ans, avec très peu d'entrainement (après à peu près 5 démonstrations), passent cet exercice avec succès.

Les oiseaux offrent aussi des cas où l'ordre des éléments du message participe du sens du message. Suzuki & al. (2018) discutent les productions de la mésange japonaise, qui réagit différemment à des séquences ABC, D et ABC-D, montrant une lecture nouvelle, non-compositionnelle, pour ABC-D. Les chercheurs ont soumis les oiseaux à des chants inversés D-ABC sans obtenir le comportement associé à ABC-D, ce qui les conforte dans l'idée qu'il s'agit d'une structure de type syntaxique.


testabilité

Si un langage structuré comparable aux langues humaines est un jour à découvrir dans le reste du monde animal, il est plausible que ce soit chez les mammifères marins dont nous suspectons les capacités cognitives. Les capacités cognitives généralement associées au langage sont présentes chez les mammifères marins. Ils peuvent par exemple s'apprendre entre eux des techniques de pêche. Les orques adultes montrent aux petits comment ne s'échouer qu'à demi sur une plage lors de la chasse au phoque. Les baleines ont appris, face à la raréfaction de leur nourriture de base, une technique de chasse qui implique initialement de battre la surface de l'eau d'un coup de queue. Cette technique a été diffusée depuis les années 1980 dans les sociétés de baleines au gré des contacts sociaux de groupes à groupes (Allen & al. 2013). L'analyse des séquences temporelles des vocalisations produites par les dauphins à nez en bouteille de Floride montre que leur message n'est pas incompatible avec l'hypothèse d'une structure langagière, comprenant même des items fonctionnels et une syntaxe (Abbott 2009).

Nous connaissons encore relativement peu sur ces animaux par rapport aux animaux terrestres. Certaines espèces de mammifères marins pourraient avoir des systèmes complexes que nous ne sommes pas (encore ?) à même de déchiffrer car leur étude est très complexe (taille, vitesse, profondeur marine, faiblesse relative de nos micros sous l'eau, utilisation d'ondes que nous ne percevons pas sans instruments, etc.).


monde végétal

La communication a aussi été mise en évidence dans le monde végétal, et inter-espèces (voir Pollan 2013 pour une synthèse journalistique).

Les fleurs produisent un champ magnétique qui évolue avec le passage d'un insecte pollinisateur (Clarke & al. 2013), sorte de mise à jour de message publicitaire quant au nectar disponible pour un prochain insecte. (Appel & al. 2014) montre que Arabidopsis thaliana réagit à la vibration des feuilles produites par le son d'herbivores prédateurs en produisant un élément légèrement toxique, l'huile de moutarde. Cette réaction ne se produit pas avec des vibrations provenant du vent ou du chant d'insectes, ce qui montre une réaction à une vibration spécifique.

Les graines de piment rouge poussent mieux en proximité du basilic, et moins bien en proximité du fenouil, et ce, même lorsqu'un plastique noir nous assure de leur séparation et qu'il n'y pas de contact entre les plantes, que les signaux chimiques et lumineux sont bloqués. Selon Gagliano et Renton (2013), cette évidence suggère que les plantes échangent par le moyen de vibrations nanomécaniques.

contraste avec les langues humaines

Linguistiquement, il est important de contraster les systèmes de communication divers avec une structure langagière humaine (Smith 2002:883-88; Anderson 2004).

Les langues humaines ont des propriétés uniques telles que la récursivité (Berwick & Chomsky 2016), une variété lexicale massive, l'utilisation de matériel fonctionnel, la présence de mondes alternatifs comme dans le cas de la négation, etc. Les langues humaines permettent de parler du langage, ce qui signifie qu'elles ont un usage "métalinguistique". Aucun des autres systèmes de communication connus n'a une telle dimension de représentation de soi-même.


Références

> Se reporter aussi à la bibliographie de l'article concernant les gestes et gestes grammaticaux.
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