Différences entre les versions de « Ankou »

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== Diachronie ==
== Diachronie et horizons comparatifs ==


[[Deshayes (2003)]] propose une racine celtique ''[[*]] ankowes'' obtenant le vieil irlandais ''éc''. [[Matasović (2009)]] propose, lui, une racine proto-celtique en ''[[*]] anku-'' 'mort' comme source pour le vieil irlandais ''ec'' [u m].
[[Loth (1884)]] donne le [[vieux breton]] ''Ancou'' 'la  mort' en lien avec l'irlandais ''éc''. Dans la branche brittonique, on trouve le moyen gallois ''angheu'', le gallois ''angau'' ([[GPC]]), le cornique ''ankow''. Cette racine est répandue dans les langues indo-européennes. [[Loth (1884)]] citant Curtius rapprochait déjà le [[vieux breton]] ''Ancou'' du grec ''νέκ-u-ç'' 'cadavre', du latin ''nex, nec-o'', du gothique ''naus'' 'mort' et du slave ''navĭ''.  
Dans la branche brittonique, on trouve le moyen gallois ''angheu'', le gallois ''angau'' ([[GPC]]), le cornique ''ankow'' et le [[vieux breton]] ''ancou''.  


[[Matasović (2009)]] donne la racine proto-indo-européenne ''[[*]] neḱu-'' 'mort' ([[IEW]]:762), source du grec ''nékys'' 'cadavre', de l'avestique (zend) ''nasu-'' 'cadavre', du tocharien A ''oṅk'' 'personne'.
 
Dans le domaine celtique, [[Matasović (2009)]] propose que le dérivé proto-indo-européen ''[[*]] nḱ-tu-'' a donné le proto-celtique ''[[*]] anxtu-'', qui obtiendra le vieil irlandais ''écht'' [u n] 'massacre'.  
Au niveau celtique commun, [[Deshayes (2003)]] propose une racine ''[[*]] ankowes'' obtenant le vieil irlandais ''éc''. [[Matasović (2009)]] propose, lui, une racine proto-celtique en ''[[*]] anku-'' 'mort' comme source pour ce vieil irlandais ''éc'' [u m].
 
[[Matasović (2009)]] donne la racine proto-indo-européenne ''[[*]] neḱu-'' 'mort' ([[IEW]]:762), source du grec ''nékys'' 'cadavre', de l'avestique (zend) ''nasu-'' 'cadavre', du tocharien A ''oṅk'' 'personne'. Dans le domaine celtique, [[Matasović (2009)]] propose que le dérivé proto-indo-européen ''[[*]] nḱ-tu-'' a aussi donné le proto-celtique ''[[*]] anxtu-'', qui obtiendra le vieil irlandais ''écht'' [u n] 'massacre'.
 
 
[[Matasović (2009)]] attribue à-priori à une autre racine comprenant un /g/, ''[[*]] angino/ā'', le vieil irlandais ''écen'' [ā f], le gallois ''angen'', le cornique 'nécessité' et le moyen breton ''[[anken]]'' 'souci, douleur, angoisse'.




== A ne pas confondre ==
== A ne pas confondre ==


[[Ofis (2003)]] analyse la forme [[toponymique]] ''Le Nankou'' à Douarnenez, rétablie en ''An Ankoù'', comme le pluriel d'une nominalisation de l'adjectif ''ank'' 'étroit, exigu' "qui, en toponymie, a souvent le sens de 'val étroit'". C'est la même racine que l'on retrouve dans ''[[anken]]'' 'angoisse, rétrécissement de la gorge'.
[[Ofis (2003)]] analyse la forme [[toponymique]] ''Le Nankou'' à Douarnenez, rétablie en ''An Ankoù'', comme le pluriel d'une nominalisation de l'adjectif ''ank'' 'étroit, exigu' "qui, en toponymie, a souvent le sens de 'val étroit'". La racine proto-indo-européenne est ''[[*]] h<sub>2</sub>enġ<sup>h</sup>u-'' 'serré, étroit, contraint' ([[IEW]]:42f.), donnant le proto-celtique ''[[*]] angu-'' 'étroit' aboutissant au vieil irlandais ''cumung'', au moyen gallois ''ing'', au vieux breton ''enc'', moyen breton ''encq'', et finalement ''[[enk]]'' 'exigu, étroit' ([[Matasović (2009)|Matasović 2009]]). C'est la même racine que l'on retrouve dans ''[[anken]]'' 'angoisse, rétrécissement de la gorge'.  





Version du 15 mai 2022 à 15:35

L' Ankou est un nom propre qui dénote la 'personnification de la mort'.


(1) Daoust hag-en e vefe o vont gant an ankou ?
est.ce.que R4 serait à4 aller avec le Ankou
'Est-ce qu'il perdrait la boule ?'
Cornouaillais / Léon, Croq (1908:11)


Diachronie et horizons comparatifs

Loth (1884) donne le vieux breton Ancou 'la mort' en lien avec l'irlandais éc. Dans la branche brittonique, on trouve le moyen gallois angheu, le gallois angau (GPC), le cornique ankow. Cette racine est répandue dans les langues indo-européennes. Loth (1884) citant Curtius rapprochait déjà le vieux breton Ancou du grec νέκ-u-ç 'cadavre', du latin nex, nec-o, du gothique naus 'mort' et du slave navĭ.


Au niveau celtique commun, Deshayes (2003) propose une racine * ankowes obtenant le vieil irlandais éc. Matasović (2009) propose, lui, une racine proto-celtique en * anku- 'mort' comme source pour ce vieil irlandais éc [u m].

Matasović (2009) donne la racine proto-indo-européenne * neḱu- 'mort' (IEW:762), source du grec nékys 'cadavre', de l'avestique (zend) nasu- 'cadavre', du tocharien A oṅk 'personne'. Dans le domaine celtique, Matasović (2009) propose que le dérivé proto-indo-européen * nḱ-tu- a aussi donné le proto-celtique * anxtu-, qui obtiendra le vieil irlandais écht [u n] 'massacre'.


Matasović (2009) attribue à-priori à une autre racine comprenant un /g/, * angino/ā, le vieil irlandais écen [ā f], le gallois angen, le cornique 'nécessité' et le moyen breton anken 'souci, douleur, angoisse'.


A ne pas confondre

Ofis (2003) analyse la forme toponymique Le Nankou à Douarnenez, rétablie en An Ankoù, comme le pluriel d'une nominalisation de l'adjectif ank 'étroit, exigu' "qui, en toponymie, a souvent le sens de 'val étroit'". La racine proto-indo-européenne est * h2enġhu- 'serré, étroit, contraint' (IEW:42f.), donnant le proto-celtique * angu- 'étroit' aboutissant au vieil irlandais cumung, au moyen gallois ing, au vieux breton enc, moyen breton encq, et finalement enk 'exigu, étroit' (Matasović 2009). C'est la même racine que l'on retrouve dans anken 'angoisse, rétrécissement de la gorge'.