Différences entre les versions de « Bezañ, bea, bi, bout »

De Arbres
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==== ''bout'', ''but'' ====
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La forme ''bout'', actuellement représentée en cornouaillais et en vannetais, est celle qui correspond aux formes du gallois et du cornique ([[Le Roux (1957)|Le Roux (1957]]:179).
La forme ''bout'', actuellement représentée en cornouaillais et en vannetais, est celle qui correspond aux formes du gallois et du cornique ([[Le Roux (1957)|Le Roux 1957]]:179).


[[Martin (1929)|Martin (1929]]:175) donne la forme cornouaillaise (Scaër, Guiscriff, Gourin) ''but'', et la forme vannetaise ''bout''.
[[Martin (1929)|Martin (1929]]:175) donne la forme cornouaillaise (Scaër, Guiscriff, Gourin) ''but'', et la forme vannetaise ''bout''.
==== ''bézout, bet'' ====
En vannetais, on trouve aussi
:- la forme ''bezout'' (Loth 1886, 'Le mystère des trois rois', [[Revue Celtique, Table des matières |''Revue Celtique VII'']]:319). Cette forme remonte au [[moyen breton]], et semble due à une fusion entre ''bezaff'' et ''bout'' ([[Le Roux (1957)|Le Roux 1957]]:179).
:- la forme ''bet'' ([[Le Roux (1957)|Le Roux 1957]]:179).




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| || colspan="4" | '(Quand sonne) l’angélus, il ne faut pas être paresseux.' |||| || ''Plozévet'', [[Goyat (2012)|Goyat (2012]]:275)
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En Léon, [[Kerrien (2000)]] et [[Le Roux (1957)|Le Roux (1957]]:179) donnent ''beza''. [[Martin (1929)|Martin (1929]]:175) donne aussi ''beza'' comme forme associée au Léon.
En Léon, [[Kerrien (2000)]] et [[Le Roux (1957)|Le Roux (1957]]:179) donnent ''beza''. [[Martin (1929)|Martin (1929]]:175) donne aussi ''beza'' comme forme associée au Léon.


==== ''béañ'' ====
==== ''béañ'' ====


En Tréguier, [[Le Roux (1957)|Le Roux (1957]]:179) donne une forme en finale nasale ''béañ''.
En Tréguier, [[Le Roux (1957)|Le Roux (1957]]:179) donne une forme en finale nasale ''béañ''.
==== ''bézout, bet'' ====
En vannetais, on trouve aussi
:- la forme ''bezout'' (Loth 1886, 'Le mystère des trois rois', [[Revue Celtique, Table des matières |''Revue Celtique VII'']]:319). Cette forme remonte au [[moyen breton]], et semble due à une fusion entre ''bezaff'' et ''bout'' ([[Le Roux (1957)|Le Roux 1957]]:179).
:- la forme ''bet'' ([[Le Roux (1957)|Le Roux 1957]]:179).


=== Diachronie et horizons comparatifs ===
=== Diachronie et horizons comparatifs ===

Version du 20 février 2017 à 17:02

Le verbe bezañ, 'être' a un infinitif qui est sujet en breton à de multiples variations dialectales.

Il existe cinq paradigmes différents de formes fléchies. Ces formes sont, à la 3SG du présent: zo, eo, ez eus, emañ et vez.


Morphologie

variations dialectale

Les formes morphologiques de l'infinitif du verbe 'être' varient de dialecte en dialecte. Divers auteurs notent des divergences dialectales marquées (Le Gonidec 1838:86, Favereau 1997:§408...).


bout, but

La forme bout, actuellement représentée en cornouaillais et en vannetais, est celle qui correspond aux formes du gallois et du cornique (Le Roux 1957:179).

Martin (1929:175) donne la forme cornouaillaise (Scaër, Guiscriff, Gourin) but, et la forme vannetaise bout.


bézout, bet

En vannetais, on trouve aussi

- la forme bezout (Loth 1886, 'Le mystère des trois rois', Revue Celtique VII:319). Cette forme remonte au moyen breton, et semble due à une fusion entre bezaff et bout (Le Roux 1957:179).
- la forme bet (Le Roux 1957:179).


be

On trouve la forme be en Cornouaillais bigouden.


(3) /dãn ã'ʒi:lyz ˌnõmpaz be di'ɡi:vyz/
D’an añjeluz, nompaz be digivuz.
à'le angelus ne.pas être paress.eux
'(Quand sonne) l’angélus, il ne faut pas être paresseux.' Plozévet, Goyat (2012:275)


bi

En breton central, la forme de l'infinitif est bi Wmffre (1998:46).


beza

En Léon, Kerrien (2000) et Le Roux (1957:179) donnent beza. Martin (1929:175) donne aussi beza comme forme associée au Léon.


béañ

En Tréguier, Le Roux (1957:179) donne une forme en finale nasale béañ.

Diachronie et horizons comparatifs

En cornique, la forme de ce verbe est bos. En gallois, on trouve bod.

Les formes de l'infinitif du verbe 'être' se sont différenciées très tôt dans la langue.

 Hemon (2000:198)
 
 "Ce qui semble être la forme la plus vieille de l'infinitif est 
 
 bout Nl.n.2, BD.:4524, NG. 230, MG. :363, EST. :26,
 but MKRN.:107, NG.:878. 
 
 En vieux breton on trouve bot (et but dans gudbut > gouzout), voir DGVB.:88, 184.
 D'autre formes sont apparues sans doute plus tard: 
 
 (a) bezaff Nl. n.4; beza Nl. n.13, IN.:30, EMG.:20; bea GJ.12; besan BD.:729; pean BD.:1099
 (b) bezout J.:8; 
 (c) bezouet NG.586.
 
 Aujourd'hui, on trouve les formes en bout en Vannetais et Cornouaille, et les formes en bezañ en Léon et Trégor.


en composition

Le verbe bezañ est, de façon transparente, un des composés du verbe kaout/endevout, 'avoir'. C'est aussi un composé (moins transparent) du verbe gouzout, 'savoir'.


Syntaxe

sélection de l'auxiliaire

En tant qu'auxiliaire, le verbe bezañ est sélectionné de façon beaucoup plus régulière que son équivalent français être. Le verbe bezañ s'auxilie avec lui-même (en contraste avec le français il a été, il doit avoir été...)


(1) Eul leh kreñv e tle beza bet _ evito sur a-walh.
un place fort R4 doit être été pour.eux sur assez
'Ça a surement été pour eux une place forte.' Léonard (Cléder), Seite (1998:49)


On le trouve régulièrement dans des environnements où l'équivalent français ou anglais place l'auxiliaire 'avoir' (voir la fiche sur la sélection de l'auxiliaire).


site d'apparition dans la structure

Le verbe 'être' pourrait être plus haut dans la structure syntaxique que les autres verbes.

Kennard (2013:96) relève chez un locuteur traditionnel, des jeunes adultes et des jeunes scolarisés dans un système immersif autour de Quimper un fort pourcentage de phrases négatives avec un sujet non-focalisé à l'initiale. Or, cet effet exclut nettement le verbe bezañ 'être', qui montre toujours des sujets postverbaux chez tous les locuteurs. Si le verbe bezañ 'être' est situé plus haut dans la structure que les autres verbes, il aura effectivement plus facilement un sujet postverbal.


Expressions

(3) /be'vah/

Beza a-walh !
'Qu’importe !' (interjection), Plozévet, Goyat (2012:123)


Diachronie

Les mots apparentés sont l'anglais (to) be 'être', le tchèque byt 'être', budu 'je serai', ainsi que le français (il) fut.

Bibliographie

  • Fave, V. 1988. 'Ar verb beza', Brud Nevez 111 : 18-31. (& 166 :63-69).
  • Hemon, R. 1952-54. 'On some forms of the verb “to be” in Breton', Celtica, 2:217-228.
  • Jouitteau, M. et M. Rezac. 2008. ‘From mihi est to have across Breton dialects’, Paola Benincà, Federico Damonte and Nicoletta Penello (éds.), Proceedings of the 34th Incontro di Grammatica Generativa, Unipress, Padova, special issue of the Rivista di Grammatica Generativa, vol. 32., 161 - 178. texte en ligne.
  • Kersulec, P-Y. 2016. 'Un evezhiadenn bennak diwar-benn ar stumm-lec'hiañ ha stummoù all ar verb bezañ e brezhoneg an Enez-Sun [Quelques remarques relatives aux formes situatives et aux autres formes du verbe être dans le breton de l'île de Sein]', Hor Yezh 285, 5-65.
  • Plourin, Jean-Yves. 1998. 'La phrase bretonne comprenant le verbe ETRE au présent de l’indicatif. Conflits de topicalisation', La Bretagne Linguistique 11, CRBC.
  • Schapansky, N. 1994b. 'Shift in the auxiliary selection in Breton', The Lacus Forum 21, Hornbeam Press, Columbia, SC, ETATS-UNIS, 224-233.


horizons comparatifs

  • Bronwyn M. Bjorkman. 2011. BE-ing default: The morphosyntax of auxiliaries, MIT dissertations in Linguistics.
  • Rouveret, Alain. 1996. 'Bod in the present tense and in other tenses', Robert Borsley & Ian Roberts (éds), The Syntax of the Celtic Languages, Cambridge: Cambridge University Press, 126-171.
  • Smith, A. S. D. ("Caradar"). 1953-8. 'An Examination of the Functions and Forms of the Cornish Verb bos', Journal of Celtic Studies 2:156-72.