Différences entre les versions de « An diaoul ! »

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''An diaoul'' est une [[grammaticalisation]] du groupe nominal /le diable/.  
''An diaoul'' est une [[grammaticalisation]] du groupe nominal ''an [[diaoul]]'' 'le diable'. Il correspond au français 'diable' dans ''qui diable''?
   
   


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| (1)||Piou '''an diaoul''' || ||al lakepod-man?
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| ||  [[wh|qui]] [[art|le]] diable || [[COP|est]] || [[art|le]] énergumène-[[DEM|ci]]  
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| || colspan="4" | 'Qui diable est cet énergumène?' || || ''Léon'',|| [[Kerrien (2000)|Kerrien (2000]]:12)
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L'élément ''an diaoul'' est manifestement invisible pour le [[critère thématique]]. Il relève du discours.
L'élément ''an diaoul'' est manifestement invisible pour le [[critère thématique]]. Il relève du discours.


== Sémantique ==
 
=== grammaticalisation d'une interjection ===
 
En (2), ''an diaoul'' est grammaticalement un possesseur ('voleur du diable'). Cet usage est probablement à l'origine de l'élément de discours ''an diaoul''.
 
 
{| class="prettytable"
|(2)|| Kemener ar foeltr!|| Laer '''an diaoul'''! || Boued ar groug!   
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| || tailleur [[art|le]] [[foeltr|foudre]] || voleur [[art|le]]  [[diaoul|diable]] || [[boued|nourriture]] [[art|le]] <sup>[[1]]</sup>potence
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|||colspan="4" | 'Tailleur du diable! Damné voleur! gibier de potence!'
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|||||||||| ||colspan="4" | ''Cornouaillais'' (Rostrenen), [[Koulmig Arvor (1934)]]
|}
 
 
== Discours ==


   [[Gros (1989)|Gros (1989]]:'diaoul'):
   [[Gros (1989)|Gros (1989]]:'diaoul'):
   "Comme le français ''diable'', ''diaoul'' s'emploie pour renforcer l'expression, surtout dans les questions. [...] Il marque une plus grande impatience, une plus grande colère."
   "Comme le français ''diable'', ''[[diaoul]]'' s'emploie pour renforcer l'expression, surtout dans les questions. [...] Il marque une plus grande impatience, une plus grande colère."




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[[Le Brigant (1779)|Le Brigant (1779]]:A4) signale l'usage de ''an diaoul'' (''<font color=green>ayoul ne vifés</font color=green>'', ''an diaoul ne vefes'', 'diable que tu fusses').
[[Le Brigant (1779)|Le Brigant (1779]]:A4) signale l'usage de ''an diaoul'' (''<font color=green>ayoul ne vifés</font color=green>'', ''an diaoul ne vefes'', 'diable que tu fusses').
== Horizons comparatifs ==
Baunaz (2014:fn6) analyse le français ''qui diable'' et l'anglais ''who the hell'', comme "une projection ''-wh'' agressivement non-liée par le discours". En français, les mots interrogatifs peuvent parfois rester ''in-situ'', mais les structures en ''qui diable'' ne le peuvent pas (Obenauer 1994, ''Tu as vu qui ([[*]] diable) au marché?'').
== Bibliographie ==
'''horizons comparatifs'''
* Baunaz, Lena. 2014. 'On the various sizes of complementizers', ''Probus'' 27 (2), 193-236. [French 'que']
* Obenauer, Hans-Georg. 1994. ''Aspects de la syntaxe A-barre – Effets d’intervention et mouvements des quantifieurs'', Paris: Université de Paris VIII thèse d’État.




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[[Category:articles|Categories]]
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Version du 27 janvier 2020 à 10:27

An diaoul est une grammaticalisation du groupe nominal an diaoul 'le diable'. Il correspond au français 'diable' dans qui diable?


(1) Piou an diaoul al lakepod-man?
qui le diable (est) le énergumène-ci
'Qui diable est cet énergumène?' Léon, Kerrien (2000:12)


Syntaxe

L'élément an diaoul est manifestement invisible pour le critère thématique. Il relève du discours.


grammaticalisation d'une interjection

En (2), an diaoul est grammaticalement un possesseur ('voleur du diable'). Cet usage est probablement à l'origine de l'élément de discours an diaoul.


(2) Kemener ar foeltr! Laer an diaoul! Boued ar groug!
tailleur le foudre voleur le diable nourriture le 1potence
'Tailleur du diable! Damné voleur! gibier de potence!'
Cornouaillais (Rostrenen), Koulmig Arvor (1934)


Discours

 Gros (1989:'diaoul'):
 "Comme le français diable, diaoul s'emploie pour renforcer l'expression, surtout dans les questions. [...] Il marque une plus grande impatience, une plus grande colère."


Diachronie

Le Brigant (1779:A4) signale l'usage de an diaoul (ayoul ne vifés, an diaoul ne vefes, 'diable que tu fusses').


Horizons comparatifs

Baunaz (2014:fn6) analyse le français qui diable et l'anglais who the hell, comme "une projection -wh agressivement non-liée par le discours". En français, les mots interrogatifs peuvent parfois rester in-situ, mais les structures en qui diable ne le peuvent pas (Obenauer 1994, Tu as vu qui (* diable) au marché?).


Bibliographie

horizons comparatifs

  • Baunaz, Lena. 2014. 'On the various sizes of complementizers', Probus 27 (2), 193-236. [French 'que']
  • Obenauer, Hans-Georg. 1994. Aspects de la syntaxe A-barre – Effets d’intervention et mouvements des quantifieurs, Paris: Université de Paris VIII thèse d’État.