Différences entre les versions de « -us, -ius, -uz »
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| (2) || N'am-eus ||ket bet anavezet|| morse|| gwasoh ||c'hoant'''uz'''enn. || ''L'Hôpital-Camfrout'', [[Le Gall (1957)|Le Gall (1957]]:'c'hoantuzenn') | |||
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Version du 1 octobre 2016 à 17:44
Le suffixe -us ou -uz forme des adjectifs. Il dénote un état ou la possibilité d'un état.
(1) | ar blenier, | lorc'hus ha reut a-walc'h | an tamm anezhañ. | ||
le conduct.eur | orgueilleux et raide assez | le morceau P.lui | |||
'le conducteur, fier et raide'. | Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, ar Barzhig (1976:57) |
(2) | Bréma | pa oud | pinvidik, | té a zo | gwall c'hloriuz. | |||||
maintenant | que es | riche | toi R est | bien1 fier | ||||||
'Maintenant que tu es riche, tu es bien fier.' | Trégorrois, Hingant (1868:§117) |
Helias (1986:14) donne skuizuz, 'fatigant' sur skuizh, 'fatigué', et spontuz, 'épouvantable' sur spont, 'épouvante'.
Morphologie
exocentricité
Le suffixe -us est exocentrique. Quelle que soit la catégorie sur laquelle -us apparaît, il obtient un adjectif.
(1) | An dra-ze | a zo despetuz. | |||||||
le1 chose-là | R est dépit.Adj. | ||||||||
'Cela est regrettable.' | Trégorrois, Gros (1984:366) |
Comme beaucoup d'adjectifs bretons, les adjectifs en -us peuvent former, sans dérivation morphologique visible, des adverbes .
(2) | Euzuz eo c'hwero. | ||||
terrible est amer | |||||
'C'est terriblement amer.' | Trégorrois, Gros (1974:141) |
base nominale
La base peut être nominale. Vallée (1980:XXII) donne trouzus, 'bruyant'.
(3) | Jɑ̃ Mai amɑ̃ | zó fêntuz. | ||||
Jean-Marie ici | est drôle | |||||
'Ce Jean-marie est amusant.' | Trégorrois (Plougrescant), Le Dû (2012:46) |
base verbale
La base peut être verbale. Gros (1984:365) note que le français traduit ces composés par -ant, -able ou -ible.
Vallée (1980:XXII) donne souezus, 'étonnant'.
dérivation
On trouve des adjectifs formés en -uz dans des composés plus larges, obtenant un verbe ou un nom.
(1) | Me am-oa | kerhet eur bern deliou euz ar hoad | da fonnusaad | ar vann-drêzenn. | ||
moi R.1SG-avait | cherché un tas feuilles de le bois | pour abondant.rendre | le compost | |||
'J'avais rapporté un tas de feuilles du bois pour rendre plus abondant (accroître) le tas de compost.' | ||||||
Trégorrois, Gros (1984:343) |
(2) | N'am-eus | ket bet anavezet | morse | gwasoh | c'hoantuzenn. | L'Hôpital-Camfrout, Le Gall (1957:'c'hoantuzenn') |
ne1'R.1SG a | pas eu connu | jamais | pire | envieuse | ||
'Je n'ai jamais connu de pire envieuse.' |
Syntaxe
Trépos (2001:78) signale des usages nominaux. Il donne relijuz pour '(un) relijieux'.
Sémantique
Le suffixe -us n'est pas un suffixe générique applicable à tous les adjectifs. Vallée (1980:XXIII) pointe par exemple la différence entre -ek et -us, entre poblek, 'populeux' et poblus, 'qui amène du peuple'.
(1) | Ar brezel | a zo bet poblus | d'ar c'hêrioù, | diboblus d'ar maezioù. | |
le guerre | R est été peuple.sfx | à'le villes | dé.peuple.sfx à'le campagnes | ||
'La guerre a augmenté la population des villes et diminué celle des campagnes.' | Vallée (1980:XXIII) |
base nominale
Sur une base nominale, le suffixe obtient un adjectif qui dénote la possibilité forte de l'abondance de l'élément que le nom racine dénote (dén c'hoantus, 'homme porté à désirer', Vallée 1980:XXII).
(1) | lec'h edus , | frouezus, | gwinus | ||
lieu blé.sfx | fruit.sfx | vin.sfx | |||
'lieu fertile en blé, en fruits, qui produit du vin.' | Vallée (1980:XXII) |
(2) | amzer avelus , | dourus, | rewus | luc'hedus | kleñvedus | |
temps vent.sfx | eau.sfx | gelée.sfx | éclairs.sfx | maladie.sfx | ||
'temps qui amène du vent, de l'eau, de la gelée, des éclairs, des maladies.' | Vallée (1980:XXII) |
C'est le sens mentionné par Le Bayon (1878:19), qui traduit ces adjectifs par une paraphrase 'qui produit...', suivie du nom de la base (koedus, 'qui produit du bois', leahus, 'qui produit du lait', mogedus, 'qui produit de la fumée').
base verbale
Sur une base verbale, le suffixe -us dénote la possibilité forte d'une action associée à la présence d'un agent (dén karus, degemerus, 'homme porté à aimer, à (bien) recevoir', Vallée 1980:XXII).
Gros (1984:365) remarque que ces composés ont un sens "actif". Vallée (1980:XXII) note la présence d'un agent sémantique dans dazgwel touellus, 'mirage trompeur' et danvez entanus, 'matière incendiaire'.
(1) | …hogen abalamour | muioc’h c’hoaz marteze | d’an istoriou | burzudus, skrijus pe fentus | a veze warno da lenn ! | ||
mais à.cause | plus encore peut-être | de le histoires | merveilleux terrifiant ou drôle | R est sur.eux à lire | |||
'… Mais peut-être plus encore à cause des histoires merveilleuses, terrifiantes ou drôles qu’on y trouvait à lire.' | |||||||
Cornouaille (Pleyben), Ar Go (1950:5) |
C'est le sens mentionné par Le Bayon (1878:19), qui traduit ces adjectifs par une paraphrase 'sujet à...', suivie du nom de la base (klemmus, 'sujet à se plaindre', an̄koéhus, 'sujet à oublier', spon̄tus, 'sujet à s'effrayer'), ou la paraphrase 'qui cause...' (kouskus, 'qui cause le sommeil', ligernus, 'qui cause la lumière', strakus, 'qui cause des éclaboussures').
-ek vs. -us
Vallée (1980:XXIII) contraste le suffixe -us avec le suffixe -ek. Il oppose eveziek, 'habituellement attentif' et evezius, 'disposé à l'attention'.
Le Bayon (1878:19) oppose méhek, 'qui éprouve de la honte', et méhus, 'qui fait honte'.