Différences entre les versions de « Cas d'absence superficielle de ne »

De Arbres
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En transcription, cette négation préverbale élidée est souvent notée par un 'skrap', une apostrophe préverbale.
En transcription, cette négation préverbale élidée est souvent notée par un 'skrap', une apostrophe préverbale.


=== absence de ''ne'' sans mutation consonnantique sur le verbe ===
=== transcription ===
 
Les premiers contextes à écarter pour étudier les cas d'absence syntaxique de ''ne'', sont ceux où le ''ne'' a, en fait, été prononcé.
Ainsi, la prudence est de mise dans les transcriptions: il faut écarter les contextes où ''ne'' aurait pu être prononcé sans avoir été transcrit comme en (2). L'item préverbal ''den'' finit effectivement par une nasale qui aurait pu se confondre avec la négation ''Ne''.


Les premiers contextes à écarter pour étudier les cas d'absence syntaxique de ''ne'', sont ceux où le ''ne'' est syntaxiquement présent, mais non prononcé. C'est probablement le cas en (9) et (10): un ''ne'' élidé ne pourrait ici se signaler par une éventuelle mutation consonnantique sur le verbe.


{| class="prettytable"
{| class="prettytable"
| (9)||M||eus||'''ket'''||karr||'''ebet'''
| (2)||'''Den'''||oa||kotät||de||vonet||d'||er||brezel
|-
|-
| ||1.SG||ai||NEG ||voiture||aucune
| ||personne||est||heureux||de||aller||à||Det.||guerre
|-
|-
| || colspan="4" | 'Je n'ai pas de voiture'  
| || colspan="4" | 'Personne n'était heureux d'aller à la guerre'
|-
|-
| ||||||||??||Mélanie Jouitteau (à vérifier)
| ||||||||||||||''Groe'',||Corne (1991:4)
|}
|}


=== interprétation ===


Nous devons aussi écarter les contextes où ''ne'' aurait très bien pu être prononcé mais pas transcrit comme en (10).
En Bas Cornouaillais, le premier morphème de la négation est souvent non-réalisé, comme dans le corpus douarneniste de [[Hor Yezh (1983)|Hor Yezh 1983]]). Cependant, on peut voir à certaines des phrases comme en (3) qu'une négation préverbale existe au niveau syntaxique sans devoir forcément recevoir un contenu phonologique. L'interprétation de ''tamm moneiz'' en (3) montre que cet élément est cependant présent syntaxiquement. Dans une phrase sans négation, son sens aurait été positif (''Bez oa tamm moneiz'' > 'il y avait un peu d'argent').


{| class="wikitable"
|(3)||  A-wechoù vie paeet ||a-wechoù ||||vie ket ||peogwir ||||oa tamm moneiz.
|-
| || des.fois était payé ||des.fois ||'''NEG'''||était NEG ||car ||'''NEG'''||était morceau argent
|-
|||colspan="4" | 'Des fois c'était payé, mais des fois non, car il n'y avait pas d'argent.'.'
|-
| ||||||||||colspan="4" |''Bas-Cornouaillais'' (Treboull), [[Hor Yezh (1983)|Hor Yezh (1983:75)]]
|}


{| class="prettytable"
=== selon l'analyse ===
| (10)||'''Den'''||oa||kotät||de||vonet||d'||er||brezel
 
En (4), on sait que les locuteurs sont bilingues avec une variété de français qui bascule vers le stade III du cycle de Jespersen, où la seule marque de la négation est un adverbe postverbal (''Il y avait pas d'eau''). La présence d'une négation au niveau sémantique ne nous aide pas à déceler si il y a bien une négation préverbale au niveau syntaxique, puisqu'une négation postverbale est présente.
Le verbe tensé commence par une voyelle et n'est donc pas sujet à mutation consonnantique. Il est donc impossible de juger à partir de cette phrase uniquement si le locuteur utilise une négation préverbale ou non.
La présence d'un ''ne'' hypothétique au niveau syntaxique n'est qu'un postulat.
 
{| class="wikitable"
| (4) || ||wɛ† cəd|| a z‚€ƒɔ:ʁ
|-
|-
| ||personne||est||heureux||de||aller||à||Det.||guerre
| ||||oa ket|| a zour
|-
|-
| || colspan="4" | 'Personne n'était heureux d'aller à la guerre'
| ||NEG? ||était NEG|| P eau
|-
|-
| ||||||||||||||''Groe'',||Corne (1991:4)
| ||colspan="4" |'Il n'y avait pas d’eau.'|||||||| ''vannetais'', [[Cheveau (2007)|Cheveau (2007:133)]]
|}
|}

Version du 25 janvier 2010 à 01:03

absence de ne avec mutation consonnantique

Parfois, le ne préverbal n'est pas prononcé, seule reste réalisée sur le verbe tensé la mutation consonnantique que la négation a provoquée.

En transcription, cette négation préverbale élidée est souvent notée par un 'skrap', une apostrophe préverbale.

transcription

Les premiers contextes à écarter pour étudier les cas d'absence syntaxique de ne, sont ceux où le ne a, en fait, été prononcé. Ainsi, la prudence est de mise dans les transcriptions: il faut écarter les contextes où ne aurait pu être prononcé sans avoir été transcrit comme en (2). L'item préverbal den finit effectivement par une nasale qui aurait pu se confondre avec la négation Ne.


(2) Den oa kotät de vonet d' er brezel
personne est heureux de aller à Det. guerre
'Personne n'était heureux d'aller à la guerre'
Groe, Corne (1991:4)

interprétation

En Bas Cornouaillais, le premier morphème de la négation est souvent non-réalisé, comme dans le corpus douarneniste de Hor Yezh 1983). Cependant, on peut voir à certaines des phrases comme en (3) qu'une négation préverbale existe au niveau syntaxique sans devoir forcément recevoir un contenu phonologique. L'interprétation de tamm moneiz en (3) montre que cet élément est cependant présent syntaxiquement. Dans une phrase sans négation, son sens aurait été positif (Bez oa tamm moneiz > 'il y avait un peu d'argent').

(3) A-wechoù vie paeet a-wechoù vie ket peogwir oa tamm moneiz.
des.fois était payé des.fois NEG était NEG car NEG était morceau argent
'Des fois c'était payé, mais des fois non, car il n'y avait pas d'argent.'.'
Bas-Cornouaillais (Treboull), Hor Yezh (1983:75)

selon l'analyse

En (4), on sait que les locuteurs sont bilingues avec une variété de français qui bascule vers le stade III du cycle de Jespersen, où la seule marque de la négation est un adverbe postverbal (Il y avait pas d'eau). La présence d'une négation au niveau sémantique ne nous aide pas à déceler si il y a bien une négation préverbale au niveau syntaxique, puisqu'une négation postverbale est présente. Le verbe tensé commence par une voyelle et n'est donc pas sujet à mutation consonnantique. Il est donc impossible de juger à partir de cette phrase uniquement si le locuteur utilise une négation préverbale ou non. La présence d'un ne hypothétique au niveau syntaxique n'est qu'un postulat.


(4) wɛ† cəd a z‚€ƒɔ:ʁ
oa ket a zour
NEG? était NEG P eau
'Il n'y avait pas d’eau.' vannetais, Cheveau (2007:133)