Différences entre les versions de « -ni, -oni »
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Les noms dérivés en ''-ni'' comme ''kozhni'' et ''krezni'' sont féminins ([[Kervella (1947)|Kervella 1947]]:§839). | Les noms dérivés en ''-ni'' comme ''kozhni'' et ''krezni'' sont féminins ([[Kervella (1947)|Kervella 1947]]:§839). | ||
* ''ar '''g'''ozni'', 'la vieillesse', [[Merser (2011)|Merser (2011]]:14) | |||
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Version du 28 mars 2014 à 09:13
Le suffixe -ni, ou -oni, sert à former des noms abstraits.
(1) druz, 'gras, abondant, dru, humide, généreux, fertile'
- => druzoni, 'graisse, fertilité', Merser (2009)
Trépos (2001:78) donne kozni, 'vieillesse', c'hwervoni, 'sentiment d'amertume'.
Morphologie
genre
Les noms dérivés en -ni comme kozhni et krezni sont féminins (Kervella 1947:§839).
- ar gozni, 'la vieillesse', Merser (2011:14)
composition
C'est ce suffixe -oni qu'on retrouve dans la finale en -oniezh.
Sémantique
Le Roux, cité par Vallée (1980:XVIII), pointe la dimension morale dans les composés en -oni, qu'il contraste avec le suffixe formateur de noms abstraits -der, -ter.
(1) | kemerout c'houervoni | ouz c'houevderiou | ar vuhez | |||
prend.re amer.sfx | contre amer.sfx.s | le vie | ||||
'contracter de l'amertume (dans l'âme) contre les amertumes (des choses) de la vie.' | ||||||
Le Roux, cité dans Vallée (1980:XVIII) |
Diachronie et horizons comparatifs
Irslinger (2014:86) distingue les suffixes -ni et -oni. En cornique et en breton, le suffixe -ni a depuis longtemps perdu sa productivité, contrairement au gallois où le suffixe -ni est toujours vivant. Des noms abstraits gallois en -ni correspondent à des formations bretonnes en ‑oni (gallois noethni ~ breton noazhoni, 'nudité', Irslinger 2014:86).
Irslinger (2014:87) donne pour le breton :
- vieux breton glethni < gl. gastrimargia, uentries ingluues, IX°.
- moyen breton kozhni, kozhoni ‘vieillesse’ (XV°) < kozh ‘vieux’
- breton poazhni, 'brûlure, cuisson' (XVIII°) < poazh, 'cuit'
deux hypothèses de dérivation
Morris Jones (1913:232), Fleuriot (1964:355) et Zimmer (2000:408ff) ont proposé une grammaticalisation à partir de la seconde partie d’un composé avec le nom reconstruit pour 'action' *gnīmu, m. (apparenté au vieil irlandais gnim, irlandais moderne gniomh, m.). Irslinger (2014:87) pointe qu'une hypothèse du grammaticalisation du nom signifiant 'action' ne dérive pas correctement la sémantique de kozhni, ‘vieillesse’ ou glazni. Elle ajoute qu’en vieux breton, le suffixe est toujours -ni, alors que le nom pour 'action' y est attesté pour la forme -gnim (im-guo-gnim, 'entreprise, construction'). On trouve aussi le vieux gallois guor-gnim, 'dur labeur' et le moyen gallois gnif, 'travail, douleur'.
Pedersen (1909–1913, II:18) et Irslinger 2014:87) proposent que les finales en ‑ni et ‑oni résultent d’extensions de ‑n‑ ou ‑on‑ par le suffixe de nom abstrait masculin -i. Selon Zimmer (2000:444), ‑oni est un conglomérat du suffixe pluriel ‑(i)on avec le suffixe de nom abstrait masculin ‑i.