Différences entre les versions de « -us, -ius, -uz »

De Arbres
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=== base verbale ===
=== base verbale ===


Sur une base verbale, le suffixe ''-us'' dénote la possibilité forte d'une action associée à la présence d'un [[agent]] (''dén kar'''us''', degemer'''us''''', 'homme porté à aimer, à (bien) recevoir', [[Vallée (1931)|Vallée 1931]]:XXII).
Sur une base verbale, le suffixe ''-us'' dénote la possibilité forte d'une action associée à la présence d'un [[agent]] (''dén kar'''us''', degemer'''us''''', 'homme porté à aimer, à (bien) recevoir', [[Vallée (1980)|Vallée 1980]]:XXII).




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[[Vallée (1931)|Vallée (1931]]:XXII) note la présence d'un [[agent]] sémantique dans ''dazgwel touell'''us''''', 'mirage trompeur' et ''danvez entan'''us''''', 'matière incendiaire'. [[Le Roux (1915)|Le Roux (1915]]:69), [[Gros (1984)|Gros (1984]]:365) considèrent que ces composés ont un sens "actif".
[[Vallée (1980)|Vallée (1980]]:XXII) note la présence d'un [[agent]] sémantique dans ''dazgwel touell'''us''''', 'mirage trompeur' et ''danvez entan'''us''''', 'matière incendiaire'. [[Le Roux (1915)|Le Roux (1915]]:69), [[Gros (1984)|Gros (1984]]:365) considèrent que ces composés ont un sens "actif".
   
   
   [[Le Roux (1915)|Le Roux (1915]]:69):
   [[Le Roux (1915)|Le Roux (1915]]:69):

Version du 31 mars 2017 à 20:27

Le suffixe -us ou -uz forme des adjectifs. Il dénote un état ou la possibilité d'un état.


(1) ar blenier, lorc'hus ha reut a-walc'h an tamm anezhañ.
le conduct.eur orgueilleux et raide assez le morceau P.lui
'le conducteur, fier et raide'. Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, ar Barzhig (1976:57)


(2) Bréma pa oud pinvidik, té a zo gwall c'hloriuz.
maintenant que es riche toi R est bien1 fier
'Maintenant que tu es riche, tu es bien fier.' Trégorrois, Hingant (1868:§117)


Helias (1986:14) donne skuizuz, 'fatigant' sur skuizh, 'fatigué', et spontuz, 'épouvantable' sur spont, 'épouvante'.


Morphologie

exocentricité

Le suffixe -us est exocentrique. Quelle que soit la catégorie sur laquelle -us apparaît, il obtient un adjectif.


(1) An dra-ze a zo despetuz.
le1 chose- R est dépit.Adj.
'Cela est regrettable.' Trégorrois, Gros (1984:366)


Comme beaucoup d'adjectifs bretons, les adjectifs en -us peuvent former, sans dérivation morphologique visible, des adverbes .


(2) Euzuz eo c'hwero.
terrible est amer
'C'est terriblement amer.' Trégorrois, Gros (1974:141)


base nominale

La base peut être nominale. Vallée (1980:XXII) donne trouzus, 'bruyant'.


(3) Jɑ̃ Mai amɑ̃ zó fêntuz.
Jean-Marie ici est drôle
'Ce Jean-marie est amusant.' Trégorrois (Plougrescant), Le Dû (2012:46)

base verbale

La base peut être verbale. Gros (1984:365) note que le français traduit ces composés par -ant, -able ou -ible.


Vallée (1980:XXII) donne souezus, 'étonnant'.

dérivation

On trouve des adjectifs formés en -uz dans des composés plus larges, obtenant un verbe ou un nom.


(1) Me am-oa kerhet eur bern deliou euz ar hoad da fonnusaad ar vann-drêzenn.
moi R.1SG-avait cherché un tas feuilles de le bois pour abondant.rendre le compost
'J'avais rapporté un tas de feuilles du bois pour rendre plus abondant (accroître) le tas de compost.'
Trégorrois, Gros (1984:343)


(2) N'am-eus ket bet anavezet morse gwasoh c'hoantuzenn. L'Hôpital-Camfrout, Le Gall (1957:'c'hoantuzenn')
ne1'R.1SG a pas eu connu jamais pire envieuse
'Je n'ai jamais connu de pire envieuse.'

Syntaxe

Trépos (2001:78) signale des usages nominaux. Il donne relijuz pour '(un) relijieux'.


Sémantique

base adjectivale

Le suffixe -us n'est pas un suffixe générique applicable à tous les adjectifs. Vallée (1980:XXIII) pointe par exemple la différence entre -ek et -us, entre poblek, 'populeux' et poblus, 'qui amène du peuple'.


(1) Ar brezel a zo bet poblus d'ar c'hêrioù, diboblus d'ar maezioù.
le guerre R est été peuple.sfx à'le villes .peuple.sfx à'le campagnes
'La guerre a augmenté la population des villes et diminué celle des campagnes.' Vallée (1980:XXIII)


-ek vs. -us

Le Bayon (1878:19) oppose méhek, 'qui éprouve de la honte', et méhus, 'qui fait honte'.

Vallée (1980:XXIII) contraste eveziek, 'habituellement attentif' et evezius, 'disposé à l'attention'.

Favereau (1997:§229) considère comme synonymes talvoudus et talvoudek, 'utile'.


base nominale

Sur une base nominale, le suffixe obtient un adjectif qui dénote la possibilité forte de l'abondance de l'élément que le nom racine dénote (dén c'hoantus, 'homme porté à désirer', Vallée 1980:XXII).


(1) lec'h edus , frouezus, gwinus
lieu blé.sfx fruit.sfx vin.sfx
'lieu fertile en blé, en fruits, qui produit du vin.' Vallée (1980:XXII)


(2) amzer avelus , dourus, rewus luc'hedus kleñvedus
temps vent.sfx eau.sfx gelée.sfx éclairs.sfx maladie.sfx
'temps qui amène du vent, de l'eau, de la gelée, des éclairs, des maladies.' Vallée (1980:XXII)


C'est le sens mentionné par Le Bayon (1878:19), qui traduit ces adjectifs par une paraphrase 'qui produit...', suivie du nom de la base (koedus, 'qui produit du bois', leahus, 'qui produit du lait', mogedus, 'qui produit de la fumée').


base verbale

Sur une base verbale, le suffixe -us dénote la possibilité forte d'une action associée à la présence d'un agent (dén karus, degemerus, 'homme porté à aimer, à (bien) recevoir', Vallée 1980:XXII).


(1) …hogen abalamour muioc’h c’hoaz marteze d’an istoriou burzudus, skrijus pe fentus a veze warno da lenn !
mais à.cause plus encore peut-être de le histoires merveilleux terrifiant ou drôle R est sur.eux à lire
'… Mais peut-être plus encore à cause des histoires merveilleuses, terrifiantes ou drôles qu’on y trouvait à lire.'
Cornouaille (Pleyben), Ar Go (1950:5)


Vallée (1980:XXII) note la présence d'un agent sémantique dans dazgwel touellus, 'mirage trompeur' et danvez entanus, 'matière incendiaire'. Le Roux (1915:69), Gros (1984:365) considèrent que ces composés ont un sens "actif".

 Le Roux (1915:69):
 "Le suffixe -us, surtout après un radical verbal, a le sens actif: mezus 'honteux (qui fait honte)', kalonus 'cordial (qui fortifie le coeur)', spontus 'effrayant', mezvus 'enivrant', yac'hus 'salubre (qui rend sain, yac'h)', klanvus, klenvedus 'insalubre (qui rend malade, klanv, qui donne la maladie, klenved)'."

C'est le sens mentionné par Le Bayon (1878:19), qui traduit ces adjectifs par une paraphrase 'sujet à...', suivie du nom de la base (klemmus, 'sujet à se plaindre', an̄koéhus, 'sujet à oublier', spon̄tus, 'sujet à s'effrayer'), ou la paraphrase 'qui cause...' (kouskus, 'qui cause le sommeil', ligernus, 'qui cause la lumière', strakus, 'qui cause des éclaboussures').