Différences entre les versions de « An diaoul ! »

De Arbres
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==== ''diam'' ====
==== ''diam, diamig'' ====


* Penaos an '''diam''' ?
* Penaos an '''diam''' ?

Version du 19 janvier 2022 à 21:01

An diaoul est une grammaticalisation du groupe nominal an diaoul 'le diable'. Il correspond au français 'Diable !' dans Qui diable ?


(1) Piou an diaoul al lakepod-man?
qui le diable (est) le énergumène-ci
'Qui diable est cet énergumène ?'
Léon, Kerrien (2000:12)


Morphologie

variation

petiaoul, pitiaoul

La forme Petiaoul ou Pitiaoul 'que diable' rapportée dans Cornillet (2020) montre l'absence d'article, soit que l'ensemble soit décomposable en peseurt Diaoul, pezh Diaoul avec un sandhi, soit que la morphologie de ce mot tabou aie recouru à la morphologie expressive. L'équivalent standard est petra an diaoul.


(2) N’ouzon ket petiaoul e ra.
ne1 sais pas quel.diable R fait
'Je ne sais pas diable ce qu'il fait !'
Cornillet (2020)


(3) Pitiaoul ! Dizamant eo aet ganti, ar vaouez vat !
Que Diable ! impitoyablement est allé avec].elle le 1femme 1bon
'Diable ! Elle n'y est pas allée de main morte, la bonne dame !'
Standard, Biguet (2017:46)


diam, diamig

  • Penaos an diam ?
'Comment diable ?'
Menard & Cornillet (2020)

grammaticalisation d'un intensifieur

Les noms tabous grammaticalisent facilement en interjections ou en intensifieurs. Ci-dessous, le groupe an diaoul est grammaticalement un possesseur ('voleur du diable', 'évènement du diable'). Cet usage est probablement à l'origine de l'usage syntaxique de an diaoul comme intensifieur en fin de syntagme.


(3) Kemener ar foeltr! Laer an diaoul! Boued ar groug!
tailleur le foudre voleur le diable nourriture le 1potence
'Tailleur du diable ! Damné voleur ! Gibier de potence !'
Cornouaillais (Rostrenen), Koulmig Arvor (1934)


(4) Peseurt darvoud an diaoul a zo degouezet hizio er vro?
quel évènement le diable R1 est arrivé aujourd'hui en.le 1pays
'Que diable se passe-t-il dans le pays aujourd'hui ?'
Standard, Riou (1941:51)

Syntaxe

L'élément an diaoul est manifestement invisible pour le critère thématique, il n'entre dans la structure argumentale d'aucun autre élément de la phrase. Il relève du discours, dans un niveau de langue qui facilite d'autres interjections et noms tabous.


(3) Fidamdoustik ! Pelec'h an diaoul eo aet da guzh ?
Nom.de.D... ! le diable est allé pour1 cacher
'Bon sang de bon sang ! Où a-t-il bien pu se cacher ?'
Standard, Biguet (2017:7)

Discours

L'expression an Diaoul a une dimension exclamative.


 Gros (1989:'diaoul') :
 "Comme le français diable, diaoul s'emploie pour renforcer l'expression, surtout dans les questions. [...] Il marque une plus grande impatience, une plus grande colère."


Diachronie

Le Brigant (1779:A4) signale l'usage de an diaoul (ayoul ne vifés, an diaoul ne vefes, 'diable que tu fusses').


Horizons comparatifs

Baunaz (2014:fn6) analyse le français qui diable et l'anglais who the hell, comme "une projection -wh agressivement non-liée par le discours". En français, les mots interrogatifs peuvent parfois rester in-situ, mais les structures en qui diable ne le peuvent pas (Obenauer 1994, Tu as vu qui (* diable) au marché ?).


Bibliographie

horizons comparatifs

  • Baunaz, Lena. 2014. 'On the various sizes of complementizers', Probus 27:2, 193-236. [French 'que']
  • Obenauer, Hans-Georg. 1994. Aspects de la syntaxe A-barre – Effets d’intervention et mouvements des quantifieurs, Paris: Université de Paris VIII thèse d’État.