Différences entre les versions de « Accusatif »

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En français, les groupes nominaux ne portent pas de marquage casuel, qui n'apparaît donc que sur les [[pronoms]]. Au masculin, le nominatif est ''il'' et l'accusatif est ''le'', au féminin le nominatif est ''elle'' et l'accusatif est ''la''.  
Un courant de recherche considère que le breton est une langue accusative ([[Costaouec (1998a)|Costaouec 1998]]:299, [[Solliec (2015)|Solliec 2015]]:73). Un autre considère que le cas accusatif n'existe pas en breton standard ([[Jouitteau (2005/2010)|Jouitteau 2005/2010:chap 4]], [[Jouitteau (2005b)|2005b]], voir sur ce site l'article sur le [[système casuel]]).  


Le débat tient dans l'analyse des pronoms objets car le Cas n'est pas marqué morphologiquement sur les noms en breton. Dans les variétés où les proclitiques objets sont différents des possessifs, il faut distinguer un autre cas que le génitif/oblique. C'est aussi le cas dans les dialectes où l'objet d'un impératif est différent du cas typique du sujet.


(1) ''Il va le laver.'' (Jean, le bateau)
: ''Elle va la laver.'' (Jeanne, la barque)


== Morphologie ==


== Absence de l'accusatif en breton ==
Les groupes nominaux en breton et les pronoms [[les demonstratifs|démonstratifs]] ne portent pas de marquage casuel.


[[Jouitteau (2005)|Jouitteau (2005]]:chap.4) remarque qu'il n'y a pas en breton de marquage casuel propre à l'[[objet]].  
En français, les groupes nominaux ne portent pas non plus de marquage casuel, mais ce marquage apparaît sur les [[pronoms]]. Au masculin, le nominatif est ''il'' et l'accusatif est ''le'', au féminin le nominatif est ''elle'' et l'accusatif est ''la''.  


- Les groupes nominaux et les les pronoms [[les demonstratifs|démonstratifs]] n'ont pas de marquage casuel.


- Les pronoms objets qui apparaîssent à l'endroit où un syntagme nominal objet apparaîtrait sont [[incorporés]] dans la préposition ''[[a|a/eus]]'', ('de'), une [[Prépositions assignatrices de cas|préposition assignatrice de cas]].
(1) '''''Il''' va '''le''' laver.'' (Jean, le bateau)
: '''''Elle''' va '''la''' laver.'' (Jeanne, la barque)


- Les pronoms objets [[proclitiques]] (les pronoms au [[cas oblique]] qu'on trouve devant les verbes)
En breton, il existe aussi différents différents paradigmes de pronoms. Cependant, le choix d'un paradigme particulier dépend du site de distribution de ce pronom, et non pas de sa fonction argumentale par rapport au verbe.
apparaissent montrent un paradigme morpologique qui leur fait ressembler énormément aux [[pronoms possessifs]] mais [pas entièrement]].


- Le [[pronom reflexif|pronom réfléchi]] ''en em'', proclitique sur le verbe aussi, est invariable.
== Absence de l'accusatif en breton standard ==


- Les pronoms enclitiques reçoivent un [[cas direct]], comme dans le cas des pronoms [[objet postverbal d'un impératif]] (ceux qu'on trouve juste après un verbe à l'impératif), des pronoms [[objet postverbal avec le verbe ‘avoir’]] et des pronoms [[objet postverbal d'un infinitif]]. Ces derniers ont un paradigme qui ressemble mais diffère parfois des pronoms sujets directs.  
Selon [[Jouitteau (2010)|Jouitteau (2010]]:314), le [[système casuel]] du breton standard n'est pas basé sur une dualité nominatif/accusatif, mais sur une dualité [[cas direct]]/[[cas indirect]].  


[[Jouitteau (2005)|Jouitteau (2005]]:chap.4) remarque qu'il n'y a pas en breton de marquage casuel propre à l'[[objet]]. Les pronoms objets changent de morphologie suivant leur distribution dans la phrase, sans jamais apparaitre à un cas direct différencié du cas reçu par le sujet.


== Analyse ==
- Les groupes nominaux et les pronoms [[les demonstratifs|démonstratifs]] n'ont pas de marquage casuel.


Le [[système casuel]] du breton n'est pas basé sur une dualité nominatif/accusatif, mais sur une dualité [[cas direct]]/[[cas indirect]] ([[Jouitteau (2010)|Jouitteau 2010]]:314).
- Les pronoms sujets comme objets, s'ils apparaissent devant le verbe tensé, ont la morphologie des [[pronoms forts indépendants]].
- Les pronoms objets qui apparaissent à l'endroit où un syntagme nominal objet apparaîtrait sont [[incorporés]] dans la préposition ''[[a|a/eus]]'', ('de'), une [[Prépositions assignatrices de cas|préposition assignatrice de cas]]. Ils ne sont pas licites sans cette préposition ''a/eus''. Leur morphologie est exactement identique aux [[pronoms résomptifs du sujet]].
 
- Les pronoms objets [[proclitiques]] (les pronoms au [[cas oblique]] qu'on trouve devant les verbes), montrent un paradigme morphologique qui leur fait ressembler énormément aux [[pronoms possessifs]] mais [[Contraste entre les déterminants possessifs et les clitiques objets|pas entièrement]].
 
- Le [[pronom réfléchi]] ''[[en em]]'', proclitique sur le verbe aussi, est invariable.
 
- Les pronoms enclitiques reçoivent un [[cas direct]], comme dans le cas d'un pronom [[objet postverbal d'un impératif]] (qu'on trouve juste après un verbe à l'impératif), un  [[pronom objet direct après le verbe 'avoir']] et un pronom [[objet postverbal d'un infinitif]]. Ces derniers ont un paradigme qui ressemble mais diffère parfois des pronoms sujets directs.
 
== Horizons comparatifs ==
 
Pour une comparaison des systèmes casuels de l'objet indéfini en gallois et en arabe, se reporter à Hewitt 2019.
 
== Bibliographie ==
 
* Hewitt, Steve. 2019. 'Welsh syntactic mutation and Arabic indefinite accusative: Case or configuration ?', presentation at ''16th International Congress of Celtic Studies - ICCS-XVI'', Bangor, Wales, 22-26 July 2019.
 
* [[Jouitteau (2005b)|Jouitteau, Mélanie.  2005b]]. 'Nominal Properties of ''v''Ps in Breton, A hypothesis for the typology of VSO languages', ''Verb First: On the Syntax of Verb Initial Languages'', Carnie, Andrew, Heidi Harley et Sheila Ann Dooley (éds.), xiv, 434 pp. (pp. 265–280) Amsterdam/Philadelphia: John Benjamins Publishing Company. [http://books.google.fr/books ?id=StIEpRsmDbIC&pg=PA265&dq=breton+syntax&lr=&hl=en&sig=ACfU3U1IggsGlr6bNwrH14JgJwTlxjj7QQ#PPP1,M1 Preview], [http://dingo.sbs.arizona.edu/~carnie/publications/VerbFirst.html Description et reviews]
 
* [[Jouitteau (2005)|Jouitteau, Mélanie. 2005]]a. ''La syntaxe comparée du Breton'', PhD ms. [http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00010270/en/ pdf] ou [http://ldh.livingsources.org/2010/06/07/escidoc401993/ pdf].




[[Category:fiches|Categories]]
[[Category:fiches|Categories]]

Version actuelle datée du 30 août 2022 à 17:20

Le cas accusatif, dans les langues basées sur une opposition casuelle nominatif/accusatif, est le cas assigné prototypiquement à l'objet d'un verbe transitif.


Un courant de recherche considère que le breton est une langue accusative (Costaouec 1998:299, Solliec 2015:73). Un autre considère que le cas accusatif n'existe pas en breton standard (Jouitteau 2005/2010:chap 4, 2005b, voir sur ce site l'article sur le système casuel).

Le débat tient dans l'analyse des pronoms objets car le Cas n'est pas marqué morphologiquement sur les noms en breton. Dans les variétés où les proclitiques objets sont différents des possessifs, il faut distinguer un autre cas que le génitif/oblique. C'est aussi le cas dans les dialectes où l'objet d'un impératif est différent du cas typique du sujet.


Morphologie

Les groupes nominaux en breton et les pronoms démonstratifs ne portent pas de marquage casuel.

En français, les groupes nominaux ne portent pas non plus de marquage casuel, mais ce marquage apparaît sur les pronoms. Au masculin, le nominatif est il et l'accusatif est le, au féminin le nominatif est elle et l'accusatif est la.


(1) Il va le laver. (Jean, le bateau)

Elle va la laver. (Jeanne, la barque)

En breton, il existe aussi différents différents paradigmes de pronoms. Cependant, le choix d'un paradigme particulier dépend du site de distribution de ce pronom, et non pas de sa fonction argumentale par rapport au verbe.


Absence de l'accusatif en breton standard

Selon Jouitteau (2010:314), le système casuel du breton standard n'est pas basé sur une dualité nominatif/accusatif, mais sur une dualité cas direct/cas indirect.

Jouitteau (2005:chap.4) remarque qu'il n'y a pas en breton de marquage casuel propre à l'objet. Les pronoms objets changent de morphologie suivant leur distribution dans la phrase, sans jamais apparaitre à un cas direct différencié du cas reçu par le sujet.

- Les groupes nominaux et les pronoms démonstratifs n'ont pas de marquage casuel.

- Les pronoms sujets comme objets, s'ils apparaissent devant le verbe tensé, ont la morphologie des pronoms forts indépendants.

- Les pronoms objets qui apparaissent à l'endroit où un syntagme nominal objet apparaîtrait sont incorporés dans la préposition a/eus, ('de'), une préposition assignatrice de cas. Ils ne sont pas licites sans cette préposition a/eus. Leur morphologie est exactement identique aux pronoms résomptifs du sujet.

- Les pronoms objets proclitiques (les pronoms au cas oblique qu'on trouve devant les verbes), montrent un paradigme morphologique qui leur fait ressembler énormément aux pronoms possessifs mais pas entièrement.

- Le pronom réfléchi en em, proclitique sur le verbe aussi, est invariable.

- Les pronoms enclitiques reçoivent un cas direct, comme dans le cas d'un pronom objet postverbal d'un impératif (qu'on trouve juste après un verbe à l'impératif), un pronom objet direct après le verbe 'avoir' et un pronom objet postverbal d'un infinitif. Ces derniers ont un paradigme qui ressemble mais diffère parfois des pronoms sujets directs.

Horizons comparatifs

Pour une comparaison des systèmes casuels de l'objet indéfini en gallois et en arabe, se reporter à Hewitt 2019.


Bibliographie

  • Hewitt, Steve. 2019. 'Welsh syntactic mutation and Arabic indefinite accusative: Case or configuration ?', presentation at 16th International Congress of Celtic Studies - ICCS-XVI, Bangor, Wales, 22-26 July 2019.