-ienn, -ijenn, -ïon

De Arbres
(Redirigé depuis -ijenn)

Le suffixe -ienn ou -ijenn forme des noms abstraits sur une base adjectivale ou nominale.


Trépos (2001:78) donne yenienn/yenijenn 'froid', sklerijenn 'clarté'.

Favereau (1997:174) donne leizhïen 'humidité', sklaerïen 'clarté', soublïen 'souplesse'.

Goyat (2012:322) ajoute /star'ti:ʒɛn/, startijenn 'alacrité' et /tẽva'li:ʒɛn/, teñvalijenn 'obscurité'.


Morphologie

allomorphes et variation dialectale

Le vannetais Le Bayon (1878:14) ne donne que des suffixes en -ion.

Favereau (1997:174) donne aussi yenïon 'froidure'.


composition

Sur base nominale, on trouve ce suffixe dans la finale -ijennad: glaouijennad 'flambée (de glaou)', Gros (1989:178).


genre

Le Gonidec (1850:20,21:n°7) donne iénien 'froidure' comme masculin. Selon le vannetais Le Bayon (1878:14), le genre de ce suffixe est incertain. Il donne le masculin iennion 'froid, froideur' et les féminins térizion̄ 'fureur' et kloarizion̄ 'fraîcheur'.

Le cornouaillais Trépos (1968:§129) considère lui que -ien, -ijenn est féminin. Il donne yenien, yenijenn 'froid'. Le cornouaillais Riou (1923:5) écrit an denvalijenn, au féminin donc.

Le vannetais Cheveau (2017:§37) considère que -ion de yeinion 'froid' est toujours masculin.

répartition dialectale

-ijenn vs. -ni, vs. -oni

Selon Martin (1929:175), à la forme léonarde kozni correspond la forme vannetaise kouhoni, et la forme cornouaillaise (Scaër, Guiscriff, Gourin) kosijen.


-ijenn vs. -der

En cornouaillais de l'est maritime, le suffixe -ijenn "remplace les suffixes -der/-ded en fin des suffixes exprimant une grandeur, mesure" (Bouzec & al. 2017:17). Ils donnent:

brassijenn 'grandeur', chirijenn 'longueur', donijenn 'profondeur', huelijenn 'hauteur', ledanijenn 'largeur'.


(4) Yoñ zo daou vet' chirijenn.
lui est deux1 mètre long.eur
'Il fait deux mètres de long.'
Cornouaillais de l'Est, Bouzec & al. (2017:85)


Diachronie

Irslinger (2014:98) dérive le suffixe ‑ijenn d'un emprunt au latin ‑ītiōnem, f.


À ne pas confondre

Avezard-Roger (2004a:134) glose ijɛn en (1) par 'petite'. La non-voisée en fin du nom merc'h semble écarter l'hypothèse d'une forme de l'adjectif bihan 'petit'. Il semble s'agir d'une forme diminutive en -ig merc'hig à laquelle a été rajoutée un singulatif en -enn (merc'h-ig-enn prononcé meXijɛn).


(1) 'pau um be va meXijɛn
pauvre suis été mon2 fille.petite
'J'ai été pauvre ma petite fille.'
Léonard (Saint-Pol-de-Léon), Avezard-Roger (2004a:134)