Bed

De Arbres

Le nom masculin bed dénote le 'monde'. On retrouve ce nom dans Penn-ar-Bed 'Finistère', littéralement 'le bout du monde'.


(1) Penaos emañ ar bed ganit ?
comment est le monde avec.toi
'Comment ça va, toi ?'


Morphologie

dérivation

Le suffixe -el obtient la forme adjectivale bedel 'du monde, mondain, séculier'. On trouve aussi bed en usage adjectival sans morphème additionnel dans les structures d'état construit comme dans brezel-bed 'guerre mondiale'.


(2) Roll ar c'helaouennoù brezhonek adalek dibenn an eil brezel-bed
liste le 5journal.x breton depuis fin le second guerre-monde
'liste des journaux bretons depuis la fin de la seconde guerre mondiale'
'Raoul, titre d'article', Hor Yezh (1996)


La préfixation de rann- 'partie' donne le nom rann-ved 'partie du monde'.

Le quantifieur holl 'tout, entier' donne ar bed holl 'le monde entier', et le nom an hollved 'l'univers'.

Syntaxe

de l'intensifieur er bed 'au monde' à ebet 'aucun'

Dans les contextes négatifs et interrogatifs, l'expression er bed, littéralement 'au monde', est un intensifieur (Piv er bed? 'Qui au monde ?', Den er bed 'Personne au monde'). Cette propriété d'intensification dans les contextes négatifs a permis à l'expression er bed de grammaticaliser en un quantifieur ebet 'aucun', qui est lui aussi restreint aux contextes négatifs.


(3) A yae da Bariz hag a teue d'ar gêr he unan ha ouie tamm galleg ebet anezhi.
R allait à1 Paris et R4 venait à le 1foyer son2 un et savait morceau français aucun P.elle
'Elle allait à Paris et revenait toute seule et elle ne savait pas du tout le français.'
Cornouaillais (Le Juch), Hor Yezh (1983:21)

Diachronie

Matasović (2009) propose que la racine proto-indo-européenne *gwiH-tu- 'vie', qui a donné uīta 'vie' en latin, et žiti 'vie' en vieux slave aurait donné en proto-celtique la racine nominale * bitu- 'monde'. La voyelle /i/ en aurait été écourtée par analogie avec la racine adjectivale proto-celtique * biwo- 'en vie'. La racine nominale proto-celtique * bitu- 'monde' se retrouve dans les langues celtiques comme dans le vieil irlandais bith [m], le vieux gallois bid [m], le moyen gallois byd [m], le vieux breton bit, bet, le vieux cornique bit, et l'ethnonyme gaulois Bitu-riges.

Une telle étymologie rapproche donc en breton bed, ar bed 'le monde' de l'adjectif bev 'en vie', sur la racine proto-celtique * biwo- 'en vie'.


Expressions

ar bed-mañ, ar bed all

Dans un sens religieux mais aussi laïque, ar-bed-mañ 'ce monde-ci' dénote le monde social des vivants, et ar bed all, ar bed-hont 'l'autre monde'.


(1) Evit ar re-mañ a rankomp da gas d'ar bed all.
pour le ceux.ci R devons de1 envoyer à le monde autre
'Puisque nous devons envoyer ceux-ci dans l'autre monde.'
Léonard, Inizan (1977:205) EMG.
cité dans Urien (1989:211)


gouriz ar bed

L'expression gouriz ar bed, littéralement 'la ceinture du monde', réfère à l'équateur.


bezañ mat ar bed gant u.b., 'être aisé, être à son aise'

Pour exprimer l'aisance de quelqu'un, qu'elle soit pécunière, morale ou physique, on utilise une périphrase passive exprimant littéralement que le monde est bon avec cette personne (Mat eo ar bed gantañ /bon est le monde avec.lui/).


klask bedoù gant u.b.

(2) Dont ' ra espec'h da glask bedoù ganin.
vient R fait exprès pour1 chercher monde.s avec.moi
'Il vient me chercher des crosses exprès.'
Cornouaillais (Scaër/Bannalec), H. Gaudart (04/2016b)


(3) An daou lampon neus klasket bedoù dirak ar c'hameraioù !
le deux vaurien a cherch.é monde.s devant le 5caméra.s
'Les deux vauriens se sont battus devant les caméras.'
Cornouaillais (Scaër/Bannalec), H. Gaudart (09/2022b)

'mettre au monde', 'venir au monde'

L'expression française mettre au monde n'est pas traduisible littéralement en breton, qui utilise une forme transitive de 'naître', genel.

L'expression dont er bed est littéralement 'venir au monde', mais Menard & Bihan (2016-) signale aussi un sens de dont er bed qui signifie atteindre la puberté pour une femme.