Accord sémantique

De Arbres

Dans la phrase en (1), le sujet est devant la négation. Normalement, en breton, avec un sujet prénégation, on trouve les traits de ce sujet réalisés sur l'accord verbal.

Or, en (1), ce sujet est syntaxiquement singulier, alors que le verbe, lui, s'accorde au pluriel.

L'accord verbal est donc réalisé, non avec une entité syntaxique, qui est au singulier, mais avec une entité sémantique, qui elle, est plurielle. L'accord verbal est alors un accord "sémantique". La traduction de (1) en français montre que c'est aussi le cas en français.


(1) [DP Al lodenn vrasañ deus an dud ] ne gomprenont ket ken ar pezh a ganit
DET partie plus.grande P DET gens NEG comprennt.3PL NEG plus DET morceau R chantez.2PL
'La plupart des gens ne comprennent plus ce que vous chantez.'
Interview Annie Ebrel 04/2009, Le Poher Hebdo


On trouve le même phénomène en (2), où un sujet syntaxiquement singulier mais sémantiquement pluriel est repris anaphoriquement par un résomptif 3PL.


(2) [DP Eur houblad euz an oll loened] a zo anezo.
DET couple P DET tous animaux R est P.3PL
'Ils sont un couple de tous les animaux (chaque animal).' Léon, Fave (1998:136)


En (3), deux DPs singulier juxtaposés déclenchent un accord pluriel alors qu'aucun trait syntaxico-morphologique pluriel ni structure de coordination n'est présent.


(3) Ar c'horn-bro, ar barrez n'o deus nag ur gwir nag ur frankiz
DET région DET paroisse NEG ont ni DET droit ni DET liberté
'La région, la paroisse n'(en) ont ni droit ni liberté.'
standard, Kervella (1993:65)