Calvez (2008)

De Arbres


résumé

 "Au XVIIIe siècle, en Basse-Bretagne, il existe une production littéraire profane qui est restée principalement manuscrite : la littérature du breton mondain.
 Réfléchir sur ce breton mondain oblige à revoir l'histoire des pratiques langagières des siècles précédents : en effet, il n'y a pas d'un côté le peuple ne parlant que le breton, et de l'autre la noblesse ou la bourgeoisie ne pratiquant que le français. Cela oblige également à relire la littérature du breton d'avant le siècle des Lumières : ainsi, une pratique culturelle de distinction peut aisément être mise en lumière.
 Au XVIIIe siècle, à l'usage de la langue bretonne par une couche de la population aisée et cultivée correspond une expression littéraire inédite. Celle-ci se caractérise notamment par l'irruption du je : les auteurs, le plus souvent anonymes, font entendre, avec allégresse, les élans et les émois de leur corps et de leur cœur. Cette littérature confirme alors une certaine forme de désacralisation de la société bas-bretonne et témoigne d'une forte progression du mouvement émancipateur moderne qui trouve un écho réel en breton."


L'article fait l'hypothèse de l'existence d'un breton mondain au XVIII°, à partir de l'argument sociologique que des classes élevées de la société bretonne pratiquaient le breton, et devaient se démarquer des bretons populaires.

p. 140: "il est permis d'émettre l'hypothèse qu'en plus du breton d'Église, il existait un autre registre de breton élevé, façonné par la noblesse et par des clercs, aussi distincts des badumes que l'était le registre ecclésial – caractérisés par des traits phonologiques ou des traits de vocabulaire particuliers […]"

Ce breton mondain n'est pas décrit morphologiquement ou syntaxiquement. Il est caractérisé stylistiquement par l'apparition du "je" et d'un champ paradigmatique des fonctions corporelles.