Différences entre les versions de « C'hwistim »

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''C'hwistim'' 'est-ce-que ?' est une particule d'[[interrogative polaire]]. Comme le français ''Est-ce que...?'', cette [[Q|particule]] signale une [[question oui/non]]. Elle est restreinte aux dialectes du Nord, en Petit-Tréguier et en Goëlo.
''C'hwistim'' est une particule interrogative qui signifie 'Je me demande ...', et introduit une [[interrogative]]. Ce n'est pas le [[mot interrogatif]] lui-même, qui suit directement ''c'hwistim''. Cette particule ''c'hwistim'' est restreinte aux dialectes du Nord, en Petit-Tréguier et en Goëlo.




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|(1)|| '''C'hwistim''' || piv || a || raio || dezhi || bremañ.  
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== Morphologie ==
== Morphologie ==


=== distribution dialectale ===
=== composition ===


[[Le Clerc (1986)|Le Clerc (1986]]:205) et [[Koadig (2010)|Koadig (2010]]:91) s'accordent sur le fait que ''c'hwistim'' est une spécificité dialectale du Petit-Tréguier et du Goëlo.
[[Le Clerc (1986)|Le Clerc (1986]]:205) et [[Koadig (2010)|Koadig (2010]]:91) notent que ''c'hwistim'' (''c'hwi 'estim''), comme ''[[daoust]]'' (''da c'houzout''), vient de constructions qui sont des [[questions indirectes]]. Sa composition étymologique est effectivement transparente (''c'hwi 'estim'', /vous estimez/, 'vous pensez (que...)').
En corpus, on en trouve des occurrences chez les écrivains trégorrois comme Jules Gros, Jarl Priel ou Erwan ar Moal.
 
 
=== grammaticalisation ===
 
[[Le Clerc (1986)|Le Clerc (1986]]:205) et [[Koadig (2010)|Koadig (2010]]:91) notent que ''c'hwistim'' (''c'hwi 'estim''), comme ''[[daoust]]'' (''da c'houzout''), vient de constructions qui sont des [[questions indirectes]]. Son étymologie interne est effectivement transparente (''c'hwi 'estim'', /vous estimez/, 'vous pensez (que...)').




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|(2)|| Daoust ||<font color=green>[</font color=green><sub>[[CP]]</sub> || hag-eñ ec'h i || da Bariz <font color=green>]</font color=green>?
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Ce serait donc une particule [[Q]] [[grammaticalisée]] à partir d'une proposition principale introduisant une interrogative polaire enchâssée (comme s'il y avait deux points ":" après ''c'hwistim''). Si c'est bien le cas, alors la [[grammaticalisation]] s'est opérée à partir d'une [[question oui/non]] réalisée par l'intonation uniquement (''...ec'h i da Bariz?''), et non pas introduite par une particule [[Q]] de type ''ha(g)'', car celle-ci n'est pas utilisée en tête des [[complétives]].  
Ce serait donc une particule interrogative [[grammaticalisée]] à partir d'une proposition principale introduisant une interrogative enchâssée (comme s'il y avait deux points ":" après ''c'hwistim''). Si c'est bien le cas, alors la [[grammaticalisation]] s'est opérée à partir d'une [[question oui/non]] réalisée par l'intonation uniquement (''...ec'h i da Bariz?''), et non pas introduite par une particule [[Q]] de type ''ha(g)'', car celle-ci n'est pas utilisée en tête des [[complétives]].  
Ce scénario expliquerait que la particule ''[[daoust]]'' doive être suivie de ''hag'' ou ''hag-eñ'', alors que ''c'hwistim'' peut apparaître seule (''C'hwistim ec'h i da Bariz?''). Dans un second temps de grammaticalisation, influencée par le fonctionnement de ''[[daoust]]'' standard, la particule ''hag'' ou ''hag-eñ'' aurait pu être ajoutée après ''c'hwistim''.
Ce scénario expliquerait que la particule ''[[daoust]]'' doive être suivie de ''hag'' ou ''hag-eñ'', alors que ''c'hwistim'' peut apparaître seule (''C'hwistim ec'h i da Bariz?''). Dans un second temps de grammaticalisation, influencée par le fonctionnement de ''[[daoust]]'' standard, la particule ''hag'' ou ''hag-eñ'' aurait pu être ajoutée après ''c'hwistim''.
=== répartition dialectale ===
[[Le Clerc (1986)|Le Clerc (1986]]:205) et [[Koadig (2010)|Koadig (2010]]:91) s'accordent sur le fait que ''c'hwistim'' est une spécificité dialectale du Petit-Tréguier et du Goëlo. En corpus, on en trouve des occurrences chez les écrivains trégorrois comme Jules Gros, Jarl Priel ou Erwan ar Moal.
Il existe une concurrence dialectale avec ''[[mendare]]''.




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|(3)|| Daoust || hag(-eñ) || ec'h i || da Bariz ?
|(3)|| Daoust || hag(-eñ) || ec'h i || da || Bariz ?
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||| C'hwistim || (hag(-eñ)) || ec'h i || da Bariz ?
||| C'hwistim || (hag(-eñ)) || ec'h i || da || Bariz ?
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||| [[Q]] || [[Q]] || [[R]] [[mont|iras]] || [[da|à]]<sup>[[1]]</sup> Paris
||| interrogatif || [[Q|est-ce-que]] || [[R]]<sup>[[+C]]</sup> [[mont|iras]] || [[da|à]]<sup>[[1]]</sup> || [[nom propre|Paris]]
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Version actuelle datée du 10 avril 2024 à 10:47

C'hwistim est une particule interrogative qui signifie 'Je me demande ...', et introduit une interrogative. Ce n'est pas le mot interrogatif lui-même, qui suit directement c'hwistim. Cette particule c'hwistim est restreinte aux dialectes du Nord, en Petit-Tréguier et en Goëlo.


(1) C'hwistim piv a raio dezhi bremañ.
je.me.demande qui R1 fera à.elle maintenant
'Je me demande qui le lui fera maintenant.'
Cornillet (2008:226)


Morphologie

composition

Le Clerc (1986:205) et Koadig (2010:91) notent que c'hwistim (c'hwi 'estim), comme daoust (da c'houzout), vient de constructions qui sont des questions indirectes. Sa composition étymologique est effectivement transparente (c'hwi 'estim, /vous estimez/, 'vous pensez (que...)').


(2) Daoust hag-eñ ec'h i da Bariz ?
C'hwistim hag-eñ ec'h i da Bariz ?
interrogatif [CP est-ce-que R+C iras à1 Paris ]
'Est-ce que tu iras à Paris ?'
Trégorrois (Tréguier), Le Clerc (1986:205)


Ce serait donc une particule interrogative grammaticalisée à partir d'une proposition principale introduisant une interrogative enchâssée (comme s'il y avait deux points ":" après c'hwistim). Si c'est bien le cas, alors la grammaticalisation s'est opérée à partir d'une question oui/non réalisée par l'intonation uniquement (...ec'h i da Bariz?), et non pas introduite par une particule Q de type ha(g), car celle-ci n'est pas utilisée en tête des complétives. Ce scénario expliquerait que la particule daoust doive être suivie de hag ou hag-eñ, alors que c'hwistim peut apparaître seule (C'hwistim ec'h i da Bariz?). Dans un second temps de grammaticalisation, influencée par le fonctionnement de daoust standard, la particule hag ou hag-eñ aurait pu être ajoutée après c'hwistim.

répartition dialectale

Le Clerc (1986:205) et Koadig (2010:91) s'accordent sur le fait que c'hwistim est une spécificité dialectale du Petit-Tréguier et du Goëlo. En corpus, on en trouve des occurrences chez les écrivains trégorrois comme Jules Gros, Jarl Priel ou Erwan ar Moal.

Il existe une concurrence dialectale avec mendare.


Syntaxe

Selon Le Clerc (1986:205) et Koadig (2010:91), c'hwistim, comme la particule daoust, peut être suivie de hag comme de hag-eñ. C'hwistim peut cependant aussi ne pas être suivi de hag (C'hwistim ec'h i da Bariz?).


(3) Daoust hag(-eñ) ec'h i da Bariz ?
C'hwistim (hag(-eñ)) ec'h i da Bariz ?
interrogatif est-ce-que R+C iras à1 Paris
'Est-ce que tu iras à Paris ?'
Trégorrois (Tréguier), Le Clerc (1986:205)


Bibliographie