-ni, -oni

De Arbres

Le suffixe -ni, ou -oni, sert à former des noms abstraits.


(1) druz, 'gras, abondant, dru, humide, généreux, fertile'

=> druzoni, 'graisse, fertilité', Merser (2009)


Trépos (2001:78) donne kozni, 'vieillesse', c'hwervoni, 'sentiment d'amertume'.


Morphologie

genre

Les noms dérivés en -ni comme kozhni et krezni sont féminins (Kervella 1947:§839).

composition

C'est ce suffixe -oni qu'on retrouve dans la finale en -oniezh.

Sémantique

Le Roux, cité par Vallée (1980:XVIII), pointe la dimension morale dans les composés en -oni, qu'il contraste avec le suffixe formateur de noms abstraits -der, -ter.


(1) kemerout c'houervoni ouz c'houevderiou ar vuhez
prend.re amer.sfx contre amer.sfx.s le vie
'contracter de l'amertume (dans l'âme) contre les amertumes (des choses) de la vie.'
Le Roux, cité dans Vallée (1980:XVIII)


Diachronie et horizons comparatifs

Les suffixes brittoniques *‑ni et *‑oni, distincts, sont tous deux passés du masculin au féminin (Irslinger 2014:95).

En cornique et en breton, le suffixe -ni a depuis longtemps perdu sa productivité, contrairement au gallois où le suffixe -ni est toujours vivant. Des noms abstraits gallois en -ni correspondent à des formations bretonnes en ‑oni (gallois noethni ~ breton noazhoni, 'nudité', Irslinger 2014:86).


Irslinger (2014:87) donne pour le breton :

vieux breton glethni < gl. gastrimargia, uentries ingluues, IX°.
moyen breton kozhni, kozhoni ‘vieillesse’ (XV°) < kozh ‘vieux’
breton poazhni, 'brûlure, cuisson' (XVIII°) < poazh, 'cuit'


deux hypothèses de dérivation

Morris Jones (1913:232), Fleuriot (1964:355) et Zimmer (2000:408ff) ont proposé une grammaticalisation à partir de la seconde partie d’un composé avec le nom reconstruit pour 'action' *gnīmu, m. (apparenté au vieil irlandais gnim, irlandais moderne gniomh, m.). Irslinger (2014:87) pointe que cette hypothèse de grammaticalisation du nom signifiant 'action' ne dérive pas correctement la sémantique de kozhni, ‘vieillesse’ ou glazni. Elle ajoute qu’en vieux breton, le suffixe est toujours réalisé en -ni, alors que le nom pour 'action' y est attesté pour la forme -gnim (im-guo-gnim, 'entreprise, construction'). On trouve aussi le vieux gallois guor-gnim, 'dur labeur' et le moyen gallois gnif, 'travail, douleur'.

Pedersen (1909–1913, II:18) et Irslinger (2014:87) proposent que les finales en ‑ni et ‑oni résultent d’extensions de ‑n‑ ou ‑on‑ par le suffixe de nom abstrait masculin ‑i. Selon Zimmer (2000:444), ‑oni est un conglomérat du suffixe pluriel ‑(i)on avec le suffixe de nom abstrait masculin ‑i. Ces hypothèses impliquent un changement dans le genre du suffixe.